L'électeur est celui qui vote, inscrit sur les listes électorales, il va se prononcer sur un certain nombre d'élections et va être amené à faire un choix entre plusieurs candidats, plusieurs partis. Comment son choix se forme-t-il ? C'est ce que les sociologues vont tenter de comprendre en développant différents modèles explicatifs du vote. Le terme « modèle » renvoie aux diverses figures possibles de l'électeur, qu'il soit fidèle ou mobile, stratège ou indifférent, prédéterminé ou libre.
On va donc ici se demander quelle figure de l'électeur apparaît selon les différents modèles. Est-on en présence d'un électeur rationnel, c'est-à-dire face à un individu réalisant des choix réfléchis, un individu compétent politiquement et intéressé par la chose politique, faisant un choix conscient après un processus de réflexion ? Ou, au contraire, se trouve-t-on face à un électeur prédéterminé, pour qui le vote n'est que l'expression d'une appartenance sociale, d'une situation socio-professionnelle ou d'une affiliation partisane acquise depuis l'enfance ?
[...] Pour répondre aux questions politiques qui leurs sont posées dans les enquêtes par sondage, les citoyens construisent leur réponse instantanément en se servant des idées qui leurs sont rapidement mobilisables et accessibles. J. Zaller considère que la plupart des gens connaissent des conflits internes sur la plupart des questions politiques et que la plupart répondent aux questions sur la base des idées qui leur viennent immédiatement en tête au moment de répondre. Dans Mort et résurrection de l'électeur rationnel. Les métamorphoses d'une problématique incertaine», Loïc Blondiaux note que les modèles explicatifs du vote ont tendance à comparer l'électeur à un chercheur. [...]
[...] De même, les analyses stratégiques expliquent la volatilité électorale. La volatilité est interprétée comme une nouvelle maturité de l'électeur. Très concrètement, cette théorie économique de la démocratie vise à appliquer les concepts microéconomiques néoclassiques aux comportements électoraux. Olivier Ihl dans Le vote explique que dans l'analyse économique, le raisonnement de l'électeur est de se poser la question suivante : Quelles sont les promesses des partis qui rejoignent mon idéal ? Le vote est ici un choix rationnel défini par une évaluation des performances gouvernementales et des enjeux économiques. [...]
[...] En conclusion, Balme, Marie et Rozenberg notent que les citoyens ‘ordinaires', peu intéressés par la politique sont en mesure d'en discuter, de se contredire ou de se convaincre sans que la discussion qui les oppose ne reflète seulement la position sociale qu'ils occupent, leur intérêt personnel ou l'habitus qui les a construits. Leur critique se nourrit particulièrement de la perception d'un écart entre les valeurs personnelles et celles qui animent spécifiquement le jeu politique. Pour expliquer ces choix et ces jugements du nouvel électeur raisonnant, les politistes vont faire appel à la psychologie cognitive du comportement politique. L'objectif de cette nouvelle discipline est de repérer les processus engagés dans la manière dont les électeurs mobilisent leur mémoire et produise une évaluation globale des candidats en présence. [...]
[...] Avant une élection, l'électeur ne peut pas anticiper quel sera l'impact de son vote sur le résultat final. En effet, en cas d'élections très serrées chaque électeur qui a un comportement extrêmement rationnel, sait que sa voix peut être décisive A leur tour, les chercheurs Ferejohn et Fiorina ont tenté de résoudre le paradoxe du vote avec une solution qui évoque le pari de Pascal. Le pari de Pascal est le suivant : la probabilité que Dieu existe est faible, mais il est préférable de croire en son existence car mes regrets seraient immenses s'il existait et que j'avais fait le mauvais choix. [...]
[...] La distinction entre ‘rationalité instrumentale' et ‘rationalité axiologique' indique en d'autres termes que, dans certains cas, l'action est guidée par des principes plutôt que par les conséquences qu'elle risque d'entraîner De l'électeur rationnel à l'électeur raisonnant Maintenant que le paradoxe du vote est levé, il est intéressant de se pencher sur le mode de fonctionnement de l'électeur. Quel est l'acteur que supposent les modèles explicatifs du vote et comment effectue- t-il son choix ? Autrement dit, que peut-on savoir de ce qui se passe dans la boîte noire où se fabrique l'acte électoral ? [...]
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