"Tout le monde a été, est ou sera gaulliste !" aimait à s'exclamer le Général de Gaulle. Mais il est assurément plus simple de parler du gaullisme que de le définir. La référence à la pensée et à l'action du général de Gaulle n'implique l'adhésion à aucune doctrine, sauf peut-être l'évocation de cette « certaine idée de la France ».
Le mot revêt des acceptions multiples. Il peut signifier tout à la fois fidélité à la personne du général de Gaulle, l'adhésion aux pratiques politiques qu'il a mises en œuvre, l'appartenance aux diverses formations partisanes organisées sous son inspiration de son vivant, ou encore après sa disparition.
Il s'agit de comprendre comment et pourquoi un ensemble d'idées et de comportements, portés par un individu, a pu apparaître comme particulièrement apte à résoudre les problèmes posés à la France, au point que celle-ci ait adopté les institutions qu'il préconisait et a assuré au mouvement politique qui se réclamait de lui une pérennité telle qu'il constitue toujours, un des grands courants de l'esprit public.
On peut ainsi se demander quelles évolutions ont marqué le mouvement, et comment ces dernières ont réussi ou non, à le faire perdurer au-delà de la figure historique du Général de Gaulle ?
Charles de Gaulle est issu d'une famille monarchiste et catholique. Il est peu douteux que cet environnement familial le place à contre-courant de l'évolution d'une IIIe République qui puise désormais sa culture politique dans les analyses du milieu dreyfusard. De Gaulle se veut l'apôtre d'une continuité française attestée par l'histoire et qui retient comme positives l'ensemble des périodes où des gouvernants ont assuré par le succès des armes la grandeur nationale.
[...] Le fait présidentiel est devenu progressivement prépondérant et toute l'activité partisane est polarisée par la préparation de l'élection phare du système politique. Le présidentialisme est désormais une donnée de long terme pour le système politique français. III) Le gaullisme après De Gaulle Après le départ du général de Gaulle, une nouvelle période s'ouvre pour les institutions françaises : celle de la Ve République sans le soutien de son fondateur. Plusieurs scénarios d'évolution étaient possibles, c'est en fait la confirmation des institutions qui a prévalu. a. [...]
[...] Et, en janvier 1959, Charles de Gaulle est élu, président de la Ve République. L'État fort est mis en place par la Constitution, négociée dans un premier temps avec les forces politiques de la IVe République. Mais cet État fort suppose également que le Parlement accepte la situation subordonnée qui est désormais la sienne, ce qui implique que sa majorité qui peut toujours censurer le gouvernement accepte de laisser gouverner le président. C'est l'objet de la création, durant l'été 1958, d'une nouvelle formation politique gaulliste, l'Union pour la nouvelle République (U.N.R.), à laquelle succédera en 1967 l'Union des démocrates pour la Ve République (U.D.Ve) qui prendra en 1968 le nom d'Union pour la défense de la République (U.D.R.), puis, en conservant le même sigle, celui d'Union des démocrates pour la République. [...]
[...] Le parti gaulliste comprend des républicains de gauche, comme André Malraux, Jacques Soustelle, mais aussi des modérés avec Gaston Palewski ou Jacques Baumel, des démocrates-chrétiens avec Louis Terrenoire, Edmond Michelet, des radicaux avec Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré et également des socialistes avec Louis Vallon. Il s'agit pour De Gaulle, comme en juin 1940, de rassembler les Français face au péril communiste. L'objet est de provoquer un mouvement populaire afin d'imposer une révision des institutions dans le sens indiqué à Bayeux. [...]
[...] Pourtant, comme le disait le Général, "On ne peut pas être vraiment Gaulliste si on est de gauche, ni si on est de droite. Etre gaulliste, c'est être ni à droite ni à gauche, c'est être au-dessus, c'est être pour la France La pensée gaulliste n'en est pourtant pas moins actuelle en matière géopolitique. Le nouveau contexte planétaire correspond parfaitement à la vision gaulliste. Le monde devient de plus en plus multipolaire, avec l'émergence de la Chine et de l'Inde, le réveil de la Russie mais aussi l'affirmation du Brésil. [...]
[...] Il veut à la fois être un président dans la continuité du gaullisme mais aussi marquer une certaine ouverture. Au premier tour du scrutin, Georges Pompidou réunit 44,5% des suffrages exprimés. S'il n'y avait plus en France de majorité pour le style et les projets réformistes du général de Gaulle, ceux de son continuateur convainquent facilement la France modérée. Le gaullisme sans De Gaulle semble alors promis à un bel avenir. Georges Pompidou choisit comme premier ministre Jacques Chaban-Delmas, gaulliste historique, qui apparaissait comme un gaulliste social, proche du radicalisme et de la gauche modérée. [...]
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