Si l'on suit Thiers, il n'y a pas eu de pratiques imparfaites, tendant vers un idéal du suffrage universel. C'est « le plus grand nombre possible » qui peut voter, et non tous. Thiers légitime ainsi le recours au suffrage discriminant. Le Suffrage Universel est donc une notion qui peut évoluer, avec la société, les mentalités, et donc avec le temps. Ce qui est universel aujourd'hui ne l'était peut être pas avant. Il n'y a donc pas forcément incompatibilité entre Théorie et Pratiques.
On prendra la définition la plus élargie du Suffrage Universel, c'est-à-dire la notion contemporaine. Mais, dans le sujet, la théorie est posée au singulier et la pratique au pluriel.
Avant de pouvoir voter, il faut pouvoir manger. La revendication du droit de vote ne vient donc que lorsque les habitants n'ont plus d'inquiétude vis-à-vis de leurs besoins primaires, comme se nourrir. Parallèlement, le manque d'éducation n'incitait pas les habitants à demander plus de droits. Ainsi, la RF n'a été menée que par une bourgeoisie cultivée désirant acquérir des droits politiques. D'où le principe du suffrage censitaire ou capacitaire. Sieyès considéraient ainsi en 1791 que seuls les citoyens possédant une « indépendance de fortune », un « intérêt particulier à défendre » et « une éducation plus soignée et lumières plus étendues » étaient capables de voter. En effet, un citoyen dépendant, ou encore « sous tutelle » pour reprendre l'expression Kantienne n'a pas les moyens de choisir à qui il délègue son pouvoir.
Le Suffrage discriminant, c'était donc l'assurance que les citoyens qui votaient étaient responsables, tout en prenant le risque que tous les citoyens responsables ne pouvaient pas voter.
Ainsi, à l'aube du XIXe, on retrouve ce type de suffrage dans tous les pays Européens. A la Restauration, en France, on ne comptait que 110 000 électeurs, avant 1832 en Grande Bretagne, seuls 3% des Anglais puissent voter. En Italie, avant 1861, seuls les citoyens de plus de 15 ans, sachant lire et écrire et payant au moins 40 lires d'impôts directs pouvaient voter.
[...] Mais alors que faut- il pour qu'il soit démocratique ? - Il n'y a pas de SU sans démocratie Pour Alain Lancelot: Le suffrage universel n'est démocratique que dans une société de liberté et d'égalité». Ce n'est donc pas parce que le SU est instauré que la démocratie est assurée. Le SU a pu été utilisée pour légitimer un régime autoritaire, comme l'empire de Napoléon III. D'après Philippe Braud : le suffrage universel est parfaitement dissociable des exigences de l'idéal démocratique. Les dictateurs contemporains l'ont bien compris. [...]
[...] Avec le SU, toute insurrection devient totalement illégitime. On peut donc s'apercevoir que le SU a en fait été instauré par des élites comme une manœuvre politique. Le coup d'État de Napoléon III en 1851 avait été officiellement fait pour rétablir le SU. Une évolution dans les mentalités conduit à une extension du suffrage. - De l'égalité homme femme. Au début du XIXe siècle, était entendu comme universel le suffrage uniquement masculin. La définition d'Universalité évolue donc avec le temps. [...]
[...] D'où le principe du suffrage censitaire ou capacitaire. Sieyès considérait ainsi en 1791 que seuls les citoyens possédant une indépendance de fortune un intérêt particulier à défendre et une éducation plus soignée et lumières plus étendues étaient capables de voter. En effet, un citoyen dépendant, ou encore sous tutelle pour reprendre l'expression kantienne n'a pas les moyens de choisir à qui il délègue son pouvoir. Le Suffrage discriminant, c'était donc l'assurance que les citoyens qui votaient étaient responsables, tout en prenant le risque que tous les citoyens responsables ne pouvaient pas voter. [...]
[...] Voter impose un cadre et des règles. Les sociétés européennes ont alors adapté les modalités de scrutin pour le rendre plus démocratique. Au XIXe, quand n'y avait pas de mairie, on pouvait voter dans des bistrots, d'où des pratiques de corruption, d'achats de voix plus faciles d'autant plus qu'il n'y avait au début pas de contrôle. On va alors assister à une généralisation des pratiques, comme le vote secret, que Montesquieu avait refusé, et qui a été adopté en France en 1913. [...]
[...] Au niveau de la science politique, le suffrage universel s'appuie d'abord sur l'égalité : c'est un homme = une voix. Mais si c'est le système de désignation des dirigeants le plus efficace, ce n'est pas le plus démocratique. Seul le tirage au sort permet une totale égalité entre les citoyens. Montesquieu disait : le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie, le suffrage par le choix est de celle de l'aristocratie Une fois que l'on a considéré que le SU est incontournable, il faut trouver comment l'appliquer. [...]
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