Le fief, au Moyen Âge, désigne un domaine concédé à titre de tenure noble par un seigneur à son vassal, à charge de certains services (cette pratique s'inscrit dans l'organisation politique et sociale médiévale de la féodalité). L'acception contemporaine a retenu le sens de « domaine où quelqu'un est maître et exerce une influence prépondérante » (Petit Robert). Appliqué au vocabulaire politique, un fief électoral se définit alors comme la concentration d'électeurs d'un parti dans une zone, qui assure (presque) en toutes circonstances que ce parti y obtiendra un élu.
Avant de s'intéresser aux principales raisons de l'existence des fiefs puis à leur répartition sur le territoire, peut-être est-il bon, dans une démarche préliminaire, de considérer les effets directs provoqués le phénomène de fiefs. Il est possible d'en distinguer trois : d'abord, on l'a vu, l'assurance pour un parti d'obtenir au moins un élu dans la circonscription. Ensuite, et logiquement, une réduction des chances pour le parti d'obtenir des élus dans le reste de la zone considérée. Enfin, un poids politique du détenteur du fief : assuré d'être toujours élu, il s'impose plus facilement contre les concurrents du même parti qui ne tiennent pas de fief. Cela compte à la fois dans la progression au sein du parti, lorsqu'un parti adversaire est au pouvoir, et surtout, dans l'optique du prochain découpage : l'élu peut se plaindre si on modifie sa circonscription d'une façon qui ne lui convient pas.
Par ailleurs, le fief possède, au niveau national, une fonction ambivalente : en effet, il peut confirmer une tendance nationale, s'il reste tenu par un élu issu du même parti que celui qui est arrivé en tête dans la majorité des circonscriptions. Au contraire, s'il demeure aux mains d'un parti mis en minorité lors de l'élection, il apparaît comme l'exception et l'expression d'un phénomène propre à la zone en question, relevant de logiques historiques ou culturelles.
[...] - Évolution récente : le député-maire revendique la compétence de maire pour fabriquer la loi. Cela correspond à l'impératif de proximité, omniprésent dans le discours politique depuis quelques années. Les élus parlent du non-cumul comme d'une désincarnation la création d'un parlementaire abstrait en lévitation sur sa circonscription. Plus généralement, à recadrer dans la recherche d'un pouvoir toujours plus important de la part de l'élu local. II/ La répartition des fiefs Les fiefs selon les niveaux de représentation o Problème majeur posé par les fiefs : terme recouvre une multitude de possibilités. [...]
[...] On ne peut comparer de façon viable fiefs communaux, cantonaux, départementaux, régionaux, voire européens. o Il convient à cet égard de distinguer parmi les différents niveaux de représentation un échelon particulièrement propice à l'existence des fiefs, le canton. Pour Michel Bassi, la caractéristique principale du scrutin cantonal serait que les sortants se représentent presque toujours et lorsqu'ils se représentent, se font presque toujours élire Ainsi de 1970 à 1992, entre 60 et 90% des conseillers généraux se sont fait réélire. [...]
[...] Les fiefs dans le système politique français - selon les partis : des raisons, principalement d'ordre politique ou culturel, sont ici à l'origine du phénomène de fiefs. Ces zones a priori intouchables sont souvent l'indicateur de la position d'un parti au niveau national : ainsi, lors de la déroute de la Droite aux élections de 2004, l'Alsace Lorraine a été la seule région restée aux mains de l'UMP (avec pour président de région Zeller). À Droite : Fiefs historiques : Alsace-Lorraine, Bretagne À Gauche : Fiefs historiques du Parti Socialiste : Nord Fiefs historiques du Parti Communiste : villes de la couronne parisienne (Arcueil, Montrouge, Montreuil ) - selon les hommes et femmes politiques (personnalisation du parti) : il s'agit ici essentiellement de représentants politiques d'envergure nationale, restés très populaires dans leur région d'origine ou dans leur ville d'attache. [...]
[...] o De cette époque jusqu'à la décentralisation de 1982, le cumul d'un mandat local et national (député ou sénateur) permettait donc de mieux négocier des ressources publiques pour sa commune ou son département. Dès lors, le territoire s'est découpé en petits fiefs, tenu de longues années par un même élu, soucieux de ne pas laisser arriver sur ses terres un rival trop actif. Pour conserver ces fiefs, le cumul est devenu la règle : ainsi, aujourd'hui à Marseille, six maires d'arrondissement sur huit sont députés de la circonscription correspondante. [...]
[...] Par ailleurs, le fief possède, au niveau national, une fonction ambivalente : en effet, il peut confirmer une tendance nationale, s'il reste tenu par un élu issu du même parti que celui qui est arrivé en tête dans la majorité des circonscriptions. Au contraire, s'il demeure aux mains d'un parti mis en minorité lors de l'élection, il apparaît comme l'exception et l'expression d'un phénomène propre à la zone en question, relevant de logiques historiques ou culturelles. Pourquoi les fiefs ? Une cause institutionnelle : le scrutin majoritaire à deux tours o Le SM peut créer des régions où un parti, qui y obtient la majorité des suffrages, remporte la totalité ou la quasi-totalité des sièges à l'organe de représentation locale. [...]
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