« Un parti ne se réduit pas à une superposition en forme de pyramide, ni à une juxtaposition de cercles concentriques ». Cette réflexion de Pierre Avril nous amène à nous intéresser aux relations établies entre les différentes composantes du parti : quels liens peuvent exister entre la base électorale ou militante et la direction du parti. Tous les partis, ou presque, s'organisent sur la base du schéma pyramidal (instances centrales, niveau intermédiaire, et niveau de base) mais les relations nouées entre ces diverses composantes diffèrent. Dès lors, la gestion des accords entre les éléments du parti soulève le problème fondamental de la place accordée à la démocratie au sein de la structure partisane.
Le parti politique est en effet censé incarner la démocratie représentative, mais dans sa gestion interne, le parti se trouve confronté à l'exercice pratique des principes qu'il défend dans le champ politique. Roberto Michels établissait ainsi avec sa loi d'airain, que toute organisation évolue forcément vers l'oligarchie. La démocratie partisane est-elle dès lors possible ? Plus précisément nous pouvons nous demander à quelles conceptions de la démocratie peuvent donner naissance les interactions entre les différentes composantes de la structure partisane.
Nous répondrons à cette question en développant deux lectures de l'organisation interne du parti : une lecture « verticale » : à savoir la place de la démocratie dans les relations entre base et élite, et une lecture « horizontale », c'est-à-dire la représentation et l'expression des différents courants au sein du parti.
[...] L'élite partisane : une évolution inhérente à l'organisation du parti Qui accède vraiment à la direction du parti ? En fait la composition sociale du cercle intérieur qui régit chaque parti diffère fréquemment de celle de l'ensemble des partisans. En effet, certaines catégories, socioprofessionnelles, géographiques, ethniques peuvent être sur ou sous représentés. Les ressources politiques sont inégalement réparties : le temps, l'argent, les formations intellectuelles, les relations, le prestige, la notoriété, etc. constituent des ressources naturelles qui permettent à un certain type de personnalité d'accéder à l'élite partisane. [...]
[...] A cela, s'ajoutent également des causes psychologiques. Dans Les partis politiques, Roberto Michels explique que le besoin d'être dirigées et guidées est très fort chez les masses [ Et ce besoin s'accompagne d'un véritable culte pour les chefs Dans certains cas, l'identification à une personnalité devient si forte (notamment les partis à leadership charismatique) que l'on utilise des expressions comme : le parti de Jean-Marie Le Pen B. Un décalage inévitable entre la base et l'élite du parti Les électeurs élisent des leaders de partis politiques porteurs d'engagements, les adhérents adhèrent à une idéologie, à un programme : tous, ils délèguent leur voix, leur confiance, leur capacité d'action à une personne, une organisation. [...]
[...] Les adhérents peuvent ainsi se retrouver dans le discours qui leur correspond le mieux en fonction du courant. C'est lors de grands Congres que les différentes parties s'expriment, s'opposent, délibèrent. C. Opposition entre deux conceptions de la démocratie En fait la question de l'expression des divergences de position au sein du parti traduit une opposition entre une conception représentative et une conception délibérative de la démocratie au sein des partis. Ainsi, en en appelant au respect de la démocratie délégatrice, représentative, les partisans de l'unité partisane réfutent une vision plus délibérative de la démocratie qui fait du parti un lieu de débat libre et ouvert. [...]
[...] La recherche de légitimité des partis les conduit ainsi à mettre de plus en plus en œuvre cette conception de la démocratie, à l'image des partis verts européens. Une question néanmoins subsiste : cette logique de ré légitimation des partis politiques par la mise en œuvre de la démocratie délibérative ne constitue-t-elle pas un projet de démocratisation de surface ? La pratique du recours interne au référendum par exemple, n'est-ce par quelque part une manière d'écarter les opposants, de les délégitime ? On est en droit de le penser. [...]
[...] Et les dissidents comme Emmanuelli sont montrés du doigt pour leur non respect du principe démocratique. Au- delà d'une guerre interne des chefs, nous pouvons voir dans ces incidents la marque d'un changement d'optique, d'un changement de conception de la démocratie : non plus pensée comme représentative mais comme délibérative. Deuxième partie : L'expression des divers courants au sein du parti B. Aspiration unitaire : une conception légitime de la démocratie Les partis politiques sont engagés dans une concurrence électorale. [...]
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