En 1995, Lionel Jospin déclare « la gauche a été ma langue maternelle, je ne suis pas tombé dedans par hasard », affirmant ainsi sa légitimité et sa filiation socialiste. En effet, dans la famille Jospin, trois générations ont milité dans le mouvement socialiste. Son père adhère d'ailleurs à la SFIO en 1924 et entre dans la résistance pendant la guerre, avec des excès lors de la libération qui lui vaudront d'être exclu du parti en 1945. Lionel Jospin a donc été très tôt sensibilisé à l'engagement militant et aux problèmes sociaux (son père était un éducateur dévoué aux jeunes délinquants). S'ensuit un parcours classique pour un politicien : Sciences-Po, l'ENA : l'engagement au sein du PS en découle comme naturellement et Lionel Jospin se destine à en devenir une figure importante.
[...] Le succès n'est pourtant pas toujours présent et il n'échappe pas aux revirements de carrière. Ainsi au début des années 1990 Lionel Jospin entame sa traversée du désert. Il parviendra à s'imposer en tant que leader incontesté grâce à des manœuvres de couloir de relations et à la gauche plurielle qu'à partir de 1995 et jusqu'à 2002. Date à laquelle prenant acte de son échec il se retire de la scène politique nationale. L'engagement de Lionel Jospin au sein du PS semble donc sincère, profond et s'étale dans la durée. [...]
[...] Certains y ajouteront même Guy Mollet ou encore Michel Rocard, comme si Lionel Jospin représentait la synthèse de ces quatre hommes clefs de la gauche socialiste de l'après-guerre. Ainsi, il mène la troisième gauche : cette expression doit s'entendre chronologiquement d'abord puisque le gouvernement Jospin est le troisième socialiste de la Ve république (de 1981 à 1986, de 1988 à 1993 et enfin de 1997 à 2002) mais plus encore elle concerne les méthodes, Lionel Jospin tentant de faire la synthèse de l'ère Mitterrand comme de l'ère Rocard. [...]
[...] Au lendemain de la défaite il publie un livre (fidèle à son habitude) L'Impasse afin de fustiger la candidate malheureuse et de proposer timidement quelques pistes d'avenir pour le PS notamment en préconisant l'unification de la gauche dans une même formation prolongement de sa propre création plurielle. Ceci nous montre l'influence que celui-ci a su garder sur le PS mais également au sein de l'opinion publique. Son livre déchaîne les passions. De plus il nous montre que l'action de cet homme au sein du PS n'est pas finie et que celui-ci accepte de participer lui aussi à sa reconstruction assumant peut-être ainsi d'une autre manière les responsabilités qui lui incombent. [...]
[...] Comme le rappellent Jacques Cantier dans son livre Chirac, Jospin, deux vies politiques en 2002. Il est en réalité membre de l'OCI, organisation communiste internationale à partir de 1965, chargé de collecter les taxes des militants. Il est le seul énarque de ce groupe et en tire un sentiment de supériorité certain. Après mai 1968, il prend ses distances avec ce mouvement et revient à l'éducation en tant que professeur. Puis, il adhère au PS en 1971 sollicité par Pierre Joxe depuis 1969. [...]
[...] L'équilibre, encore et toujours. Ainsi si Lionel Jospin est un homme qui possède une idée très précise de la politique, il saura faire preuve de pragmatisme et lors de son expérience de Premier ministre, n'hésitera pas à changer de stratégie. Au sein de sa majorité plurielle, il saura utiliser ses ministres communistes pour faire passer les mesures économiques de rigueur sans trop de heurts (routiers en 1997 ou encore hausse du livret plus encore il démontra son talent politique en parvenant toujours au moins en surface à rétablir l'unité de sa majorité autour de sa personne. [...]
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