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Étant donné que le droit de vote est le fruit d'une lutte acharnée pour sa reconnaissance qui n'avait rien de garanti à l'origine et qu'il paraît indissociable du devoir de l'exercer, comment est-il possible que plus 24 millions de français (51,3% des personnes inscrites sur les listes électorales) aient boudé les urnes lors des dernières élections législatives ?
[...] On calcule généralement le taux d'abstention lors d'un scrutin en rapportant le nombre de votants sur le nombre d'inscrits. Il est aussi possible de préciser que l'abstention, en tout cas en France, est constamment sous-évaluée car on estime qu'il y a à peu près de français qui sont en âge de voter mais qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Afin de problématiser notre sujet, nous allons nous questionner de différentes façons. Premièrement, nous allons tous simplement nous demander pourquoi en Europe et plus particulièrement en France on observe depuis maintenant plusieurs décennies une telle hausse de l'abstention ? [...]
[...] En somme, l'abstention politique serait-elle minoritaire en France ?Il s'agira donc de tâcher de répondre à la problématique suivante, la hausse de l'abstention en France s'explique-t-elle seulement par un manque de représentativité politique ?Afin de répondre à cette problématique, nous verrons donc dans un premier temps que même si les médias et les sondages favorisent cette idée, l'abstentionnisme politique existe réellement puis, dans un second temps, nous verrons aussi que l'abstentionnisme français s'explique majoritairement par d'autres facteurs qui ne sont pas d'ordre politique (II).L'abstention politique n'est pas qu'un mythe médiatique et sondagierNous verrons, dans cette première partie, que l'abstention peut donc être l'expression d'une contestation politique mais nous nous demanderons cependant à quel point l'abstention politique est un construit sondagier (B).L'abstention comme expression d'une contestation politiqueOn considère souvent que les abstentionnistes envoient un message de contestation : expression d'un acte rationnel de contestation politique. On parle d'abstentionnisme politique, stratégique ou même « dans le jeu » (A. [...]
[...] De plus, cette évolution de l'abstention relativement inquiétante est souvent considérée comme un symptôme d'une supposée « crise de la représentation politique ». En effet, dans la plupart des médias, l'évolution en hausse de l'abstention en France est interprétée comme une illustration d'un manque de représentativité de la scène politique française ou du moins l'abstention est vue comme un message politique envoyée aux dirigeants politiques. Or, dans le cadre d'une réflexion de sciences politiques il nous faudra questionner cette idée médiatique dominante et se demander si l'évolution de l'abstention en France s'explique par des facteurs politiques comme le sous-entendent souvent les médias.L'abstention correspond à l'acte consistant à ne pas voter un jour de scrutin que ce soit de manière volontaire ou involontaire. [...]
[...] Muxel a théorisé une distinction entre deux formes d'abstentionnisme, un abstentionnisme « dans le jeu » qui serait un choix volontaire d'individus politisés décidant de s'abstenir pour envoyer un message politique, et, un abstentionnisme « hors du jeu » concernant l'abstentionnisme d'individus peu ou pas politisés ne se sentant pas aptes à s'exprimer politiquement.L'abstention politique, un construit médiatique et sondagier L'abstentionnisme politique est pour très grande partie un « construit sondagier ». En effet, toutes les réponses proposées dans les sondages sont politiques ou presque donc l'abstention sera par conséquent forcément politique, on peut parler d'une politisation artificielle. - De plus, l'abstentionniste politique suppose un degré de compétence politique, c'est-à-dire un intérêt et une connaissance de la politique accrue. [...]
[...] Cela implique donc que ces abstentionnistes politiques aient un niveau d'instruction plutôt élevé pour pouvoir faire ce « choix politique ». En somme, pour qu'il y ait abstentionnisme politique, il faudrait que cela soit des individus de catégories plutôt favorisés et donc politisés qui décident de s'abstenir. Or, ce type d'abstentionnisme est très minoritaire dans la plupart des scrutins, car ces classes sociales vont le plus souvent au contraire participer tout particulièrement (à l'exception des présidentielles de 2002).En somme, s'il est vrai que l'abstention politique existe, elle reste encore très largement minoritaire et il est indispensable de comprendre qu'elle s'explique très majoritairement par d'autres facteurs qui ne sont absolument pas politiques. [...]
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