Le sujet se définit donc à un double niveau : l'offre des partis d'une part, et leur volonté de recréer ou non dans leurs programmes les clivages sociaux du pays ; la demande des électeurs d'autre part, et savoir s'ils votent en fonction de leur niveau social. Nous nous demanderons donc si les partis politiques sont représentatifs des clivages sociaux. Si les clivages classiques ont tendance à disparaître, les partis continuent à structurer le champ politique autour de nouveaux clivages plus sociétaux.
[...] Cette distinction, si elle date un peu, reste importante pour une bonne compréhension des clivages sociaux qui persistent au sein des partis. Le positionnement politique, c'est-à-dire la nécessité pour les partis de préserver une image et une identité spécifique, est encore très présent. Tous les partis ont un enracinement historique dans des bastions sociologiques déterminés. Ainsi, des traditions de langage sont respectées au sein des partis : références doctrinales obligées (libéralisme, socialisme) ; des hommages rituels sont rendus aux grands hommes comme en France Jaurès ou de Gaulle ; des mots marqueurs simplistes structurent le champ idéologique (responsabilité du chef d'entreprise/solidarité sociale Plusieurs modèles théoriques soulignent la relation entre le vote des individus et leur milieu social. [...]
[...] Il est pourtant douteux que leurs pratiques sociales soient très différentes. Les différents modèles théoriques montrent donc les liens qu'entretiennent le niveau social d'un individu et l'orientation de son vote. Cependant ce critère n'est pas suffisant pour comprendre les évolutions partisanes actuelles des citoyens. Comment expliquer que des ouvriers votent Front National ? Des cadres supérieurs pour le PS ? Faut-il, dès lors, penser à abandonner la sociologie d'hier, pour reprendre l'expression de Cambadélis ? II) L'analyse des partis politiques : l'abandon de la sociologie d'hier ? [...]
[...] Aucune conclusion déterministe ne peut donc être avancée de manière catégorique quant aux votes des individus fonction de leur milieu social. Ces analyses ne peuvent servir que de cadre de réflexion à une analyse plus approfondie des partis politiques. Ainsi, le modèle de Michigan montre que le vote est aussi le fait d'un attachement d'ordre affectif à une formation politique. Cet attachement à un parti a été qualifié d'identification partisane. Ainsi, dans la durée, la plupart des citoyens s'identifient au même parti. [...]
[...] Sous cet angle, les partis politiques ont tendance, aujourd'hui, à se structurer selon des clivages plus sociétaux que sociaux ou économiques. Ces nouveaux clivages se retrouvent donc dans l'opposition classique droite/gauche qui intègrent de plus en plus dans leurs programmes ces nouveaux projets de société : l'écologie à gauche par exemple et le développement durable, l'immigration à droite et la sécurité par exemple. Face à ces nouveaux enjeux, les partis dits protestataires prennent de plus en plus d'importance dans la structuration de l'espace politique des démocraties pluralistes (exceptés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis où le bipartisme est encore la règle). [...]
[...] Ce qu'ils gagnent en extension par leur pragmatisme et leur sens du compromis, ils le perdent en intensité idéologique et en cohésion interne. Gillies et Janda (1975) ont souligné la pertinence de ce modèle : les partis politiques occidentaux à forte diversité sociale sont des partis d'intensité idéologique faible. Les catch all parties sont donc avant tout des partis d'électeurs (J. Charlot). Cela signifie qu'ils ont vocation à capter la majorité silencieuse frange de la population peu ou pas du tout intéressée par la politique. Par exemple, les partis gaullistes, dès la fin de la guerre, marquent par leur volonté de rassemblement. [...]
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