La division droite-gauche a-t-elle encore un sens ? La question est aujourd'hui capitale, car croit de plus en plus le sentiment pour une majorité de citoyens qu'il est impossible de définir ce qui oppose la droite de la gauche. Cette division serait non seulement incompréhensible et dénuée de signification, elle ne serait qu'une survivance archaïque, en plus d'être pernicieuse et un obstacle à la concorde. Aujourd'hui la plupart des repères qui ont successivement dessiné les figures de la droite et de la gauche et configuré leurs personnalités contraires ont singulièrement perdu de leur pertinence et ils ne servent donc plus à identifier les droites aujourd'hui.
La Révolution française a été la première rupture entre droite et gauche, car la droite s'est longtemps retrouvée dans la condamnation de l'esprit révolutionnaire. En 1989 cependant la référence révolutionnaire a complètement cessé de diviser les deux camps. L'Église catholique elle-même, qui avait longtemps rejeté les idées révolutionnaires a atténué la sévérité de son jugement.
[...] Le gaullisme n'est pas un mouvement qui a pour seule fin de servir une ambition personnelle ou d'apporter un soutien fidèle au pouvoir. Mais il comporte une dimension affective suscitée par l'admiration pour une personnalité exceptionnelle, la reconnaissance de son rôle historique. Mais le gaullisme est aussi une philosophie politique. La vie du gaullisme commença par ailleurs avec l'appel du 18 juin. Le gaullisme est un volontarisme et un acte de foi dans le pouvoir de la liberté. Le gaullisme est convaincu de la nécessité de moderniser, afin de garder son rang de puissance. [...]
[...] Mais le gaullisme a besoin d'une personnalité qui l'entraine. Il a hérité de son histoire une tradition d'attachement à son chef. A ces trois mouvements traditionnels de droite doit s'ajouter l'extrême- droite ayant surgi sur la scène publique dans les années 1980. De par certains traits qu'elle présente, elle ne peut être confondue avec les droites traditionnelles. La fidélité de son électorat a fait de cette force une entité bien distincte des autres droites. Conclusion : la division droite-gauche a-t-elle encore un sens ? [...]
[...] La famille divise et oppose traditionnellement droite et gauche. D'origine, la droite porte une sympathie de principe à la cellule familiale, la gauche est plutôt réservée et même défiante. Sacrée aux yeux de celle des droites qui emprunte à la religion le principe de la vision des choses, l'institution familiale est considérée par toutes les droites traditionnelles comme dépositaire de valeurs morales. La gauche en revanche éprouve une méfiance innée pour la famille. Elle s'est en effet constituée sur la promotion de la liberté individuelle et voit dans la famille et la tutelle qu'elle exerce sur ses membres une menace pour la liberté. [...]
[...] La division droite-gauche a inclus un enjeu supplémentaire et s'est chargée d'une signification nouvelle : l'opposition de la liberté d'entreprise à l'intervention de l'état, de la propriété privée à la collectivisation des moyens de production. L'importance de ces nouveaux enjeux a parfois même occulté et brouillé les clivages les plus anciens. Et le débat s'est ainsi concentré sur le régime économique et le statut de l'entreprise. L'identification de la gauche à l'idée de nationalisation eut pour effet indirect de transformer tout homme de droite en adversaire de l'intervention de l'état. Nationalisation contre privatisation : telle fut encore l'alternative proposée lors des élections de 1986. [...]
[...] Les clivages à propos de l'Europe n'ont fait que s'accentuer et s'approfondir. L'Europe divise et le partage entre partisans et adversaires de l'intégration européenne est loin d'épouser le clivage traditionnel droite-gauche. La question de la laïcité enfin se pose. Il n'est en effet pas déraisonnable à la fin des années 1990 au vu de l'apaisement des passions soulevées par la question religieuse de décréter que, la querelle étant éteinte, la laïcité ne divisait plus les Français et ne pouvait donc plus être un sujet de discorde politique. [...]
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