Après sa performance enregistrée lors du premier débat télévisé de la campagne électorale, le chef des libéraux démocrates, Nick Clegg, «Obama britannique », «homme politique le plus populaire depuis Churchill » a bondi dans les sondages, au point de bousculer tous les pronostics sur l'élection du 6 mai 2010.
Face à ce changement structurel de la compétition électorale, David Cameron a choisi de mettre en garde l'opinion contre l'élection d'un parlement sans majorité, «qui entraînerait le blocage du pays ». Gordon Brown de son côté assure que Nick Clegg vit une «lune de miel politique qui ne va pas durer ».
Cette configuration électorale est assez rare en Grande-Bretagne pour être remarquée, elle permet par ailleurs de s'interroger sur les traductions des clivages sociaux au sein de la sphère politique, particulièrement notables lors des compétitions électorales.
Les partis politiques qui expriment, traduisent, renforcent les clivages sont des outils d'élaboration d'un compromis social, propre à chaque société selon son histoire, les caractéristiques de sa classe dominante, l'enracinement variable des clivages traditionnels. L'insertion du parti libéral-démocrate au sein du champ politique britannique consiste ainsi en un réel bouleversement.
Ainsi lorsqu'il s'agit d'étudier les clivages sociaux au sein des élections britanniques, il semble intéressant de se demander en quoi la gestion des clivages sociaux représente pour les partis politiques britanniques un instrument de structuration de la compétition électorale.
[...] La perception qu'ont les électeurs des classes sociales et des relations entre classes est en effet une variable non une constante. Or comme le remarque Martin Elff, la Grande-Bretagne figure parmi les pays dans lesquels les plus grands changements en matière de vote de classe sont à noter. L'auteur remarque en effet une évolution programmatique notable du parti travailliste avec l'instauration du New Labour dans les années 1990 notamment, à l'occasion duquel Tony Blair a pu accepter certaines parties du programme de Margaret Tatcher. [...]
[...] Il l'explique notamment par le contexte politique et social, soit l'importance du mouvement travailliste britannique et la force de communauté ouvrière. En tant que foyer de la révolution industrielle, la Grande Bretagne a figuré parmi les premiers pays à faire face aux crises relatives à la massification du choix des gouvernants. Les différences entre classes sociales n'ont pas directement donné lieu à des partis politiques forts et opposés au régime en place, les différences de classes se reflètent dans les lignes politiques mais pas au point de remettre en cause la stabilité du système politique. [...]
[...] Le parti travailliste était très en retard sur le parti conservateur et libéral, il ne présenta de candidats aux élections qu'à partir de 1900, et ce ne fut qu'à partir de la première guerre mondiale que le parti travailliste pu prétendre à un statut égal. Cependant cette ligne de fracture est à l'origine d'un système politique dualiste particulièrement stable. B. Des lignes de fracture au fondement d'un système politique singulièrement stable Selon Peter Mair, le système politique britannique est singulier. [...]
[...] Revue internationale de politique comparée 2007/2, Volume 14, p. 263-280 Système politique britannique Ouvrages - LERUEZ Jacques, Le système politique britannique de Winston Churchill à Tony Blair, 2ème édition, Armand Colin (1994), p. 234-251 - LURBE Pierre, Le Royaume Uni aujourd'hui, Hachette sup, coll. des fondamentaux, 4ème éd (1996), p. 13-24 Revues - Robert ANDEREN et Anthony HEATH Social identities and political cleavages : the role of political context Royal statistical society (2003) 166, Partie p.301–327 - Alistair Mc MILLAN, La gestion du changement électoral au Royaume Uni in LAURENT A., DELFOSSE P., FROGNIER A. [...]
[...] En Grande-Bretagne, les clivages de classe ont constitué un des principaux facteurs de la formation du système politique. L'éclosion du parti travailliste au début du XXème siècle a déterminé la structure du système de parti atour de l'opposition entre le Labour et les Torries, renforcée par l'absence d'autres clivages concurrents et l'homogénéité et la stabilité de la société britannique. Ainsi selon Samuel Finer[5] le clivage de classe est important -voire centrale- dans la politique britannique, tout simplement parce qu'il n'y a rien d'autre Cependant l'évolution de la proportion d'ouvriers dans la population active britannique remet en question cette stabilité. [...]
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