Le texte que nous allons étudier a été écrit en 338 av JC par Eschine. Né vers 389 av JC, cet orateur athénien avait été greffier puis comédien. Ayant obtenu le titre de citoyen, il devint soldat puis ambassadeur auprès de Philippe de Macédoine. De retour de mission, il se fit accuser de corruption par Démosthène. Pour se venger, il écrivit Contre Ctésiphon, où il critique la volonté de ce dernier de voir la cité remettre une couronne d'or à Démosthène, alors qu'en tant que magistrat celui-ci ne doit recevoir aucun cadeau ni gage. C'est l'occasion pour lui d'exprimer en toutes ses craintes quant à la situation, en tant que fervent défenseur de la démocratie.
En effet le contexte est celui d'une période sombre, où après la défaite de la guerre du Péloponnèse, Sparte instaura un régime oligarchique(404), la Tyrannie des Trente. Bien que celui-ci fut défait peu de temps après sa constitution, il marque un affaiblissement des partisans de la démocratie. De plus, le fait qu'Athènes ait été dépossédée de sa flotte diminue le rôle joué par les thètes, la classe inférieure de la cité, qui étaient surtout des rameurs.
Dans ce discours, il critique violemment la forme que prend la démocratie athénienne.
Quels aspects du régime Eschine attaque t'il ? Quelles pratiques dénonce t'il ?
Il conviendra d'étudier dans une première partie le caractère nostalgique du discours d'Eschine, traduisant une situation politique actuelle agitée.
Puis, dans une seconde partie, nous nous attacherons à démontrer que le pouvoir est, de plus en plus, accaparé par un nombre réduit de citoyens.
[...] Au Vème, ils en assuraient aussi la présidence, mais furent remplacés en 403 par les proèdres. Politéia : Structure politique d'une cité, sa constitution. On trouve aussi la traduction de citoyenneté ou corps des citoyens dans son ensemble Les lois de Solon datent de 593, lorsque celui-ci devint archonte et eut la tache de préparer de nouvelles lois, dont celle en question : le plus âgé parlant le premier Discours d'Hypéride pour Euxénippe Conseil aristocratique où siègent les neuf archontes, c'est la trace des régimes oligarchiques antérieurs. [...]
[...] De plus, il critique les orateurs directement en mettant en avant leur manque de discipline (l.15). Il dénonce un monopole de la parole par certaines personnalités. Certes, le métier d'orateur requiert des qualités que tout le monde ne peut pas exploiter selon sa situation. Au IVe siècle av JC, sur les 6.000 citoyens qui participaient aux assemblées, on estime que seulement 20 personnes prenaient la parole. Cependant, l'assemblée est plus que jamais influencée par des orateurs qui ont beaucoup appris auprès des sophistes. [...]
[...] Il y a vote d'un décret préliminaire qui détermine l'ordre du jour, le probouleuma. En fait, le peuple réuni en assemblée ne fait que ratifier les propositions du Conseil et de fait, ne participe pas pleinement à la vie politique. Ce sont donc les bouleutes qui détiennent la réalité du pouvoir, du moins celle d'orienter les débats. De plus, l'Aéropage[3] voit son pouvoir se renforcer, ses fonctions se diversifient. Une loi est votée en 336 pour prévenir toute tentative de tyrannie de sa part, ce qui montre le caractère puissant de cette institution. [...]
[...] La législation bafouée À la fin du Vème siècle av JC, après qu'Athènes ait été secouée par deux tentatives de coup d'État, les lois furent révisées. Désormais, elles seraient préparées par les nomothètes, non plus par l'assemblée à qui il reste le pouvoir de publier des décrets. Ces décrets avaient une valeur inférieure à celle des lois votées. Le peuple avait le moyen de s'opposer à un décret grâce au graphéparanomon. Cette procédure permettait d'invalider tout décret validé par l'assemblée. [...]
[...] Dès 355, l'assemblée perdit ses dernières prérogatives en matière judiciaire et c'est le tribunal du peuple, l'Héliée, qui récupéra le pouvoir de juger les poursuites par voie d'eisangélie. Le pouvoir judiciaire passa donc des mains d'un grand nombre aux mains d'un nombre plus réduit, qui semblerait provenir des classes supérieures. En effet, l'indemnité versée ne suffisait pas à faire vivre une famille et les pauvres préféraient travailler pour gagner plus. Il s'agit désormais de s'interroger sur l'accaparation du pouvoir par la classe supérieure dans la démocratie athénienne au IVe av JC. [...]
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