Cette étude de l'entrée des groupes d'intérêt dans l'arène électorale va s'appuyer sur deux exemples : le mouvement poujadiste et le CPNT (Chasse Pêche Nature et Tradition).
On a choisi de se limiter à ces deux exemples pour plusieurs raisons. Premièrement, ils présentent certaines similitudes dans leur parcours, même si le premier relève de la 4e République et le second de la 5e. Deuxièmement, ils se font les représentants d'une catégorie sociale particulière. Les enjeux d'établissement et de légitimation politique sont donc similaires, contrairement à d'autres groupes d'intérêts, comme les écologistes par exemple, qui ont fait leur entrée en politique avec un discours universel.
Il ne s'agit pas ici d'opérer à tout prix une comparaison en miroir. Mais ce face-à-face, qui prend appui sur des contextes politiques et historiques distincts est apparu intéressant à étudier car il met en exergue certains mécanismes sociologiques et politiques.
A travers la notion de « répertoire d'action collective », Charles Tilly suggère que les individus puisent leurs formes d'actions dans un répertoire déjà constitué. Même si elle peut sous-entendre l'idée de répétition, la notion de "répertoire d'action collective" suggère que les individus agissent collectivement selon des formes de protestation plus ou moins codifiées. Cela ne les empêche cependant pas d'adapter et de faire évoluer ce répertoire.
[...] En matière idéologique, pour le poujadisme l'éclectisme domine. Les emprunts au radicalisme sont flagrants ; d'autres thèmes proviennent du socialisme pré-marxiste voire du catholicisme social. C'est dire que juger de sa position en termes de gauche/droite n'a pas grande signification. Mieux vaut insister sur son attachement aux idéaux républicains du siècle passé compris dans sa composante nationaliste) CPNT Le mouvement, actuellement représenté par Frédéric Nihous, reste lié à la dynamique de son principal fondateur, Jean Saint-Josse, qui a bâti son identité. [...]
[...] L'entrée dans l'arène électorale constitue donc ici un cap supérieur franchi dans la défense d'intérêts, supportés par un mouvement déjà fortement professionnalisé, et surtout politiquement établi : toutes les conditions sont réunies pour faciliter cette entrée : un fort réseau de lobbying politique, des appuis de tous bords ainsi qu'un électorat pré- circonscrit qui lui donne une légitimité. L'étape électorale apparaît naturelle. De par la structure de ces organisations et surtout de leur implantation géographique, l'entrée dans l'arène électorale se fait nécessairement à l'échelon infra local II. L'établissement de stratégies électorales : entre résultats et lacunes A. Une conquête électorale, favorisée par le système à la proportionnelle 1. La conquête Il ne faut pas toutefois surestimer l'audience de l'UDCA chez les artisans et commerçants. [...]
[...] Ils ont ainsi pu s'établir dans le jeu électoral et gagner en légitimité. Ainsi, le mouvement poujadiste comme le CPNT vont subir de plein fouet les réformes de scrutins respectivement mises en place : - En 1958 pour la IVe République avec un scrutin majoritaire à 2 tours pour les législatives, qui coulent définitivement le poujadisme et voient la victoire de De Gaulle. - En 2003 avec la réforme des modes de scrutins régionaux : le nouveau mode de scrutin fixe un seuil de 10% des suffrages exprimés pour participer au deuxième tour et pour fusionner avec une autre liste ; ce qui annihile toutes les possibilités de représentations des partis les plus petits. [...]
[...] Les problématiques inhérentes à la durée de vie électorale Le flou de l'idéologie poujadiste n'empêche pas une forte mobilisation en acte des militants. La violence surtout verbale, parfois physique est couramment utilisée comme moyen ponctuel d'expression. En sont victimes les responsables politiques et professionnels, les technocrates, plus généralement les fonctionnaires et les intellectuels. En agissant de la sorte, les indépendants contestataires révèlent leur incapacité à pénétrer le domaine politique, d'où leur obsession de l'intrigue, du complot, qui serait à la source de leur marginalisation. [...]
[...] Il est passé de voix à 1,2 million, en moins de 15 ans million au plus fort de l'évolution du parti, i.e. aux Européennes de 99, ce qui lui valut : 6,77% des voix et 6 élus. Son programme a clairement su convaincre une partie de l'électorat. Les principaux chantiers du CPNT sont au nombre de cinq : l'agriculture, prioritaire, l'environnement, l'Europe, les institutions et la santé. Ces axes ont structuré le programme pour les présidentielles de 2007, recentrés sur l'idée-force du CNPT : la ruralité (synonyme de qualité). [...]
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