Toute production langagière, qu'elle soit spontanée ou formalisée, directe ou médiatisée, effectué dans un cadre privé ou public, est un acte social qui, comme discours, constitue potentiellement, au regard des sciences sociales, un objet d'observation et d'étude. Le propos de ce dossier se limitera à l'analyse du discours public, formalisé dans un cadre institutionnel. Notre regard se portera sur le discours politique. Et plus précisément sur le débat politique télévisé, en analysant « le duel » des finalistes de l'entre-deux tours des élections présidentielles nationales.
Les débats politiques télévisés sont devenus un exercice quasi obligé des campagnes électorales dans un grand nombre de pays traditionnellement ou récemment démocratiques. En France (puisque d'un point de vue spatial, c'est sur cet espace national que l'étude portera) c'est en effet devenu une pratique régulière à large succès d'audience depuis le 10 mai 1974. Date où pour la première fois, les deux candidats François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing acceptaient, quelques jours avant le scrutin décisif du second tour, d'y consacrer une partie de leur temps réglementaire d'allocutions radio-télévisés.
En ce qui nous concerne pour ce dossier, l'étude abordera d'un point de vue temporel, le dernier débat télévisé en date : celui du 2 mai 2007 qui opposa Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal. Il s'agit donc d'une étude synchronique. Le « face-à-face » fut regardé par 20,46 millions de téléspectateurs en France, dont moi-même ! En effet, étant en âge de voter pour la première fois, j'ai suivi avec beaucoup d'attention cette campagne électorale de 2007. C'est notamment pour cette raison que j'ai choisi ce « duel ». D'autre part, une recherche doit apporter une connaissance nouvelle. Or, cet événement étant relativement récent, aucun auteur, d'après mes recherches, n'a encore consacré un livre entier à ce sujet. Ce dossier sera donc innovateur et permettra de mieux comprendre le genre du débat télévisé.
Ce dernier, contrairement aux autres émissions officielles de la campagne où l'homme politique vise à se faire-valoir, crée les conditions d'un affrontement. S'ils n'en viennent pas aux mains et renoncent à tout engagement physique, les deux débatteurs partagent le même objectif : utiliser tous les aspects du discours pour se mettre eux-mêmes en valeur, discréditer l'opposant et finalement convaincre les téléspectateurs de voter pour lui.
Notre problématique se formule donc de la manière suivante : quelles stratégies argumentatives les deux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont-ils employées lors du débat du 2 mai 2007 ?
[...] Cela est renforcé par le choix de segments longs : Nicolas Sarkozy ne dit pas seulement Président mais Président de la République Ce qui donne un caractère noble et solennel à la fonction. Ségolène Royal, quant à elle, ne fait pas explicitement référence au statut présidentiel, mais elle le féminise à chaque fois : [ ] quand je serais Présidente de la République l.166, Je veux construire avec vous cette France Présidente l.306. Elle reprend ici son slogan de campagne où en tant que femme, elle devient une allégorie de la France. [...]
[...] l.7, Mais avez-vous une autre solution ? l.17, Vous ne voulez pas réformer les régimes spéciaux ? l.86, ou sur des thèmes électoraux comme le nucléaire : Vous êtes du côté de Chevènement ou du côté des verts ? Confirmez-vous le choix du nucléaire ? l.109. Mais parfois, ils ne sont pas vraiment poussés par le seul désir d'être informé. Souvent, ils le sont déjà d'ailleurs. Cependant, c'est un moyen pour celui qui pose la question de tendre un piège à l'autre, le mettre en difficulté : Savez-vous par qui il est dirigé ? [...]
[...] En France (puisque que d'un point de vue spatial, c'est sur cet espace national que l'étude portera) c'est en effet devenu une pratique régulière à large succès d'audience depuis le 10 mai 1974. Date où pour la première fois, les deux candidats François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing acceptaient, quelques jours avant le scrutin décisif du second tour, d'y consacrer une partie de leur temps réglementaire d'allocutions radio-télévisés. En ce qui nous concerne pour ce dossier, l'étude abordera d'un point de vue temporel, le dernier débat télévisé en date : celui du 2 mai 2007 qui opposa Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal. [...]
[...] Le méta-discours et l'inter-discours Le débat se construit selon un double mouvement de progression linéaire et de récursivité Les procédures récursives correspondent aux relectures que les locuteurs font de ce qu'ils ont dit ou de ce que leur adversaire a dit. On trouve ainsi les formules X a dit que ou J'ai dit que : Madame Royal ose employer le mot immoral l.177. Les guillemets de distance idéologique montrent bien que Nicolas Sarkozy émet un discours sur celui de Ségolène Royale. Citons d'autres exemples de méta- discours : Je l'ai dit tout à l'heure l.43, L'organisme que vous venez de contester [ ] l.53, Je n'ai pas dit que j'augmenterai le nombre de fonctionnaires. [...]
[...] Les douze temps forts du débat sont les suivants : La sécurité : quel bilan pour Nicolas Sarkozy ? 21h15 / 00: 47 L'argent public 21h34 / 01: 48 Economie : le coût des programmes 21h38 / 01: 44 Les pôles de compétitivité 21h58 / 01: 24 La réforme des retraites 22h13 / 00: 45 François Hollande s'invite au débat 22h18 / 00: 17 Une mesure commune 22h20 / 00 :56 Nucléaire : deux erreurs 22h32 / 02: 34 Handicapés : le vif accrochage 22h54 / 07: 48 L'immigration : quelle régularisation ? [...]
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