Salvador de Madariaga, journaliste et homme politique espagnol, attribuait le bipartisme anglais à « l'esprit sportif du peuple britannique qui le porte à considérer les luttes politiques comme un match entre équipes rivales ». Cette théorie n'est pas très convaincante du point de vue des sciences politiques mais a le mérite de tenter d'expliquer la situation bipartisane en Grande-Bretagne. En effet dans ce pays, la vie politique est, et a été, dominée par deux grands partis et cela presque de manière ininterrompue ce qui dans notre pays plus instable ne peut qu'étonner.
En Grande-Bretagne le Parlement est composé tout comme en France de deux chambres, la chambre des communes et la Chambre des Lords. Les membres de cette seconde chambre sont nommés par la reine ou membres héréditaires. Cependant depuis 1911 cette chambre a vu son pouvoir régulièrement diminuer jusqu'à devenir quasiment négligeable aujourd'hui. Le pouvoir législatif est donc en réalité entre les mains de la Chambre des communes. C'est cette même chambre qui détermine le pouvoir exécutif, en effet le parti majoritaire à la Chambre des communes voit son leader désigné par le monarque comme premier ministre et forme autour de lui un cabinet. Ce gouvernement est responsable devant le pouvoir législatif, il s'agit d'un régime parlementaire. La désignation des députés est donc le seul pouvoir national des citoyens. L'élection a lieu théoriquement tous les cinq ans mais la chambre est en réalité toujours dissoute avant l'échéance (sauf en 1964 et 1997).
Les citoyens exercent leur droit de suffrage par le biais du scrutin uninominal majoritaire à un tour qui est utilisé depuis le XVIIIe siècle. Il s'agit d'un mode de scrutin ou l'élu est le candidat pour lequel le plus grand nombre de citoyens ont voté. Il n'est pas nécessaire d'obtenir une majorité mais seulement d'avoir plus de voix que les autres. C'est dans ce système qu'on a pu observer de longue date la présence d'un bipartisme communément appelé two party system. Cette appellation désigne un système ou deux grands partis dominent la scène politique et alternent régulièrement au pouvoir. L'utilisation totale du scrutin uninominal majoritaire à un tour ne date cependant que de 1950, auparavant certaines circonscriptions servaient à désigner deux ou trois députés.
Cependant si ce bipartisme semblait jusqu'à récemment une donnée permanente, il commence aujourd'hui à se fissurer avec la montée en force d'autres forces politiques et la mise en place de nouveaux parlements. Son maintien dans les faits au sein de la Chambre des communes semble lié au maintien du scrutin uninominal à un tour (SUM1).
Cette corrélation de ces deux phénomènes sur le long terme va nous amener à nous demander si le cas du Royaume-Uni est l'exemple type d'un système de partis déterminé par son mode de scrutin ou si son organisation politique peut évoluer malgré sa désignation des élus par le SUM1.
[...] Par contre, les petits partis au niveau national, mais majoritaires dans un endroit donné peuvent espérer des élus. Ce type de scrutin peut se retrouver à deux tours comme en France, dans ce cas seuls les candidats ayant obtenu un certain nombre de voix peuvent accéder au deuxième tour et des voix attribuées à d'autres partis se reportent alors sur eux. Il peut aussi exister par liste comme en Turquie, la liste emportant le plus de voix est élue. Le cas qui nous intéresse reste le plus simple, mais aussi le plus injuste puisqu'avec son tour unique il ignore les partis suivants. [...]
[...] Cependant, ces mécanismes semblent déterminer les systèmes politiques. Après avoir décrit ces scrutins et leurs conséquences théoriques, nous observerons le système anglais, un système qui utilise le SUM1 depuis l'origine et dont le système politique est organisé autour d'un bipartisme fort jusqu'en 1974. A Modes de scrutin et systèmes politiques Grossièrement on peut diviser les modes de scrutin en deux catégories. En réalité, il existe de nombreux systèmes mixtes qui visent à profiter des avantages de chaque système et à gommer leurs défauts, mais nous ne les développerons pas ici. [...]
[...] Mais la peur du changement brutal de système de partis et la peur de la montée des extrémismes sont des arguments qui suffisent aux élus à freiner la réforme. Il est en effet très difficile de faire changer le système à des élus qui ont été mis au pouvoir grâce à ce système La réforme n'est pas de sitôt. Seule une situation de crise, où l'opinion publique se manifestera,pourra accélérer le processus; l'impression de non- représentation généralisée et l'abstention ( en 2001) en étant des signes avant-coureurs Conclusion La Grande-Bretagne a longtemps fait figure d'archétype du système bipartisan en conjuguant une tradition bipartisane de la société et une application stricte du scrutin uninominal à un tour. [...]
[...] D'ailleurs en 1983; la coalition des libéraux avec le parti écossais a failli mettre à mal le parti travailliste (labour : sièges; alliance: sièges). La position actuelle des libéraux révèle également des limites du bipartisme quand la société n'est plus aussi duelle que son système politique (DUVERGER: les modes de scrutin ne jouent pas un rôle proprement moteur; ce sont les réalités qui ont en général l'action la plus décisive à cet égard Le Sum n'a pas joué un rôle moteur, il n'a pas provoqué le changement partisan, mais il a joué le rôle de frein et de moteur La frustration de ce parti de ne pas voir ses suffrages récompensés en siège prouve que l'on se trouve dans un multipartisme imparfait dont la principale cause se trouve être le Sum. [...]
[...] En 1945 les travaillistes accèdent au pouvoir et c'est le début d'une alternance régulière entre les deux grands partis qui dure encore aujourd'hui. Les travaillistes et les conservateurs passent des affaires à l'opposition sans encombre. Le parti au gouvernement possède un pouvoir fort, contrebalancé par la surveillance de l'autre au travers du cabinet fantôme sorte de réplique du gouvernement dont chaque «faux ministre est chargé de surveiller et critiquer le véritable ministre tout en proposant des mesures alternatives. Chaque parti accepte d'être relégué à l'arrière-plan pour une période puisqu'il sait que lors de son retour au pouvoir il sera d'autant plus libre. [...]
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