Les élections municipales de mars 1989 étaient les premières élections à enjeu global depuis les élections législatives de juin 1988. À ce titre, elles allaient permettre de connaître les rapports de force électoraux neuf mois après l'alternance politique qui avait vu le retour de la gauche aux affaires gouvernementales. Au soir du premier tour, les choses ont apparemment peu bougé. Avec 50,4 % des suffrages exprimés, la droite reste majoritaire en France. La gauche stricto sensu se situe à un niveau d'étiage de 38,2 % alors que se renforce le pôle des forces qui tentent d'échapper au clivage gauche-droite.
[...] sondage post-électoral B.V.A.-Le Figaro, réalisé du 13 au 16 mars 1989 auprès de personnes). Un rapport de forces toujours favorable à la droite Victime d'une mauvaise mobilisation, la gauche se retrouve à un niveau d'étiage de 38,2 p des suffrages exprimés. Cette faible performance s'explique aussi par le fait qu'une partie des électeurs de gauche disparaît dans cette famille à l'étiquette obscure qu'est la gauche centriste Selon le ministère de l'Intérieur, celle-ci rassemble les listes d'entente entre divers éléments de gauche et divers éléments centristes Comme il est impossible de distinguer clairement dans les 9,8 p réunis par cette famille ce qui relève respectivement de la droite et de la gauche, nous avons préféré comme le fait d'ailleurs le ministère de l'Intérieur l'agréger aux écologistes et aux régionalistes dans un groupe intitulé Autres qui rassemble, toutes tendances confondues p des suffrages exprimés. [...]
[...] On a l'impression que le vote de témoignage se renforce aux dépens du vote d'utilité. Le développement du premier type de vote accentue la fragmentation de la donne politique. Trois mois plus tard, un tiers environ du corps électoral soutiendra les petites listes présentes aux élections européennes. L'année 1989 a vu l'éclosion électorale des tendances centrifuges qui travaillaient notre système de partis depuis cinq ans. Tout était réuni pour qu'il en fût ainsi : les élections de mars étaient locales et contenaient un zeste de proportionnelle, celles de juin étaient sans enjeu proche et à la proportionnelle intégrale. [...]
[...] L'objectif n'est plus d'envoyer un signal au gouvernement, mais d'élire des équipes municipales pour gérer les communes. Les électeurs accompagnent ce mouvement en affirmant la dépolitisation et la dégouvernementalisation des élections municipales. Dans un sondage Sofres de février p des personnes interrogées (contre 51 p en 1983 et 62 p en 1977) pensent que les élections municipales seront des élections politiques p considèrent qu'elles seront locales p souhaitent que les électeurs profitent de cette occasion pour manifester leur mécontentement à l'égard du gouvernement. Ils étaient 49 p en 1983. [...]
[...] (contre 89 p en 1983) souhaitent que les électeurs profitent des élections municipales pour manifester leur mécontentement (cf. sondage Sofres-presse de province, 18-22 février 1989). Faute d'une forte dynamique d'opposition et taraudée sur son aile droite par le F.N., la droite classique a resserré les rangs et n'a que peu pratiqué l'affrontement en primaires (13 dans les villes de plus de habitants et 59 dans les villes de plus de 9 000). Au soir du premier tour, le R.P.R. remporte une victoire symbolique sur l'U.D.F. [...]
[...] Mais, dès le second tour, tout était rentré dans l'ordre bipolaire et les partis traditionnels avaient retrouvé toute leur emprise sur les électeurs. Lors du second tour des municipales de 1989, ce mécanisme de vote utile et de rebipolarisation s'est grippé. Verts et Front national se maintiennent dans de très nombreuses villes et ne sont que peu atteints par la logique de vote utile. Dans certaines villes (Belfort, Marseille, Nice, Roubaix et Toulon pour le F.N. ; Besançon, Cholet, Colmar, Limoges, Saint-Brieuc pour les Verts), l'électorat des petites listes connaît même une forte croissance du premier au second tour. [...]
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