Jacques Julliard, 81 ans, pas une ride, journaliste français, indépendance, Marianne
Fils et arrière-petit-fils de maires élus dans la ville de Brénod (Ain) où il est né en 1933, Jacques Julliard est un journaliste français. Point non final. Car l'homme est également historien, essayiste, ex-syndicaliste à l'UNEF, toujours spécialiste du syndicalisme révolutionnaire, polémiste, chrétien de gauche - mais de quelle gauche ? - pourfendeur du néolibéralisme, expert de la gauche française, philosophe... les qualificatifs ne manquent pas. Néanmoins, malgré ces nombreuses facettes, un trait de caractère semble ressortir : la volonté de dénoncer, toujours.
[...] À 81 ans, Jacques Julliard connaît une deuxième naissance. Si, traditionnellement, l'on naît extrême dans ses idées, avant de se raviser avec l'âge, le polémiste a choisi la trajectoire inverse en faisant preuve de réserves dans ses premières années pour finir jeune fougueux. La vie de l'historien se traduit alors par une radicalisation de son propos. C'est cette radicalisation qui l'incitera à quitter le mouvement de la deuxième gauche, jugé trop mou dans ses critiques adressées au capitalisme d'après Trente Glorieuse. [...]
[...] déplore alors Jacques Julliard. L'auteur poursuit en rappelant qu'au sens étymologique du terme, cette action peut-être comparée à celle perpétuée pendant l'holocauste, qui signifie brûlé en entier Enfin, de peur peut- être que l'utilisation du terme holocauste ne suffise pas, Jacques Julliard conclue son édito en expliquant que les générations futures rougiront lorsqu'ils apprendront le sort que nous avions réservé aux animaux. Dénoncer toujours et partout relève du sacerdoce pour Jacques Julliard. Mais pour dénoncer efficacement, il faut avant tout se faire comprendre. [...]
[...] Jugez plutôt : à l'occasion du scandale des lasagnes au cheval en 2013, le journaliste n'hésite pas dans l'un de ses édito à comparer notre planète à un énorme abattoir pour les animaux ; une sorte de camp de concentration géant, d'agrobusiness nazi au sein d'un monde qui se prétend être civilisé. Sa critique s'appuie notamment sur des faits passés, tel que celui de la maladie de la vache folle. Triste épisode durant lequel on a appliqué de manière démesurée le principe de précaution, menant ainsi à des abattages massifs. [...]
[...] Le premier élément de réponse est à chercher du côté de la culture catholique nous explique t-il : Jesus déjà pestait contre les riches, d'où la célèbre parabole : "il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume de dieu.", où encore le fameux malheur aux riches ! de la Bible. Ensuite, la culture aristocratique qui, à l'inverse de la culture bourgeoise, ne tirait pas sa richesse du commerce, mais de la terre, de la rente. Normal dès lors que les Français haïssent ceux qui font travailler l'argent, comme le font les commerçants. Enfin, la culture socialiste : plus classique et plus triviale. La France est un pays où le social prime. [...]
[...] L'un des fers de lance de Jacques Julliard sera de déconstruire cette utopie. De batailler contre cet ennemi invisible qu'est le grand capital. Presque chaque semaine, la plume est entachée d'une critique plus ou moins explicite à l'encontre du néolibéralisme et le journaliste regrette que, parfois, Marianne ne soit pas plus virulent à l'égard de cette idéologie qui méprise les couches populaires. La propagation du néolibéralisme traduit un double mouvement : celui de la perte progressive du poids de l'homme politique face aux milieux économiques, mais également une défiance populaire toujours plus grande à l'égard du politique, accusé de compromissions avec le monde de la finance. [...]
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