Depuis la 'chute du mur', deux menaces pèseraient plus particulièrement sur nos sociétés : à l'extérieur, le Sud, à l'intérieur, l'immigré. Et il se trouve que Jean- Pierre Chevènement a précisément exercé à sept ans d'intervalle les fonctions de ministre de la Défense et de ministre de l'Intérieur… Ce travail cherchera à reconstituer la perception qu'il a eue, de ses deux postes, des problèmes de sécurité
[...] D'autant confie Jean- Pierre Chevènement qu'à part deux collègues anglo-saxons[26] tous les ministres de la Défense qu'il a pu rencontrer répugnent à l'usage de la force. Mais les Etats-Unis ont diabolisé à outrance un despote banal et la guerre du Golfe fut la leçon inaugurale du nouvel ordre mondial au nom du droit du plus fort à s'ingérer là où sont ses intérêts[27] Et la France a cautionné la refondation de l'hégémonie américaine dans le monde Si la France en est arrivé là, c'est qu'elle est engluée dans l'Europe, cette Europe molle conglomérat de républiques boutiquières et qui n'est qu'une banlieue de l'Empire américain. [...]
[...] Etude du discours de Jean- Pierre Chevènement : une conception républicaine de la sécurité Dans son discours de Saint- Cyr au Mont- d'Or, du 17 juin 1999, Jean- Pierre Chevènement rappelait que Lionel Jospin, lors de l'installation de son gouvernement avait déclaré la sécurité deuxième priorité nationale Ce qui est plutôt rassurant et montre à la population le souci des pouvoirs publics de s'attaquer à ce problème. On pourra ainsi s'opposer sur les solutions qu'il faut lui apporter, débattre de leur pertinence et de leur efficacité, ce qui contribuera à créer un consensus sur le problème lui- même et donc à occulter le processus de problématisation. [...]
[...] Mais on voit bien aussi la limite d'un tel discours politique : c'est un discours policier. De la brigade criminelle, qui cherche à qui profite le crime pour montrer qui l'a commis, mais cautionnant par là même sa qualification comme crime. Le Sud est la victime, innocente certes, mais désormais menaçante de l'égoïsme coupable de l'Occident, ce monde de privilégiés, replié sur lui- même, sans ouverture et sans projet, dans lequel aucune grande voix ne s'élève Or la France médiation vers l'universel était cette voix car est-ce la vocation de la France que de confondre son destin avec le triomphe des plus forts C'est pourquoi derrière la menace du Sud s'en profile une autre qui lui est liée : celle qui veut bâillonner la France, la détourner de son rôle dans l'histoire de la nation éclairant les autres nations. [...]
[...] Le nationalisme arabe, alliant modernisation et laïcisation, aurait permis au Moyen–Orient d'accéder à une véritable indépendance, de prendre son destin en main et de s'engager, grâce aux profits pétroliers équitablement répartis et intelligemment investis de s'engager résolument dans la voie du développement. Les Etats-Unis n'ont cessé de combattre le nationalisme arabe provoquant ainsi une régression mortifère vers l'intégrisme. Analysant son impressionnante montée depuis 25 ans[18] Jean- Pierre Chevènement montre que l'intégrisme, cette quête désespérée d'une identité et d'un sens n'est que le produit des obstacles que l'Occident dresse, de la guerre des Six jours à celle du Golfe, face à la modernisation du monde arabe. [...]
[...] La stratégie d'un minoritaire actif. Le porte- parole du Mouvement des Citoyens Georges Sarre le rappelait en conclusion des 9èmes rencontres citoyennes à Paris le 4 mars 2000 : la république est une exigence, une ascèse, un combat Perspective qui n'a guère de chance de rassembler les foules. Mais ça n'a jamais été le but de Jean- Pierre Chevènement. Quand la démagogie libérale flatte le consommateur, s'inquiète du contribuable, il interpelle le citoyen. Celui de l'Antiquité : homme de loi, de parole, de responsabilité. [...]
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