« C'était un tremblement de terre politique ». L'historien Raymond Huard évoque par là l'introduction du suffrage universel en France, qui permit aux Français d'exprimer pour la première fois leurs idées politiques par les urnes. En effet, ce n'est qu'en 1848 que la France rompt définitivement avec le régime monarchique, régime caractérisé par le suffrage censitaire qui permettait seulement aux plus riches de voter.
Mais la participation des Français à la politique débuta-t-elle seulement en 1848 grâce à l'introduction du suffrage universel ? Comment cette participation se traduit-elle durant le second Empire où la société est tenue sous contrôle ? Plus généralement comment les Français font-ils entendre leurs voix en politique tout au long du 19e siècle, siècle caractérisé par des changements incessants de régime politique ?
[...] La politique monarchique interdisant le vote aux plus pauvres la participation à la vie politique passer par d'autres formes que les urnes. Sous le régime monarchique, l'opposition se regroupe dans des sociétés secrètes et s'exprime à travers des journaux. Sous la Restauration, les républicains se regroupent dans la Charbonnerie tandis que les libéraux font passer leurs idées dans le journal Le constitutionnel. Sous la Monarchie de juillet, l'opposition est muselée par les lois répressives du Maréchal Soult de 1835, les cérémonies religieuses et les banquets sont des prétextes pour se rassembler, car le pouvoir royal se rend vite compte que le régime censitaire n'est pas suffisant pour faire taire les opposants au régime et va mener une lutte sans merci contre l'opposition. [...]
[...] Conclusion De 1814 à 1914, la participation des Français à la politique prend diverses formes. Dans la première partie du siècle, c'est principalement par le biais de l'opposition et des Révolutions. Par les révolutions de 1830 et de 1848, le peuple français censuré politiquement par le suffrage censitaire, exprime son désir de changer le gouvernement politique mis en place, c'est-à-dire des monarchies. Mais avec l'introduction du suffrage universel, le peuple n'a plus besoin de s'exprimer par la violence (bien qu'elle n'est pas disparue) mais fait passer ses idées politiques par les urnes. [...]
[...] Mais c'est surtout la candidature officielle qui muselle la participation à la politique. La candidature officielle est mise en œuvre par les préfets, véritables maîtres d'œuvre de la propagande bonapartiste : il s'agit de favoriser les candidats de l'Empereur et cela se traduit par la corruption des électeurs et des fonctionnaires, le bourrage des urnes tout est mis en œuvre pour favoriser le candidat unique, seul à bénéficier des affiches blanches. D'autre part, par la loi du 31 mai 1850, l'élection du suffrage universel est abolie. [...]
[...] Pendant trente-quatre ans, la participation des Français à la vie politique de la France sera muselée par le régime censitaire. En effet, sous la Restauration (1814-1830) il faut avoir 30 ans pour être électeur et payer 300 francs et avoir 40 ans pour être éligible et payer 1000 francs. Ainsi, la majorité de la population reste interdite de politique d'autant plus que les plus riches vont être encore plus favorisés par la loi du double vote du 12 juin 1820. [...]
[...] Ainsi, le 10 décembre 1848, les paysans votent massivement pour élire un président de la République et leurs voix permettent de faire triompher Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er. La participation à la politique qui était jusque-là le monopole des villes et principalement du peuple parisien, principal acteur des révolutions, passe désormais aussi par le vote des paysans. Le suffrage universel est la forme la plus importante de participation à la vie politique, mais va être remise en cause sous le second Empire. La première décennie du second Empire se caractérise selon les historiens par une société sous contrôle puisque l'Empereur muselle la vie politique des Français. [...]
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