Sondages, démocratie, opinion publique, majorité, enquêtes d'opinions, instituts de sondage, compétition politique
La France détient le record mondial de production de sondages devant les Etats Unis : plus d'un millier par an. 345 sociétés d'études d'opinion existent en France, mais le marché français se partage entre six grands instituts généralistes : la SOFRES, IPSOS, CSA, IFOP, BVA et Louis Harris.
Le premier sondage français a été commandé en septembre 1938 par Edouard Daladier qui souhaitait savoir comment l'opinion française accueillait les accords de Munich. Cependant, les sondages n'entrent de plein pied dans la vie politique française qu'en 1965, c'est-à-dire avec la première élection depuis 1848 du Président de la République au suffrage universel direct.
Le principe du sondage semble d'ailleurs inhérent au régime démocratique. Comme le souligne Roland Cayrol du CSA, les sondages d'opinion n'ont jamais été tolérés de près ou de loin par l'URSS de Staline, le Chili de Pinochet, la Chine de Mao à nos jours, ou encore l'Espagne de Franco. L'opinion publique ne pouvait y exister car elle est consubstantielle au débat. Il n'y a pas d'opinion possible sans la liberté de s'exprimer.
Il semble dès lors important d'analyser la fonction du sondage en régime démocratique. Un sondage se définit comme une enquête statistique dont le but est de connaître, à un moment donné, la manière dont se répartissent les opinions individuelles à propos d'une question donnée. Mais à quoi sert cette enquête et que fait-on de ces opinions ? Il faut se demander en quoi l'utilisation du sondage peut être utile et souhaitable en démocratie.
[...] James Fishkin, professeur à Stanford, a mis au point une démarche de ce type qu'il a appelée « sondage délibérant » qui consiste à réunir un échantillon représentatif d'individus, d'experts et de militants pour étudier quels arguments sont déterminants dans la prise de décision citoyenne. Il faut mieux contrôler l'utilisation des sondages Les commandes de sondages actuelles tendent en réalité à déposséder le peuple de l'agenda politique Les commandes politiques permettent mal de faire émerger de nouvelles préoccupations Les sondages commandés par les politiques reflètent généralement une liste de préoccupations déterminées par ces derniers ou les instituts de sondage, et non ce qui préoccupe réellement le peuple. L'année 1970 en fut emblématique aux Etats Unis. [...]
[...] Hélas, elles disposent de moyens insuffisants pour se faire entendre. Ce problème a notamment été soulevé lors de la « la consultation nationale des jeunes » organisée sous l'égide du gouvernement Balladur en 1994. Plus d' questionnaires ont été remplis à cette occasion et ont été traités, mais l'échantillon n'était pas assez représentatif de la population des jeunes car il était plus étudiant, plus féminin et plus diplômé. Un communiqué de la Commission des Sondages a alors été envoyé à l'AFP pour dire que « cette consultation ne relève d'aucune méthodologie statistique permettant d'extrapoler le moindre tableau à la population des 15-25 ans. [...]
[...] Les fondateurs du gouvernement américain ont ainsi contenu des institutions politiques capables de contenir la volonté de la majorité, comme James Madison. Il a défendu les dispositions constitutionnelles du Sénat Américain comme un arsenal juridique « choisi et stable » qui servirait « d'ancrage contre les fluctuations et les opinions du peuple ». La Constitution française joue le même rôle de défense des principes d'organisation du pouvoir et des droits qui ont fondé notre République. Dans le prolongement des dangers du pouvoir laissé à la majorité, certains observateurs de la sociologie électorale ont également insisté sur le fait que l'opinion de cette majorité n'était pas toujours motivée par des arguments rationnels, ce qui doit inciter à infléchir son pouvoir. [...]
[...] Ceux qui épousaient une opinion particulière plaçaient des lanternes ou des chandelles à leur fenêtre pour porter cette revendication. La foule allait alors de maison en maison en demandant que les occupants « éclairent », et ceux qui refusaient voyaient leur maison saccagée. Les sondages permettent d'optimiser la compétition politique sur le marché démocratique Les sondages permettent une meilleure adaptation de l'offre à la demande politique Au sein du « modèle marketing » de notre démocratie, ils donnent une image plus fidèle de la demande Selon Jean de Legge, les sondages d'opinion sont performants dans nos démocraties libérales parce que ces dernières reposent sur une logique concurrentielle, qui implique par définition l'émergence d'un modèle marketing. [...]
[...] L'enquêteur effectue alors un « redressement » en appliquant à l'enquête un taux d'écart semblable à celui quoi existait entre l'enquête précédente et l'élection qui lui était associée. De ce fait, les « redressements » représentent une cuisine interne que le lecteur du sondage gagnerait à connaître. Car dès lors qu'on considère le sondage comme un instrument permettant au citoyen se situer au sein de la démocratie en étudiant les rapports de force, il semble naturel de donner à ce dernier toutes les cartes en main pour effectuer un choix optimal. D'autre part, en France des sondages ne sont pas rendus publics. [...]
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