Le taux d'absentéisme aux dernières élections a matérialisé ce que beaucoup pressentaient : la politique est aujourd'hui en crise et le modèle démocratique n'est plus un rempart suffisant pour endiguer la montée de l'individualisme, loin des idéologies du siècle dernier. Cette évolution interroge la légitimité et la viabilité des institutions actuelles, elle amène à se demander pourquoi s'intéresser à la politique aujourd'hui.
La question est d'importance, elle interroge en premier lieu la nature même du domaine politique : qu'est-ce que la politique ? Une action ? Une pensée ? Les deux ? Dans un cas, c'est la capacité à prendre les affaires humaines en charge qui est mise en avant, dans le second comment elle fabrique des modèles de société, voire des utopies. Dans les deux cas, société et politique sont étroitement liées.
De la société à la politique, l'écart n'est-il pas celui de la liberté individuelle qui réclame à juste titre le jugement, qui revendique tous les choix y compris celui de se désister des charges publiques ?
[...] Dès lors se désintéresser de la politique, c'est ne pas se préoccuper des affaires de l'Etat, en rupture non pas avec la société mais avec sa gestion via les institutions. Cette nouvelle donne offre deux variations : elle est soit strictement apolitique soit de manière davantage excessive antipolitique ; indifférence ou revendication se nourrissent dans les deux cas de charge contre le pouvoir politique, sa mise en œuvre à travers l'état de droit et la démocratie : - Contre le pouvoir politique, on peut avec les libéraux et Adam Smith en particulier, argumenter que la régulation de la société via des décrets, des directives est à la fois inefficace et liberticide, qu'elle peut être remplacée par les échanges commerciaux qui pacifient les relations entre les hommes et offrent un intérêt collectif dégagé sur fond d'intérêt privé. [...]
[...] Dès lors comment organiser la société ? L'antithèse suppose un regard davantage critique sur la réalité politique. Paradoxalement, les philosophes contractualistes admettent que la politique est un phénomène historique apparu lorsque la volonté de survie se fait impérieuse, mais ils ne conçoivent pas sa disparition comme s'il y avait là une loi de l'histoire, une progression déterminante. Il est alors tentant de se tourner vers une lecture radicalement anthropologique, à l'instar d'Aristote qui définit l'homme comme zoon politikon parce qu'il est fondamentalement être social et être de parole. [...]
[...] Le problème consiste à opposer deux modalités d'action : soit un premier projet qui bloque l'utilité de la politique comme un fait et un devoir, soit un second projet qui en cerne les limites face aux autres formes de pouvoir, l'économique en particulier. Nous allons évaluer tour à tour ces deux modèles pour nous demander en fin de compte quel est l'enjeu même du politique via la politique. D'abord, examinons la politique exprimant l'intérêt général, diffusée à tous les citoyens puisqu'aujourd'hui, la plupart des sociétés modernes vivent en démocratie dans un état de droit qui se met sous l'autorité des lois. Cette donnée n'oblige elle pas à s'intéresser à la politique ? [...]
[...] Pourquoi s'intéresser à la politique aujourd'hui ? Le taux d'absentéisme aux dernières élections a matérialisé ce que beaucoup pressentaient : la politique est aujourd'hui en crise et le modèle démocratique n'est plus un rempart suffisant pour endiguer la montée de l'individualisme, loin des idéologies du siècle dernier. Cette évolution interroge la légitimité et la viabilité des institutions actuelles, elle amène à se demander pourquoi s'intéresser à la politique aujourd'hui? La question est d'importance, elle interroge en premier lieu la nature même du domaine politique : qu'est-ce que la politique ? [...]
[...] L'opposition caricaturale se nourrit de l'ambigüité des termes du problème : - La polysémie de mot politique qui renvoie de manière large à tout type d'organisation lorsqu'elle intègre une législation ; le terme est alors quasiment synonyme de gestion. La précision n'est pas anodine : gérer, c'est poursuivre un mouvement déjà initié, une action. Or toute politique est bel et bien aujourd'hui inscrite dans un héritage. Cette tradition mérite d'être interrogée en tant que telle : s'agit-il de la réactualiser, d'articuler à l'instar de Benjamin Constant les différences décisives entre liberté ancienne et liberté moderne de telle manière à revoir les types d'actions engagées par la politique ? La participation politique doit elle se résumer au vote ? [...]
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