A en juger par la rupture qu'a constituée l'alternance de 1981, ou par la persistance du clivage gauche/droite dans les esprits, la bipolarisation de la vie politique française ne semble aujourd'hui faire aucun doute. Et pourtant, aujourd'hui encore, la multiplicité des formations politiques persiste. Cela veut-il dire que nous avons changé de République sans changer de système de partis ? Non, le bipartisme n'accompagne pas systématiquement la bipolarisation. Comment un multipartisme persistant a donc pu donner naissance à une bipolarisation des forces politiques.
[...] La bipolarisation de la vie politique Introduction Qu'est-ce que la bipolarisation ? Si l'on considère la définition donnée par Olivier Duhamel et Yves Mény dans leur Dictionnaire constitutionnel, la bipolarisation désigne le processus de recomposition d'un système de partis autour de deux pôles conflictuels antagonistes. Cette définition a plusieurs implications : - l'existence d'un clivage net entre gauche et droite - la formation d'une majorité et d'une opposition - la réduction à l'intérieur de chaque camp du nombre de formations - la coïncidence entre majorité populaire et majorité parlementaire A en juger par la rupture qu'a constituée l'alternance de 1981, ou par la persistance du clivage gauche/droite dans les esprits, la bipolarisation de la vie politique française ne semble aujourd'hui faire aucun doute. [...]
[...] Aux élections européennes de 1989 et aux régionales de 1992, ces derniers ne réunissent plus que 69 et 59% des suffrages exprimés. L'érosion se poursuit puisqu'aux élections de 1993, du fait principalement de l'écroulement du PS qui perd près de la moitié de son électorat de 1988, les partis du système n'obtiennent plus que 69% des suffrages exprimés. o La fragmentation du système de partis se poursuit de 1993 à 1997. Lors de l'élection présidentielle d'avril 1995, les quatre candidats des formations habituelles ne recueillent plus que 71% des suffrages exprimés. [...]
[...] C'est même en combattant les partis politiques ou en sous-estimant leur apport à l'édification du régime qu'ils rédigent la Constitution du 4 octobre 1958. Cependant, Michel Debré, lui, prend conscience qu'un système démocratique ne se limite pas à un ensemble d'institutions mais inclut nécessairement un système de partis sur lequel fonder le nouvel édifice politique. Les nouvelles contraintes institutionnelles qui pèsent sur le régime doivent donc favoriser la bipolarisation. Le suffrage majoritaire à deux tours ou la majoritarisation de l'offre électorale. [...]
[...] En février 1978, naît l'UDF qui rassemble les partisans directs du Président de la République. A gauche, l'étroitesse de l'échec de Mitterrand en 1974 lui permet de garder le contrôle du PS et de l'élargir avec l'entrée d'une partie du PSU en octobre 1974. Dans le même temps, l'allié communiste persiste. Les élections législatives de 1978 montrent une configuration quadrangulaire presque parfaite, chacune des quatre formations rassemblant un peu plus de 20% des suffrages exprimés, le RPR dépassant l'UDF d'un point et le PS le PC de deux. [...]
[...] On pourrait même aller plus loin, et montrer, à l'instar de Jean-Claude Colliard qu'il n'y a pas eu une pratique de la Constitution de droite ou une pratique de gauche. L'exemple de François Mitterrand, pour le moins réservé sur les institutions de la Ve République lorsqu'en 1964 il écrit Le coup d'Etat permanent, mais finalement s'accommandant de la prééminence présidentielle lorsqu'il arrive au pouvoir en 1981, suggère que les pratiques de la Constitution ont été identiques que le Président ou la majorité soient de droite ou de gauche, la logique de situation l'emportant finalement sur toute autre préoccupation éventuelle. [...]
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