Le samedi 5 novembre 2005, la BAC est prête à intervenir à quelques rues de la mairie de Neuilly-sur-Seine. Mais cette BAC-là, armée de serpillères, pulvérisateurs et faux karchers est composée d'individus en combinaison blanche avec une perruque sur la tête et surtout des nez rouges, c'est la « brigade activiste des clowns ». Alors que la France est préoccupée par les émeutes dans les cités, les clowns ont décidé de prendre au mot Nicolas Sarkozy et entreprennent de nettoyer au karcher les « voyous et la racaille ».
Mais pour cette BAC-là, la racaille c'est celle qui ne respecte pas la loi censée imposer à certaines communes de bâtir au moins 20% de logements sociaux sur leur territoire, et la mairie de Neuilly-sur-Seine en fait partie. C'est donc une vingtaine de clowns martelant « gauche gauche » que des policiers désabusés voient laver la façade de la mairie de cette ville des Hauts-de-Seine. Une fois la farce accomplie et après s'être assuré de la couverture médiatique de l'événement, tout revient de l'ordre et seulement quelques flocons de mousse sur le parvis de l'Hôtel de Ville restent comme pour témoigner de la scène burlesque qui vient de s'y dérouler.
[...] Le visage de ces nouveaux militants a changé en même temps que les causes pour lesquelles ils se battent. Le néolibéralisme et la montée de l'individualisme a fait apparaitre de nouvelles revendications pour lesquelles les nouveaux militants ont inventé de nouvelles formes d'actions collectives avec, et c'est ce qui fait leur spécificité, un usage répété des médias qui retransmettent le caractère toujours plus spectaculaire, drôle ou innovants de leurs mobilisations. BIbliographie - Isabelle Sommier, Le renouveau des mouvements contestataires à l'heure de la mondialisation, Flammarion, coll. [...]
[...] Le changement de la société a fait apparaitre de nouvelles revendications pour lesquelles de nouveaux militants décident de se mobiliser selon des formes qui répondent à ce changement de la société. Les précaires ont su inventer un nouveau type de contestation en phase avec une société individualiste. Mais quelle est l'originalité de ce réveil contestataire et qu'est-ce qui le distingue des mouvements précédents? Nous verrons que ces nouveaux militants ont un nouveau visage qui correspond à la société dans laquelle ils vivent et qui les différencie des luttes syndicales du passé. Ceux qui militent ne sont plus les mêmes et surtout ne militent plus pour la même chose. [...]
[...] Ces nouveaux militants sont poussés par un besoin d'agir face à l'inefficacité des pouvoirs publics et des syndicats, mais ils n'ont plus cette aspiration au grand soir. Efficacité, lobbying, pragmatisme, et réalisme sont leurs nouveaux mots d'ordre. -De l'idéologie au pragmatisme Ce n'est plus la foi qui déplace les montagnes, ce sont les bras et les jambes Ce primat accordé à l'efficacité a rendu obsolète l'attente du grand soir longtemps définie comme le but ultime. Pour ces militants d'un nouveau genre, aucune idéologie n'est revendiquée, aucun texte ne sert de référent, aucun régime n'apparait comme idéal. [...]
[...] Militer devient ici une activité artistique d'où le nouveau mot artivisme. Les artivistes, de plus en plus nombreux investissent le domaine public se permettant les pires provocations en se protégeant derrière l'excuse de l'art que ni les forces de police ni la justice ne peuvent juger. Cette nouvelle pratique permet de séduire un public en quête constante de nouveauté et d'images fortes et donc encore une fois d'attirer les médias. -les rois de la communication Nombre de nouveaux militants ont été journalistes, ou ont eu une expérience dans ce domaine. [...]
[...] Mais ce qui fait leur force c'est d'inventer le petit plus qui fait le buzz, comme par exemple le collectif la France qui se lève tôt qui manifestait à 6h30 du matin pour alerter les Français contre la politique de Sarkozy. Cet horaire leur a valu une exposition médiatique impressionnante comparée à la faiblesse de certains de leurs arguments. Le collectif vélorution avait même lui décidé de circuler nus en plein Paris au risque de faire passer le message bien près le spectacle. La plupart de ces collectifs ont donc une marque de fabrique avec par exemple les masques blancs pour Génération précaire. [...]
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