Le discours sécuritaire est traditionnellement considéré comme un discours de droite. On peut arguer d'une telle préemption du sujet du fait, d'une part, de la place fondamentale que la question de l'ordre occupe dans la pensée de droite, mais aussi en se basant sur l'observation empirique de la place que tiennent les préoccupations d'ordre sécuritaire dans son discours. Bien que la gauche aborde aussi ce thème, central dans nos sociétés, on continue d'associer le discours sécuritaire à la droite. Déjà parce que la gauche (surtout en France après Mai 68 mais aussi particulièrement dans les années 80 avec François Mitterrand), pour tenter de stigmatiser la droite en faisant l'amalgame entre discours sécuritaire et discours répressif, en a fait, dans la conception commune et collective, un sujet exclusif à la droite. Mis à part cette manoeuvre politique surtout propre à la France, bien qu'observable à différents degrés dans la plupart des systèmes politiques occidentaux, il est vrai que la façon dont cette question est traitée et surtout la façon dont elle est politiquement (c'est-à-dire à des fins électorales) utilisée diffère selon qu'il s'agit d'un discours de droite ou de gauche.
[...] Nous n'adopterons pas une approche diachronique mais seulement d'apporter un élément de réponse à la question de la place et de l'utilisation de l'émotion au détriment de la raison dans le discours politique en étudiant les discours de campagne de Sarkozy en 2007 dans cette optique. Choix du corpus Étant donné l'importance de la production discursive de la campagne électorale en France, et en particulier celle de Nicolas Sarkozy qui a mené une campagne longue et intense, il semblait difficile de pouvoir retrouver tous les textes et de les étudier sans l'aide de l'outil informatique. [...]
[...] Afin de mieux comprendre la façon dont Nicolas Sarkozy emploie le mot victime nous allons étudier l'emploi qu'en font d'autres candidats à la présidentielle de 2007. Cela va nous permettre de faire ressortir soit les différences entre l'usage que les différents candidats font du mot victime (et ainsi mettre ne lumière la particularité de l'usage qu'en fait Sarkozy), soit les similitudes, ce qui permettra de voir, le cas échéant, en quoi un tel emploi est révélateur d'une tendance plus profonde du champ discursif de la campagne présidentielle française de 2007. [...]
[...] Ce qui vient de se passer autour des événements de la gare du Nord est un autre révélateur de la gravité de la crise morale que nous traversons. Car enfin c'est inouï : voilà un jeune délinquant déjà impliqué à 22 reprises dans des délits souvent commis avec violence, sept fois condamnées ayant fait l'objet de deux interdictions du territoire par la justice et d'un arrêté de reconduite à la frontière qui prend le métro sans payer son billet qui s'en prend violemment aux agents de la RATP qui veulent le contrôler qui est revenu illégalement en France après en avoir été expulsé et qui devient une sorte de héros pour certains candidats et pour une partie de ce microcosme parisien qui ne prend jamais le métro et qui n'a pas besoin de se lever tôt pour aller gagner sa vie. [...]
[...] En effet, une simple étude statistique de la fréquence d'apparition d'un terme dans un discours politique ne permet pas de comprendre quoi que ce soit. D'abord parce que les mots ont plusieurs sens qui dépendent du contexte d'utilisation. De plus, un terme n'est pas seulement polysémique, il renvoie aussi à différentes notions, concepts, références, sous-entendus en fonction encore du contexte et de l'utilisation que le discoureur en fait, mais aussi en fonction du discoureur lui-même. Ainsi, il faut s'interroger sur le sens qui est donné au terme étudié par le discoureur en regardant la phrase dans laquelle le terme est utilisé et en étudiant le contexte d'énonciation du discours. [...]
[...] En étudiant le contexte d'utilisation du mot victime dans les discours de Nicolas Sarkozy où il apparaît, on peut observer deux choses. Premièrement, le mot victime est utilisé dans différents sens, différentes formes (en tant qu'adjectif ou en tant que nom) et différentes valeurs lui sont rattachées (positives ou négatives). Malgré tout et c'est le second point, la même utilisation revient souvent et une même logique prédomine à la majorité des utilisations faites du terme. Ainsi, si l'on regarde le Tableau 1 (voir ci-après), on constate que l'on peut différencier plusieurs thèmes dans lesquels le terme de victime est utilisé. [...]
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