La première militante à se déclarer féministe est Hubertine Auclert en 1882 pourtant les femmes sont rabaissées par rapport aux hommes depuis toujours alors pourquoi le mouvement féministe n'est-il pas plus ancien? En réalité, le féminisme existe avant la Troisième République (1870-1940) mais excepté quelques coups d'éclat, par exemple, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, rédigée par Olympe de Gouges dans le contexte de la Révolution Française de 1789, les femmes acceptent plus ou moins bien leur infériorité. Depuis 1804, la femme subit le code napoléonien qui fait d'elle une véritable mineure civile et donc politique. Donner une définition du féminisme s'avère assez complexe car avant la fin du XIXème siècle, ce terme faisait partie du vocabulaire médical et concernait l'homme puisqu'il s'agissait de tout ce qui féminisait un être masculin. Le féminisme, comme on l'entend par la suite, est un vaste mouvement qui s'est développé lorsque les femmes ont pris conscience de leur infériorité et qu'elles ont décidé de modifier cet état de fait en obtenant certains droits dans différents domaines (familial, politique, civique, économique…), en vue d'établir l'égalité entre hommes et femmes. Madeleine Pelletier est une de ces féministes par nature qui s'est battue pour la cause des femmes et entre autre, les droits politiques qui pour elles sont primordiaux. Madeleine Pelletier est une féministe radicale, première femme médecin diplômée française en psychiatrie , elle est aussi socialiste et surtout une militante active prônant une égalité totale. Le texte que nous étudions est un article qu'elle a publié dans son journal la suffragiste. Cet extrait reprend les idées de défense des droits politiques comme principale revendication des féministes, mais aussi des arguments des antiféministes, afin de mieux les critiquer. Ainsi, on est amené à se demander pourquoi le combat de Madeleine Pelletier et de l'ensemble des féministes a tant d'importance pour la femme du début du XXème siècle et en quoi il consiste.
Nous traiterons d'abord du statut d'inférieure auquel la femme est confrontée dans la société, puis nous verrons pourquoi les droits politiques sont à acquérir le plus rapidement possible.
[...] C'est ce que veut faire comprendre Madeleine Pelletier lignes 23-24 dans la phrase "certes, il s'en faut que la majorité souscrive aux droits politiques des femmes". En effet, malgré les progrès certaines idées "réactionnaires" perdurent et beaucoup trouvent encore différentes raisons pour empêcher les femmes d'accéder à la citoyenneté. Mais en prenant l'exemple de l'éducation Madeleine Pelletier cherche à prouver que ce ne sont pas "les réclamations féministes [qui sont] excentriques" (ligne21-22) mais bien les arguments de leurs opposants. L'auteur explique que les raisons exposées se basent sur un "argument [qui] n'est pas original" (ligne 27) : "l'incapacité des femmes" (ligne 26) car que ce soit en politique ou ailleurs les détracteurs des féministes ont toujours fait joué cet aspect. [...]
[...] Ceci passe bien sûr par le droit de vote qui est un passage obligé dans le parcours d'émancipation des femmes. Madeleine Pelletier insiste sur le fait qu'il est urgent que les femmes puissent voter cf. "le plus important est certainement les droits politiques" (ligne et "doivent être poursuivis en premier lieu" (ligne 2). Pour elle, si la femme obtient le droit de vote elle disposera ensuite "d'une puissance incalculable" (ligne 11) car la femme pourra enfin se former sa propre identité. Cet aspect est aux yeux de Madeleine Pelletier le plus important. [...]
[...] En 1908, la femme est donc sans cesse diminuée pourtant les femmes du peuple ne sont pas toutes féministes et ne sont pas toutes favorables au droit de vote féminin. Malgré tout, la femme de 1908 est mieux traitée que celle de 1870 et l'avènement de la République a permis le développement du féminisme et de certaines de ses revendications dans différents domaines. Il ne faut pas oublier que l'éducation est en 1908 une branche qui a fait beaucoup de progrès envers les filles même si, comme Madeleine Pelletier le remarque, les matières qui permettent la formation des "facultés les plus hautes de l'intelligence lui [sont interdites]" (lignes 38-39). [...]
[...] ligne 30 "l'expérience a infirmé l'idée préconçue") la majorité continue de juger les femmes incapables de réussir en politique. Madeleine Pelletier évoque également un autre argument antiféministe, celui de l'influence de l'église sur les femmes : lignes 45- 46 "une autre objection est tirée de la religiosité féminine". En effet, les Républicains qui voulaient séparer l'Eglise et l'Etat craignaient que les femmes votent selon les idées prônées par l'Eglise. Mais ici aussi l'auteur montre tout le paradoxe de cet argument en s'axant sur les propres valeurs de la République qui sont l'égalité et la liberté. [...]
[...] lignes 5-6 "dès que [ ] l'inégalité politique aura disparu, toutes les autres inégalités disparaîtront très vite". On comprend très bien comment les féministes pensent pouvoir changer les choses une fois les droits politiques acquis. Le problème c'est bien sûr que toutes les féministes ne sont pas d'accord et les modérées qui pensent d'abord au travail, à la famille ne sont pas vraiment pour le droit de vote immédiat. En France, ce sont ces modérés qui sont majoritaires c'est pourquoi il faut comprendre que ce que demande Madeleine Pelletier n'est pas l'opinion générale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture