Les femmes en Europe entre 1848 et 1914, exclues de la Cité

Résumé du document

Comment comprendre le paradoxe de la reconnaissance progressive de droits universels et du maintien des femmes dans un état interdisant ces droits ? Pourquoi les femmes sont-elles exclues du pacte social et du processus de démocratisation à l'œuvre en Europe ? Si l'on peut aborder la question des femmes dans son ensemble, ce n'est pas parce qu'elles forment – pas plus que les hommes - un groupe homogène, mais parce qu'elles sont l'objet de représentations communes et archaïques qui garantissent leur assujettissement aux hommes dans tous les domaines et les empêchent de prétendre à la citoyenneté.

La fin du XIXe et le début du XXe voit pourtant une évolution notable de ces représentations, dans le cadre de la « marche irrésistible » (Tocqueville) des pays d'Europe vers les valeurs démocratiques de liberté et d'égalité qui remet en cause ces conceptions multiséculaires. Les femmes vont ainsi tenter de sortir de leurs rôles définis et de s'organiser afin d'avoir enfin accès à la sphère publique, professionnelle, sociale et surtout politique.

Les résultats sont très contrastés, et tardent à se faire sentir. Dans quelle mesure peut-on dire que les femmes sont maintenues à l'écart de la sphère des activités publiques en Europe ?

Extraits

[...] Les femmes en Europe entre 1848 et 1914, exclues de la Cité Comment comprendre le paradoxe de la reconnaissance progressive de droits universels et du maintien des femmes dans un état interdisant ces droits ? Pourquoi les femmes sont-elles exclues du pacte social et du processus de démocratisation à l'œuvre en Europe? Si l'on peut aborder la question des femmes dans son ensemble, ce n'est pas parce qu'elles forment pas plus que les hommes- un groupe homogène, mais parce qu'elles sont l'objet de représentations communes et archaïques qui garantissent leur assujettissement aux hommes dans tous les domaines et les empêchent de prétendre à la citoyenneté. [...]

[...] Il existe un culte de la ménagère qui s'occupe de l'intendance et de l'éducation des enfants. En Grande-Bretagne, la femme est sacralisée dans le cadre de la notion de privacy. - Le mariage est pensé en conséquence comme la norme sociale. Les femmes seules, veuves et religieuses sont acceptées, mais les vieilles filles ou les filles mères sont condamnées à la honte, témoignant de l'impossibilité à l'époque de penser la femme en dehors du cadre du mariage où elle est sous la tutelle de son mari. [...]

[...] Les corsets se démodent pour être remplacés par de nouveaux vêtements. Le nombre de femmes seules augmente en en 1900 en GB) et l'on assiste au développement d'une homosexualité féminine à peine voilée si ce n'est affichée et revendiquée. Le théâtre pour sa part ne cesse de traiter du couple et de ses problèmes. Léon Blum publie en 1907 un ouvrage intitulé Du mariage dans lequel il défend la possibilité pour les femmes également de l'expérience sexuelle préconjugale. Certains articles de presse dénoncent alors un complot maçonnique et laïc visant à déshonorer toutes les filles de France. [...]

[...] A partir du milieu du XIXe siècle l'Europe voit l'émergence d'un large mouvement féministe 1. Le mouvement féministe pour la reconnaissance des droits politiques des femmes s'organise autour de la question centrale et hautement symbolique du droit de vote En Grande-Bretagne, le féminisme politique s'inscrit tout d'abord dans la tradition réformiste à l'anglaise avec le dépôt de pétition avant de glisser dans l'action violente. Une première pétition pour le suffrage féminin est déposée en 1851 par l'association féminine de Sheffield. [...]

[...] La femme doit ainsi pouvoir échapper aux grossesses répétées et aux souffrances de nombreux accouchements et à l'esclavage que peut représenter l'éducation de nombreux enfants. En effet à la Belle Epoque l'avortement pour la première fois devient un débat public ; les avortements clandestins sont alors innombrables. Madeleine Pelletier, féministe et médecin, proclame dans son livre L'Emancipation sexuelle de la femme en 1911 le droit absolu des femmes sur leur propre corps, qui va de l'avortement jusqu'au suicide Dans le cadre de cette relative libéralisation des mœurs, les pratiques et les représentations évoluent. [...]