Barrès, ma part de vérité, François Mitterrand, France, changement idéologique, socialisme, Léon Blum, France rurale, traditionnelle, épreuves de la guerre, patrie
Ce texte est un extrait du livre "Ma part de vérité", écrit par François Mitterrand. Il sort en 1969, année de la démission de Charles de Gaulle à la présidence et 4 ans après que François Mitterrand a eu été le candidat surprise du second tour de l'élection présidentielle de 1965, élection qu'il perd contre le Général de Gaulle que tout le monde voyait être élu dès le premier tour. Ce livre a pour objectif d'expliquer la vie politique de François Mitterrand et le chemin qui l'a amené à défendre le socialisme.
[...] Les citoyens qui la composent ne sont pas pris en compte dans leur individualité : tout comme Barrès, François Mitterrand oublie l'individu pour parler de la nation, la France, qui est vu comme une sorte d'individu surmultiplié, une entité propre. Il fait également référence à « la puissance du sol », qu'on peut encore une fois rapprocher du nationalisme de Barrès qui se fonde sur le principe de « petite patrie », c'est-à-dire un amour pour la France rurale, la France des villages (il parle au pluriel de « langues soudées » au pluriel, les langues régionales) ou encore sur celui de la « La Terre et les morts », la volonté de restituer à la France une unité morale, une conscience nationale issue de la Révolution. [...]
[...] On va comprendre que c'est en grande partie la guerre et l'éloignement de la France lorsqu'il est en Allemagne qui vont être à la source de ce changement idéologique de ce qui est et de ce que doit être la France. Dans une première partie, je commencerai par expliquer sa première idée de la France, qu'il décrit comme étant celle héritée de sa famille et de son éducation. C'est sa vision conservatrice, « de droite ». Puis dans une deuxième partie, je parlerai de son évolution idéologique qu'il décrit cette fois comme étant héritée de la guerre et de son emprisonnement en Allemagne. [...]
[...] Il revient également sur l'idée d'immortalité française, sauf que là, ce n'est pas la France comme entité propre et en tant que nation qui est éternelle, mais la patrie, les familles qui la composent, qui sont « aujourd'hui dispersées sur la terre, sous la terre ». Il va même plus loin, puisqu'au début du texte, lorsqu'il définissait la première idée de la France que lui avait inculquée sa famille, il citait « la puissance du sol » comme faisant partie de l'identité de la France. [...]
[...] En effet, à ce moment-là, il se trouve dans un camp de prisonniers, la France a déjà perdu contre l'Allemagne hitlérienne : l'idée de la France éternelle, celle qui ne peut pas mourir, est mise à mal, puisque les nazis semblent avoir triomphé des idéaux français (et tout semble contraire dans le nazisme à l'idée de gouvernement par le peuple composé de multitudes de « races », contraire même à Dieu qu'il évoquait précédemment : le nazisme étant une idéologie antichrétienne) Tout ce qui reste à Mitterrand pour se rappeler de cette France qui est « morte » ce sont les Français de son commando, par les gestes, les regards, « la force de la fatigue et de la misère partagées », c'est-à-dire la fraternité. Il tire de ce drame qu'est la défaite de la France et de ses principes une sorte de satisfaction, une forme de bonheur, il « le malheur n'était plus le malheur ». [...]
[...] Il affirme cependant que ce n'est pas le peuple, « les masses » qu'il faut blâmer d'avoir, dans l'Histoire, élu des dirigeants populistes : d'après lui, les fautifs, ce sont ceux qui les oppriment, c'est-à-dire les dirigeants et les politiciens qui ne recherchent pas la justice sociale. Ce sont eux, qui, par leur action ou leur inaction, entraînent les foules dans le populisme et l'extrémisme. Ces gens-là, bien que français, ne sont, selon ses mots, « pas de la même patrie que moi », ce qui confirme l'évolution de l'image qu'il se fait de son pays, d'une France « soudée par les puissances du sol » à une France du pain, de la paix, et de la liberté, « dispersée » partout dans le monde. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture