Depuis une dizaine d'années, malgré un important degré de connaissances en matière politique et un niveau d'information élevé, on assiste à une perplexité devant les choix à faire et une incrédulité vis-à-vis du monde politique. Effectivement, grâce aux contenus des programmes scolaires (éducation Civique, Sciences Economiques et Sociales, Sciences politiques, Histoire contemporaine, etc.), aux médias, les jeunes se voient bien plus informés sur les mécanismes de la politique, que ne l'étaient leurs prédécesseurs. Néanmoins, les jeunes constituent une des couches de la population les plus enclines à s'abstenir lors d'élections nationales essentiellement. Ainsi, ils étaient les plus nombreux à s'abstenir aux premiers tours des élections présidentielles et législatives (respectivement 34% et 51%). Leur attachement au vote est sacré, mais ils sont loin d'en faire un usage fréquent
[...] Quelle est leur réelle connaissance du monde politique ? Lorsque nous avons demandé aux sujets de donner les noms des ministres de l'intérieur ou de la défense ou de la justice en connaissaient au moins deux, notamment M. Sarkozy et M. Raffarin. En revanche, ceux auxquels qui nous avons demandé le nom du maire de leur ville pouvaient répondre. De la même façon, ceux qui ont une assez bonne connaissance des personnages politiques nationaux ou locaux sont dans la catégorie des déterminés, sont étudiants Bac + 1 à Bac + 2 et originaires des milieux assez populaires. [...]
[...] Le «rendez-vous manqué L'abstentionnisme électoral s'est particulièrement accru parmi l'électorat jeune. C'est d'ailleurs la première fois qu'il apparaît si marqué lors d'un scrutin présidentiel habituellement plus mobilisateur en raison de l'importance de l'élection selon la plupart des électeurs. Ainsi, ils sont 2 sur 5 personnes interrogées à s'être abstenus au premier tour des présidentielles. Leur abstention s'explique de manière assez consensuelle par un rejet de la classe politique, celle se mettant volontairement à part, et un désintérêt de la politique. [...]
[...] UN GLISSEMENT DE L'ENGAGEMENT CLASSIQUE VERS DE NOUVEAUX MOYENS D'EXPRESSION POLITIQUE Une perte des codes et des repères électoraux L'inscription sur les listes électorales 18 ans constitue l'âge frontière qui marque l'accès à l'expression légitime des responsabilités du citoyen. Les jeunes se montrent très attachés à son principe. Grâce à lui, ils sont en droit d'agir sur la vie sociale, d'influencer les décisions politiques au même titre que les adultes. L'élection présidentielle est en général la plus motivante pour s'inscrire que toute autre élection. [...]
[...] La perplexité devant les choix à faire est croissante et le vote des jeunes porte la marque des effets de l'alternance politique, suit les changements de camp politique qui sont intervenus lors de presque toutes les grandes élections nationales. Ainsi, dans les années 80 les jeunes s'affirment nettement plus à gauche que leurs aînés, ils sont la génération Mitterrand et contribuent fortement à son élection. Donc, dans un contexte politique d'alternance relativement flou et brouillé, les marqueurs et les enjeux du débat politique ne sont pas faciles à identifier. La gauche et la droite sont souvent renvoyées dos à dos dans le discours des jeunes . [...]
[...] L'évocation du mot politique suscite chez les sujets interrogés des images négatives. Le rejet de la politique est vivement exprimé et l'homogénéité des propos est impressionnante. Le constat est unanime et argumenté autour de trois types de dénonciation. En premier lieu, une perte de confiance. Les promesses faites pour être élu, non tenues par la suite et le désenchantement qui s'en suit. Est donc ici reproché ce côté menteur des politiques qui dans le fond ne cherche que leur intérêt personnel ( l'élection) et en oublier totalement les aspirations des électeurs. [...]
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