L'élection est-elle démocratique ?

Thèmes abordés

Elections démocratiques, souveraineté populaire, volonté générale, Jean-Jacques Rousseau, consentement, légitimité, démocratie directe, école de Columbia, André Siegfried, sociologie électorale, sondages

Résumé du document

Aux élections présidentielles de 2017, Emmanuel Macron a recueilli plus de vingt millions de voix, et pourtant, c'est de l'ensemble des soixante-sept millions de Français qu'il est devenu le chef d'État. Ainsi, au travers de cette élection, c'est une minorité d'individus qui a décidé de la conduite de la Nation entière, ce qui semble contraire à l'idée démocratique, fondée sur le consentement de tous et de chacun, car ici, rien n'indique que ceux qui n'ont pas voté pour le candidat élu lui accordent leur consentement. Cela semble pourtant paradoxal, car l'élection est généralement considérée comme l'outil essentiel de la démocratie, dans la mesure où elle permet à tous les citoyens de participer à la prise de décision, fondant la souveraineté populaire.

Extraits

[...] Rappelons-le, l'élection sert à exprimer un consentement, or si l'électeur est mal informé, alors il consent à autre chose que ce qu'il exprime. Une élection est donc démocratique si l'électeur est suffisamment informé des conséquences de son vote. Cela met en lumière l'importance de la presse en démocratie, cependant celle-ci détient un pouvoir considérable. En effet, nous avons vu dans la précédente partie que l'électeur votait pour des raisons affectives. Ainsi, en diffusant un scandale sur un candidat, la presse peut lui faire perdre une élection bien plus facilement qu'en défendant les arguments de ses opposants. [...]

[...] Ce modèle, dit de l'école de Columbia , se heurte aux principes de l'élection, qui doit se faire par des électeurs rationnels, indépendants. L'élection sert à exprimer le consentement de l'électeur, or si le vote de l'électeur est déterminé, que ce soit conscient ou non, alors le consentement de l'électeur n'est pas entier, car il est altéré par une pression, le conditionnement social. Le problème de l'explication de l'école de Columbia est qu'elle ne décrit pas comment la pression sociale s'exerce sur l'électeur : s'agit-il d'une volonté de conformité de l'individu à son environnement ou bien des mécanismes plus insidieux dont il n'aurait pas conscience ? [...]

[...] Dans ce cas, l'élection n'est plus l'expression de la volonté générale, mais celle de la majorité populaire. Cela comporte le risque que des individus, parce qu'ils n'appartiennent pas à cette majorité, voient leur avis négligé ainsi que leurs intérêts. L'élection n'est alors pas démocratique, car elle n'a plus pour but de déterminer et légitimer une politique contractualiste, mais de donner à une majorité le droit de dominer l'autre. Nous avons ici examiné ce qui compromet le caractère démocratique d'une élection dans le processus de prise de décision à l'échelle de l'individu. [...]

[...] Le dernier élément qui conditionne le caractère démocratique d'une élection est le pluralisme. En effet, une élection peut être organisée selon des conditions qui en ôtent tout caractère démocratique, parce que les électeurs sont les citoyens, or ce terme permet d'exclure du vote des individus qui sont pourtant concernés par ses conséquences. C'est cette notion de citoyenneté qui a permis d'exclure les femmes du vote pendant des décennies dans la plupart des pays, et comment oserait-on qualifier de démocratique une élection dont la moitié de la population est exclue d'office. [...]

[...] L'élection est-elle démocratique ? Aux élections présidentielles de 2017, Emmanuel Macron a recueilli plus de vingt millions de voix, et pourtant, c'est de l'ensemble des soixante-sept millions de Français qu'il est devenu le chef d'État. Ainsi, au travers de cette élection, c'est une minorité d'individus qui a décidé de la conduite de la Nation entière, ce qui semble contraire à l'idée démocratique, fondée sur le consentement de tous et de chacun, car ici, rien n'indique que ceux qui n'ont pas voté pour le candidat élu lui accordent leur consentement. [...]