Selon Benjamin Constant (1767 – 1830) dans son célèbre discours de 1819 « De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes », la conception des libertés par les populations a subi des modifications. En effet, l'auteur qu'était B. Constant était d'une certaine manière "visionnaire" et il allait prédire que l'interprétation de la liberté changerait d'une génération à une autre. Selon lui, les Anciens étaient bien plus impliqués dans la vie politique et les libertés acquises étaient des libertés collectives. En revanche, les Modernes sont plus soucieux de leurs libertés personnelles et de fait, s'impliquent moins dans la vie politique, symbole des libertés collectives. Pourtant, Benjamin Constant souligne l'importance des droits civiques dans la vie des individus. Il affirme que « la liberté est le but, la sûreté de la personne, la liberté de conscience, la liberté de la presse et de la tribune. L'Etat doit garantir l'autonomie des individus, dont les activités doivent assurer le bien commun et le progrès » . Constant annonce très clairement les thèmes de Tocqueville, puisqu'il va jusqu'à écrire que « le danger de la liberté moderne, c'est qu'absorbés dans la jouissance de notre indépendance privée et dans la poursuite de nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique ». Constant ne dit pas qu'il faut renoncer à l'expression de l'individualisme (« Loin donc, Messieurs, de renoncer à aucune des deux espèces de liberté dont je vous ai parlé, il faut, je l'ai démontré, apprendre à les combiner l'une avec l'autre »), mais son émergence rend difficile cette combinaison savante entre implication dans la vie sociale et respect de la vie privée, à tel point qu'il tend à empiéter sur le domaine de la vie politique. Constant ne l'avait pas exclu et il dira : « Perdu dans la multitude, l'individu n'aperçoit jamais l'influence qu'il exerce. Jamais sa volonté ne s'empreint sur l'ensemble ; rien ne constate à ses propres yeux sa coopération ».
Cette croissance de l'importance des libertés individuelles va donc de pair avec l'augmentation croissante de l'impression de non-participation à la vie collective. Et ce sentiment va se traduire par un détachement de plus présent de la part des individus à l'égard de la seule possibilité d'expression politique qu'ils possèdent, c'est-à-dire le droit de vote. Celui-ci est la possibilité pour un « citoyen de participer à l'élection de ses représentants politiques sur un plan national ou local et de se prononcer sur un texte législatif ou constitutionnel (référendum) ». Attribut essentiel de la démocratie, ce droit, considéré aussi comme un devoir moral et politique, connaît une évolution depuis quelques années avec une forte croissance non seulement de l'abstention mais aussi des votes blancs ou nuls. Mais là où l'un est un signe clair de désintérêt, l'autre possède "une signification politique […] incontestable, en ce que [les votes blancs] traduisent un refus du choix proposé en même temps qu'une volonté de participation civique".
Ainsi, et c'est un fait politique, l'abstention prend de plus en plus de poids, au point de parler d'absentéisme électoral récurrent mais aussi d'en inquiéter les défenseurs de la démocratie.
La question qui se pose avec l'observation de ce phénomène est celle de la différenciation. Peut-on différencier l'abstention des votes blancs ou nuls? Autrement dit, vote blanc (ou nuls) et abstention sont-ils synonymes ? Ce qu'on peut remarquer aujourd'hui, c'est que les deux phénomènes amènent aux mêmes conséquences. Mais cette convergence des résultats ne doit pas cacher les différences qui opposent ces deux comportements ainsi que leur évolution possible.
[...] Aujourd'hui et dans le système actuel, on parle plus du problème de l'abstention que du vote blanc. Selon Eric Lafond, il y a très peu de doctrine sur ce problème. Et on en arrive à la conclusion que pour avoir un impact politique réel, il est préférable de s'abstenir plutôt que de prendre la peine de voter. On refuse actuellement toute expression de protestation puisque le vote blanc n'est pas considéré ou très peu. C'est surtout grâce aux médias que l'univers politique prend aujourd'hui en considération le vote blanc. [...]
[...] Selon un sondage réalisé en avril 1998 par le CECOP (Centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique), les motivations du vote blanc apparaissent comme étant les suivantes : le refus des candidats en présence pour l'hostilité à l'égard de la politique pour la difficulté à choisir entre les candidats pour le désintérêt pour 13% et le manque d'information pour 11%. On remarque ainsi que les motivations peuvent correspondre à celle de l'abstentionnisme mais il y a cette volonté supplémentaire de la faire savoir et de l'exprimer. On s'aperçoit que l'abstention et le vote peuvent n'être séparé que par une seule chose, mais combien importante, celle de l'expression politique par l'acte. [...]
[...] Discours de B. [...]
[...] En effet, l'auteur qu'était B. Constant était d'une certaine manière visionnaire et il allait prédire que l'interprétation de la liberté changerait d'une génération à une autre. Selon lui, les Anciens étaient bien plus impliqués dans la vie politique et les libertés acquises étaient des libertés collectives. En revanche, les Modernes sont plus soucieux de leurs libertés personnelles et de fait, s'impliquent moins dans la vie politique, symbole des libertés collectives. Pourtant, Benjamin Constant souligne l'importance des droits civiques dans la vie des individus. [...]
[...] Mais là où l'un est un signe clair de désintérêt, l'autre possède une signification politique [ ] incontestable, en ce que [les votes blancs] traduisent un refus du choix proposé en même temps qu'une volonté de participation civique Cet accomplissement du devoir civique par ces électeurs est donc le signe d'un intérêt de leur part de jouer un rôle dans la vie politique et de profiter de la période électorale pour exprimer leurs intérêts. C'est ce qui différencie ces électeurs des citoyens dont le désintérêt manifeste ne les pousse plus à exprimer leurs opinions. [...]
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