Jean-Marie Le Pen est né le 20 juin 1928 à La Trinité sur Mer dans le Morbihan. Il est issu des courants poujadistes qu'il a ensuite quittés en décidant de s'engager en Algérie et en s'alliant aux ultras favorables à l'Algérie française. En 1958 il s'apparente au Centre National des Indépendants et des Paysans et devient député et en 1960 il participe à la création du Front national pour l'Algérie française puis entame sa propre « traversée du désert ». Il revient sur la scène politique lorsqu'Ordre nouveau qui cherche à se donner une façade respectable pour rentrer dans l'arène électorale se tourne vers lui et le nomme le 27 octobre 1972 président du Front national. La faible performance du parti à l'élection présidentielle de mai 1974 (0,75% des suffrages exprimés) montre la difficulté qu'a l'extrême droite à sortir de la marginalité groupusculaire.
Cependant peu à peu, le chef du FN agrège autour de lui différentes familles de l'extrême droite. A l'aube des années 1980, le mouvement et son leader sont prêts à entrer dans la bataille politique, d'autant plus que la victoire de la gauche en 1981, l'abattement des partis de la droite modérée et l'accentuation de la crise sociale et politique ouvrent un espace pour une droite protestataire. Le FN sort de l'ombre et, aux élections municipales de mars 1983, Jean Marie Le Pen recueille 11,3% des suffrages exprimés dans le XX° arrondissement de Paris. Le 17 juin 1984 la liste qu'il conduit aux élections européennes réunit 11% des suffrages exprimés. En 1986 Jean Marie Le Pen est également élu député de Paris à l'Assemblée nationale et il préside un groupe de trente-cinq députés. Le 3 avril 1987, dans ce discours délivré à La Trinité Sur Mer, Jean-Marie Le Pen annonce officiellement sa candidature à la présidence de la République. Les élections de 1988 sont d'un enjeu crucial : le FN doit prouver qu'il n'est pas qu'un éclatement passager de l'extrême droite comme cela l'a toujours été en France mais qu'au contraire il est en train d'acquérir un véritable ancrage. Nous pouvons nous demander comment les enjeux soulevés par ce discours expliquent le succès croissant du FN au regard du contexte politique et social de la France de cette époque.
[...] Dans ce discours, Jean Marie Le Pen définit la place de son parti sur l'échiquier politique. De nombreuses références historiques montrent tout d'abord que le Front National est un parti hérité de la droite traditionnelle. Le Front National s'oppose tout d'abord à la gauche. D'après Jean Marie Le Pen, les problèmes économiques rencontrés par la France à cette époque ne sont que les conséquences des mesures socialistes : contre le chômage, contre la crise économique et contre le socialisme qui les a engendrés La gauche arrivée au pouvoir en 1981 peine à résoudre les problèmes tels que la montée du chômage. [...]
[...] Jean Marie Le Pen ayant d'ailleurs été membre du courant poujadiste puis du CNI. On retrouve ici cette idée de la soumission des petites gens aux puissants dans sa critique des oligarchies : le pouvoir sous toutes ses formes (économique, culturelle, politique ) serait accaparé par les mêmes personnes. Jean Marie Le Pen dénonce l'impuissance des partis traditionnels : les partis traditionnels, les institutions elles-mêmes, sont incapables ou impuissants à faire échec à ce destin sinistre Le Front National rejette tous les partis politiques sans presque les distinguer. [...]
[...] Le Pen promet de sortir la France de la crise. Ce discours est un discours d'entrée en campagne pourtant Jean Marie Le Pen ne propose pas de mesures concrètes, mais un programme très vague de redressement moral pour les Français. Ceci peut montrer que le Front National apparaît déjà davantage comme un parti condamné à rester dans l'opposition que comme un potentiel parti de gouvernement. Les mesures évoquées dans ce discours s'apparentent aux idées d'une droite conservatrice désireuse d'ordre : il s'agit par exemple de remettre à l'honneur la foi patriotique à partir de la famille et de l'école Le discours de Jean Marie Le Pen parait ici assez paradoxal : la solution à la crise économique serait un redressement moral. [...]
[...] En critiquant les échecs et de la gauche et de la droite mis en lumière par la période de cohabitation, le front national devient alors le confluent politique de toutes les protestations : c'est lui qui exerce le monopole de la fonction tribunitienne, laquelle consiste à exprimer et retraduire politiquement le malaise social. Le thème du FN seule et vraie opposition devient d'ailleurs l'un des axes centraux de la campagne présidentielle de Jean Marie Le Pen. La campagne d'affichage relaie ce thème du seul outsider confronté aux vieux chevaux de retour et apparaît sur les panneaux avec le texte suivant : François ? . Jacques ? . [...]
[...] L'immigration apparaît comme le danger le mieux identifié par les auditeurs ou les lecteurs de Jean Marie Le Pen, mais aussi comme une position caractérisant le plus son discours. C'est sur ce thème qu'il s'est fait connaître et qu'il a pu se démarquer des autres acteurs politiques ; c'est aussi ce qui lui a permis d'être accueilli dans les principaux médias. Le point culminant de cette stratégie de démarcation a sans doute été le slogan : Trois millions d'immigrés, trois millions de chômeurs l'objectif de Jean Marie Le Pen étant d'offrir une réponse simple à la principale préoccupation des Français, le chômage. [...]
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