Genèse de la politique moderne

Thèmes abordés

politiques, pensée politique moderne, La République, démocratie, France, vote, élection, participation électorale, citoyenneté, participation citoyenne, droit de vote

Résumé du document

Étude de la construction socio-historique de la démocratie en France, notamment sous la III? République : émergence des fondements de la démocratie représentative et de la lutte politique.

La République et la pratique du vote s'imposent peu à peu comme un régime incontesté suite à l'instabilité constitutionnelle du XIX? siècle, le vote devient l'outil légitime de distribution du pouvoir. Ainsi, la lutte politique s'intensifie et la politique apparaît comme une activité spécialisée et autonome par rapport aux différentes activités sociales. Les partis politiques encadrent le suffrage vers la fin du XIX? siècle et deviennent des acteurs essentiels de cette nouvelle compétition politique.

Extraits

[...] Idéologisation de la vie politique française. La vie politique se constitue peu à peu en un véritable « champ politique » selon l'expression de Bourdieu, c'est-à-dire un espace relativement autonome et au sein duquel les acteurs sont en concurrence pour l'accès aux positions dominantes, la politique et ses acteurs se différencient des acteurs religieux, économiques et autres. Afin d'accumuler du capital politique, les acteurs politiques doivent ainsi se reposer sur les citoyens, il n'existe pas de système de cooptation. Les partis, les hommes et femmes politiques sont devenus des évidences naturelles, le résultat d'une histoire faite d'apprentissage et de transactions. [...]

[...] Le vote est un acte politique mais à forte dimension sociale : lien social vertical entre l'Etat et le citoyen, rite de passage pour les primo-votants. L'inculcation du devoir civique a été rendue possible par l'école républicaine mais également par l'Eglise ou bien les candidats eux-mêmes ainsi que la presse. Concernant l'école, les manuels scolaires favorisent l'engagement civique et la portée symbolique du vote en tentant de les introduire dans les mœurs Ecole et citoyenneté : « Celui qui ne va pas voter s'inflige une blessure lui-même », « Celui qui vend son vote est aussi méprisable que celui qui l'achète ». [...]

[...] Transformation du jeu politique et irruption de nouveaux acteurs. Un processus historique La compétition électorale de la période censitaire est très limitée, peu compétitive avec des notables en situation de monopole politique qui entretiennent un véritable clientélisme. Le suffrage universel va élargir les chances d'accès au mandat politique puisqu'après 1848, la relation politique va s'affranchir des logiques du donnant-donnant. Instauration d'une nouvelle relation entre candidats et électeurs. Les élections deviennent de plus en plus concurrentielles et les candidats vont s'organiser en groupements parlementaires puis en partis politiques en diffusant leurs idées au niveau national. [...]

[...] Dans son accomplissement, le vote contribue à l'intégration du citoyen à la collectivité, il symbolise l'égalité politique des citoyens. L'acte électoral substitue au conflit ouvert un affrontement ritualisé entre adversaires politiques. Pacification et civilisation des mœurs + apparition d'expressions comme le « vote contestataire ». Le vote permet dans un premier temps un contrôle efficace des gouvernés sur les gouvernants puis de légitimer les gouvernants consensus de la patience. Avant 1848, le vote possède une dimension fortement communautaire, ça n'est que progressivement qu'il va servir de moyen d'expression individuelle. [...]

[...] On peut ainsi distinguer deux catégories d'acteurs politiques : Les élites traditionnelles qui existaient déjà dans le cadre du suffrage censitaire Weber parle de « petits entrepreneurs politiques indépendants » avec seulement électeurs et un cens de francs sous la Restauration. Les notables défendent principalement des idéaux plus que des idées politiques. Les professionnels : celui « qui vit de et pour la politique » selon Weber idée de vocation et que l'activité politique procure un revenu. [...]