Selon le philosophe anglais du 17e siècle Francis Bacon, savoir c'est pouvoir. Cette affirmation prend encore plus de sens en démocratie dans la mesure où le peuple doit prendre en considération les enjeux de la cité pour être apte à élire ses représentants, qui pourront transformer la volonté générale en lois. La qualité et la liberté de l'information deviennent donc des qualités indipensables à l'effectivité du régime démocratique. Agathe Lepage n'hésite pas à comparer le citoyen en démocratie à l'homo-économicus propre à l'analyse économique : pour faire un choix rationnel, l'individu qui vote doit avoir obtenu toute l'information, l'asymétrie de l'information ne doit donc pas exister en démocratie, le citoyen idéal doit avoir en mains toutes les données.
Aujourd'hui nous ne pouvons que constater que nous sommes loin de cet idéal, pourtant à chaque innovation technologique la promesse est faite aux citoyens d'un renouveau démocratique. En effet, déjà dans les années 20 un journaliste américain se demandait “si la radio n'allait pas permettre au peuple d'être lui-même le gouvernement”, dans les années 60, ce fut au tour de la télévision dont on prédisait qu'elle favoriserait une meilleure 'information obtenue par le citoyen et susciterait son intérêt à la vie démocratique.
Aujourd'hui, le nouvel objet qui suscite toutes les attentions c'est internet, avec 12 millions de foyers en France équipé du net, dont 80 % en haut débit, la France se situe dans la moyenne en terme d'accès à Internet en comparaison avec les autres pays européens. Mais le développement de l'accès au web est un processus qui ne cesse de s'étendre alors qu'il y a dix ans bien peu de gens savaient ce en quoi il consistait, une décennie a suffi à faire d'internet un élément familier présent dans notre vie quotidienne. Ainsi, face aux possibilités immenses qu'offrent internet, beaucoup parle de la mise en place d'une véritable démocratie, d'un gouvernement du peuple, par le peuple pour le peuple où le citoyen a effectivement, les pouvoirs entre ses mains. L'ascension fulgurante d'internet a donc contribué une fois de plus à susciter l'enthousiasme de certains au point qu'on parle d'e-démocratie c'est-à-dire qu'internet va être utilisé au service du citoyen.
[...] Les internautes ont du mal à dépasser l'expression d'opinions pour construire une raison collective. Plutôt un effet d'exacerbation de l'individualisme et de repli sur les intérêts particuliers. [ Carl Sustein ] Thèse de la polarisation des groupes : les membres d'un groupe délibératif ont en général tendance à adopter une position plus extrême. Lorsque des personnes d'opinions voisines se rencontrent à intervalle régulier sans être longuement confrontées à des points de vue concurrents, les déplacements vers les extrêmes sont plus fréquents. [...]
[...] La solution n'est donc pas forcément d'ouvrir le dialogue délibératif. Pour Carl Sustein, il faut conserver des enclaves, donc une faible polarisation, qui permettrait l'organisation de la société en groupes d'opinion limités qui organiseraient la discussion au niveau national. Le problème est que pour contenir la polarisation à des enclaves où les opinions extrêmes n'auraient pas place, il faut un contrôle politique qu'il n'y a pas sur Internet Pas de sphère publique: L'insertion d'Internet suscite, par ses qualités d'interactivité, de nombreux espoirs quant à sa contribution à l'émergence d'une démocratie dialogique Il apparaît comme l'outil capable de rénover le dialogue entre élus et citoyens. [...]
[...] Internet permet alors d'élargir le choix des possibles. Néanmoins, il y a un risque de polarisation : risque réel de fragmentation de la société en groupes d'opinion. Cela permet aux individus de ne plus consulter les informations généralistes et d'opérer un choix en fonction de leurs prédispositions. La question est celle du désir de savoir. Améliorer l'accès n'améliore en rien le désir de savoir. Le lot d'information est individualisé. Peut produire une incompréhension sociale au sein d'un même pays. De même que la polarisation n'a pas fait que des choses négatives. [...]
[...] Internet semble participer à l'avènement d'un citoyen davantage intégré à la vie démocratique . Information complète Les plus optimistes quant à la capacité qu'aurait internet à modifier la vie démocratique telle Al Gore ou encore Dick Morris dans son livre vote.com, parte du constat qu'aujourd'hui les médias traditionnels filtrent l'information, et ne remplissent pas la mission qui leur avait été assigné celle de quatrième pouvoir, en flattant plus qu'en informant en émouvant plus qu'en éclairant. Ainsi, la solution qui va mettre fin à cette carence d'information pour le citoyen se trouve dans Internet. [...]
[...] Individualisation des pratiques. Pour Michaël Dumoulin, les échanges électroniques ressemblent à des monologues interactifs où chaque participant réitère son propre point de vue et rejette ou critique systématiquement les propos d'autres intervenants. Forums entre élus et citoyens : mouvement de renouveau du dialogue participatif où les responsables politiques chercheraient à ouvrir de nouveaux espaces de débat avec leurs concitoyens et souhaiteraient une participation plus étroite de ces derniers aux décisions politiques. MAIS mode de gestion des messages qui affecte l'authenticité des échanges définition des thèmes de discussion à l'avance. [...]
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