Pour la première fois sous la Ve République, la France a répondu "non" à un référendum sur l'Europe, le 29 mai dernier. Le 23 avril 1972, nos concitoyens avaient approuvé à 68% l'élargissement de la Communauté Economique Européenne (CEE) au Royaume-Uni, à l'Irlande et au Danemark ; et le 20 septembre 1992, de justesse puisqu'à 51,05%, la ratification du traité de Maastricht. Mais le rejet du traité établissant une Constitution pour l'Europe est massif. En effet, rappelons-le, 54,67% des électeurs se sont prononcés en faveur du "non".
Cette victoire du "non" ne signifie pourtant pas un refus de la construction européenne. Le sondage Ipsos-Le Figaro du 29 mai révèle du reste que 72% des Français se sont déclarés "favorables à la poursuite de la construction européenne" et qu'il soutient l'appartenance à l'Union. Il appert donc que le "désir d'Europe" soit bien réel dans notre pays.
Mais les scrutins européens sont l'occasion, en France, d'exprimer un mécontentement à l'égard de la politique menée par la majorité en place. L'exercice démocratique du 29 mai 2005 confirme amplement que le référendum demeure un instrument propice au détournement, par temps de morosité économique et d'impopularité gouvernementale. C'est donc dans le cadre d'un scrutin perçu avant tout comme national, que nos concitoyens se sont prononcés sur un enjeu européen.
[...] La victoire du "non" semble donc être l'une des conséquences du basculement d'une fraction majoritaire de l'électorat de gauche. Et sans nul doute, la fracture au sein du parti, et la dissidence de certains responsables socialistes, Laurent Fabius en tête, ont favorisé ce basculement. Quant à l'électorat de droite, il était dans sa grande majorité, rassemblé autour du en particulier à l'UMP et à l'UDF. Soulignons qu'en terme de répartition des voix selon la proximité partisane des répondants, le clivage est net : 63% des proches de la gauche parlementaire (PS - PC - Verts) ont voté alors que 73% des sympathisants de droite (UDF - UMP - MPF) se sont prononcés pour le "oui". [...]
[...] Note à l'attention de Monsieur Nicolas Sarkozy sur l'état de l'opinion au lendemain du vote sur le traité constitutionnel, et ses conséquences prévisibles sur les élections présidentielles de 2007 Introduction Pour la première fois sous la Ve République, la France a répondu "non" à un référendum sur l'Europe, le 29 mai dernier. Le 23 avril 1972, nos concitoyens avaient approuvé à 68% l'élargissement de la Communauté Economique Européenne (CEE) au Royaume-Uni, à l'Irlande et au Danemark ; et le 20 septembre 1992, de justesse puisqu'à 51,05%, la ratification du traité de Maastricht. [...]
[...] Force est de souligner que dans le domaine économique et politique, des réalisations concrètes font consensus. Pour beaucoup d'entre eux, l'Europe est synonyme de paix, de stabilité et d'entente entre les pays. Elle est également perçue comme porteuse d'une prospérité économique. Nos concitoyens ne sont d'ailleurs pas fermés à des évolutions institutionnelles. Néanmoins, elle nourrit des doutes et des déceptions, concernant la puissance des différents pays membres, mais aussi la préservation de leur identité nationale et de leur culture respectives. [...]
[...] Cet échec laisse donc prévoir une fin de mandat difficile au Chef de l'Etat, après dix années de pouvoir, et lui ôte toute chance de briguer un troisième mandat à la présidentielle de 2007. Sa cote de popularité est d'ailleurs en baisse pour ce mois d'octobre, Jacques Chirac perdant tous les points qu'il a acquis pendant l'été. D'après l'enquête Ipsos du 12 octobre, il perd neuf points d'avis favorables, soit 62% d'avis défavorables. Au lendemain du référendum, et du vote sanction à l'égard de la majorité, Dominique de Villepin a été nommé Premier ministre et chargé de la composition d'un autre gouvernement. [...]
[...] Par exemple, lors des grands débats télévisés opposant les partisans du "oui" aux tenants du les différentes chaînes distribuaient le même temps de parole à des partis qui rassemblaient ensemble 24% des suffrages exprimés lors des élections législatives de juin 2002, à des partis qui en réunissaient ensemble 70%. Au regard de la composition électorale du "non" selon la proximité partisane, cette tendance à la montée des partis extrêmes se confirme. En effet, en terme de répartition des voix, le clivage est net : les électeurs ayant voté "non" sont des sympathisants du PC, du FN, du MNR ou encore d'extrême gauche. [...]
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