Chers invités, cher public, chers téléspectateurs, bonsoir. Une nouvelle fois, Homo Politicus vous propose de mener avec deux experts une réflexion sur un sujet brûlant d'actualité. (...) Tous les sondages se posent les mêmes questions: pour qui allons-nous voter, mais aussi, et surtout, allons-nous voter ?
Face à cette agitation, Homo Politicus vous propose de vous arrêter et de réfléchir vraiment aux causes de ce qui apparaît comme un total désintérêt de tout ce qui touche à la politique ; ce que de plus en plus d'intellectuels aujourd'hui n'hésitent pas à qualifier « d'apolitisme ». Que se cache-t-il derrière ce terme qui, surtout en période électorale, semble se retrouver sur toutes les lèvres ? Soit, je vous le demande en termes clairs et concis : l'apolitisme existe-t-il ?
[...] Encore une fois on en revient aux ambigüités évoquées en introduction à ce débat : la politique, fin ou moyen ? Si la position de Robert Pierre s'inscrit dans une sorte d' idéalisme à la française hérité de La Révolution, Mr McKenzie vous semblez plus pragmatique, voire désillusionné en ce qui concerne vos concitoyens. Ainsi, lorsque vous parlez précédemment de l'apolitisme comme, je cite, l'objectif à atteindre, et l'évolution nécessaire des sociétés occidentales libres et rationnelles il ne vous semble pas entrer en contradiction avec toutes les luttes passées pour l'obtention de droits politiques ? [...]
[...] - Absolument ! Monsieur Pierre avance l'idée de l'existence d'une nouvelle forme de politique, et je vois là un point sur lequel nous sommes d'accord. Je pense en effet que nous assistons actuellement à l'émergence d'une nouvelle forme de politique, mais mon interprétation de ce phénomène diffère de la sienne. Alors que Monsieur Pierre considère l'apolitisme grandissant comme un simple moyen de revendication d'une nouvelle forme de politique théorie qui est la votre, cher Monsieur et que je respecte - mais pour laquelle vous ne disposez en réalité que de peu de preuves—, je pense au contraire que l'apolitisme est la fin de cette nouvelle conception du politique. [...]
[...] D'autre part, pour anticiper la critique que vous allez me faire d'un potentiel danger oligarchique, nous pensons que ce pouvoir doit nécessairement revenir aux intéressés disposant de la compétence nécessaire. Mettre la compétence au pouvoir, n'est-ce pas optimiser la gestion de l'intérêt général ? Nous pensons que les problèmes d'ordre public peuvent être résolus objectivement de façon scientifique : nous appelons de nos vœux la mise en place d'un management scientifique de la sphère publique, qui serait un gage d'efficacité et de sécurité. Les experts les plus compétents dans leur domaine ne sont-ils pas en effet les plus susceptibles de mettre au point les solutions les plus adaptées ? [...]
[...] Prenez l'exemple de la forme politique locale : c'est la plus efficace, car la plus proche des attentes des individus ; or, les élections municipales sont marquées par la prolifération des listes apolitiques, cela a été mis en évidence par de nombreux sociologues, parmi lesquels N. Mayer et D. Boy[6], ou encore A.Muxel et J. Jaffré, pour ne citer qu'eux. La priorité des dirigeants locaux est l'efficacité politique, qui passe par la recherche du consensus, le dépassement des luttes partisanes . - Votre vision est soit bien naïve monsieur McKenzie, soit de fort mauvaise foi et vous considérant comme un homme raisonnable et mûr, j'ai bien peur que vous soyez de mauvaise foi. [...]
[...] BRAUD Philippe, Sociologie Politique, Lextenso Editions, Paris (9ème édition). GAXIE Daniel, Le cens caché, Seuil BOURDIEU Pierre, Le Sens pratique, Minuit KITSCHELT Herbert, The Transformation of European Social Democracy, Cambridge University Press MANIN Bernard, Principes du gouvernement représentatif, Flammarion BOY D., MAYER N., Les formes de participation in L'électeur a ses raisons, Presses de Sciences Po., Paris MUXEL A., JAFFRE J., S'abstenir : hors du jeu ou dans le jeu politique ? in BRECHON P., LAURENT A., PERRINEAU P., (dir) Les Cultures politiques des français, Presses de Sciences Po., Paris BERLIN Isaiah, Eloge de la liberté, Calmann Levy (trad. [...]
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