L'histoire de la représentation politique des ouvriers en France depuis le XIXe siècle est, comparativement aux pays voisins, marquée par un manque de structures véritablement représentatives de l'ensemble de revendications ouvrières pourtant bien réelles. Cependant, un parti réussira à se faire le porte-voix des ouvriers et créera de vraies structures sociales ouvrières : le parti communiste français (PCF). L'enjeu est ici de comprendre de quelle manière et selon quelles modalités il y est parvenu.
Née de la scission du Congrès de Tours en 1920, la SFIC choisit de suivre la voie du pays où la Révolution a réussi : la Russie adhérant à l'Internationale communiste se dissociant ainsi de l'Internationale socialiste et de la SFIO. Par ce choix, le futur PCF va très vite se singulariser du reste des organisations de gauche. Dans les années 1920, le PCF reste un marginal, mis à part quelques places fortes, il ne réussit pas immédiatement à se faire accepter des ouvriers français. Il va en conséquence, adapter ses choix politiques à la diversité des conditions ouvrières pour s'implanter.
[...] Dans le même temps, les mouvements d'extrême gauche ou anarchiste sont en plein renouveau s'appuyant sur la jeunesse née dans l'après-guerre dépassant le PCF et son modèle ouvrier. En mai 1968, le PCF est ainsi pour la première fois totalement dépassé par les évènements, il s'oppose d'abord au mouvement avant de tenter sans succès de le récupérer. Enfin, la tentative d'abandon du modèle soviétique, redevenir un parti national et internationaliste en abandonnant la référence à la dictature du prolétariat en 1976 est là encore un échec car peu sincère (Marchais soutiendra l'URSS en 1979 en Afghanistan) et surtout intervient trop tard alors que le Parti Communiste est déjà entré dans la spirale du déclin. [...]
[...] En 1971, au Congrès d'Epinay, François Mitterrand est élu Premier Secrétaire du désormais PS sur sa stratégie d' union de la gauche il entend en réalité happer le vote communiste pour permettre aux socialistes d'arriver au pouvoir. En 1972, cette volonté se concrétise avec le Programme Commun réunissant PS, PCF et radicaux de gauche sur un corpus d'idée clairement défini (110 propositions) est nettement marqué à gauche (nationalisations, pacifisme, ) et un candidat unique en 1974. En 1977, le PCF comprend la stratégie de Mitterrand consistant à affaiblir les communistes (pour lesquels il n'a jamais caché son aversion) et décide de sortir du Programme Commun (par un stratagème demandant une radicalisation évidement inacceptable ) sans doute sous pression soviétique Mais il est trop tard, les socialistes ont réussi à capter une partie du vote ouvrier comprenant qu'ils aspirent désormais eux aussi à la consommation et au confort (comme les salariés) plutôt qu'à une union utopique d'une classe ouvrière soudée défendue par le PCF (thème de la paupérisation En 1978, le PS dépasse pour la première fois le PCF en nombre de voix. [...]
[...] L'organisateur d'une contre-société communiste Ce mythe du couple PCF-CGT faisant corps avec la classe ouvrière n'est pas si loin de la réalité du moins pour une génération bien particulière d'ouvriers qui a connu 1947 et dont la période d'activité correspondra aux Trente Glorieuses Cette génération singulière d'ouvriers profite d'une conjonction de facteurs favorables : relative stabilité démographique de la classe, consolidation sociale par le rôle protecteur de l'Etat avec le développement de la Sécurité Sociale, Au-delà du mythe de 1947, le PCF devient celui auquel on doit le peu que l'on a : le couple PCF-CGT non seulement porte les revendications des ouvriers mais organise leur vie au quotidien renforçant au niveau national mais surtout au niveau local l'unité du groupe ouvrier communisme municipal associations rattachées au parti, ) Les communistes développent une véritable mythologie de la classe ouvrière avec son idéal : le paradis soviétique son ennemi : l'impérialisme américain et un ensemble d'images collectives véhiculées par les intellectuels communistes (Le pays des mineurs par Aragon, Sartre : Il ne faut pas désespérer Billancourt Une statistique suffit à démonter cet attachement au parti : dans les années 1950-60 : 60% des ouvriers votent PCF. Durant cette période qui correspond aux «Trente Glorieuses le Parti Communiste est véritablement le parti de la classe ouvrière dont il porte les revendications et comprend les aspirations. Les sorts du parti et de la classe ouvrière sont, dès lors, de fait liés. [...]
[...] Cette alliance contre nature déconcertera les militants communistes eux-mêmes si bien que malgré l'obéissance absolue théoriquement due au Parti, les cas de collaboration active des communistes avec l'occupant allemand sont restés très rares. En revanche les communistes s'engageront en masse dans la Résistance dès juin 1941 (après l'attaque allemande sur l'URSS) et beaucoup d'entre eux y périront (cf "parti des fusillés", Guy Môquet, mouvements FTP, Cette participation à la Résistance suscite même un "vote patriotique" de la part de couches de la population non ouvrière qui n'avaient jamais voté communiste Le PCF est donc un acteur incontournable à la Libération, il participe au GPRF et au "tripartisme", il est même le premier parti de France aux élections législatives de 1946 mais rattrapé par le contexte international il va vite replonger dans l'isolement. [...]
[...] Il jouit en effet d'une crédibilité importante pour les grévistes car il a toujours tenu un discours dur et purement ouvrier. A l'inverse, la SFIO est associée à une République parlementaire instable et qui a du mal à réagir aux poussées fascistes comme le 6 février 1934. Au sein de cette "union sociale", ce sont donc les jeunes cadres communistes dynamiques qui vont réussir à capter le mouvement, les nouveaux leaders syndicaux sont ainsi des "unitaires" qui évincent les "vieux confédérés". [...]
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