François Mitterrand, discours devant le Bundestag, 20 janvier 1983, Guerre Froide, solidarité internationale, Europe occidentale, armement, URSS
Après une période de Détente (1962-1975 en Europe), à partir de 1978, le climat international se caractérise par un retour progressif à la glaciation. Le monde occidental vit dans la peur que les Russes lui coupent l'accès aux richesses du golfe Persique, alors que 80% de l'économie des États industriels occidentaux dépend des approvisionnements pétroliers. Dans un tel cas, personne ne doute que les USA, tant pour protéger leurs propres intérêts que ceux de leurs alliés, entreraient en lice.
Pourtant, la donne a changé depuis l'époque de la Guerre Froide. Jusqu'au milieu des années 60, les USA jouissaient d'une supériorité certaine en matière d'armements, qui jouait un rôle parfaitement dissuasif à l'encontre de l'URSS, à savoir que la moindre attaque des Russes déclencherait contre eux le feu nucléaire. Mais avec l'accession de l'URSS à l'arme nucléaire (essai de la 1ère bombe A le 20 août 1949, et explosion de la 1ère bombe H –cent fois plus puissante que la bombe A- le 12 août 1953), on peut presque parler de « parité » entre les 2 Grands. Toutefois, en Europe de l'Ouest, nombreux sont ceux qui pensent qu'en cas de guerre générale, les USA ne prendraient pas le risque de leur destruction assurée. On parle de plus en plus de « découplage » entre les 2 façades du monde atlantique (i.e. l'absence de transition entre la dissuasion américaine et la protection de l'Europe).
[...] ] plusieurs fois le chef de l'État français rappelle la puissance de l'arme nucléaire et le danger encouru. Il rappelle également que les 2 Grands ont, si j'ose dire, l'avenir du monde entre leurs mains, puisque la puissance de leur arsenal est telle qu'ils pourraient se permettre d'utiliser réellement l'arme nucléaire, alors que les Petits comme la France, ne peuvent en pratique que s'en servir comme un instrument de dissuasion : Si l'une des 2 plus grandes puissances détruisait tous ses missiles à moyenne portée, il lui resterait encore des milliers de fusées, alors que la France y perdrait un élément déterminant de sa capacité dissuasive. [...]
[...] Mais avec l'accession de l'URSS à l'arme nucléaire (essai de la 1[ère] bombe A le 20 août 1949, et explosion de la 1[ère] bombe H - cent fois plus puissante que la bombe le 12 août 1953), on peut presque parler de parité entre les 2 Grands. Toutefois, en Europe de l'Ouest, nombreux sont ceux qui pensent qu'en cas de guerre générale, les USA ne prendraient pas le risque de leur destruction assurée. On parle de plus en plus de découplage entre les 2 façades du monde atlantique (i.e. l'absence de transition entre la dissuasion américaine et la protection de l'Europe). Ce débat prend sens en 1977, puisque les Soviétiques commencent à déployer sur leur territoire leurs nouveaux missiles, les SS-20. [...]
[...] Problématique : Quelle vision de la place des pays d'Europe occidentale qu'a François Mitterrand par rapport aux deux Grands transparaît dans ce discours ? Dans un premier temps, il prétend s'exprimer au nom de la paix, avant d'appeler à la solidarité internationale, pour finir par refuser de mettre la France à la botte d'une grande puissance. Un discours placé sous le signe du rameau d'olivier (l. 1-15) La 1[ère] phrase de l'extrait est une référence au pacifisme : Nos peuples haïssent la guerre . [...]
[...] Conclusion : Ce texte n'est peut-être que la retranscription d'un discours du point de vue matériel, et ne fait pas autorité comme peut le faire un traité, mais je pense que l'on doit considérer ce discours comme un élément marquant de la construction européenne : D'abord, parce qu'il resserre les liens d'amitié franco-allemande, qui sont le ciment de la construction européenne Ensuite, parce qu'il replace la question de la paix, souvent éludée dans les débats actuels sur les enjeux européens, au centre de l'intégration européenne Enfin, et c'était particulièrement visible à l'époque du monde des blocs, parce que la construction européenne y apparaît comme une alternative à la subordination des États d'Europe à une plus grande puissance (en l'occurrence les États-Unis). [...]
[...] Le volet de la décision prévoit un ensemble de mesures destinées à faire progresser la maîtrise des armements et l'instauration de la confiance afin d'améliorer la sécurité mutuelle et la coopération dans l'ensemble de l'Europe. François Mitterrand appelle ensuite les 2 Grands à prendre leurs responsabilités dans les négociations START de Genève : Il dépend de ceux qui négocient de préparer les chemins de l'harmonie indispensable. et il les invite à trouver un consensus, au-delà des clivages idéologiques, pour débloquer la situation : Il suffit de l'un des 2 partenaires, quand ils ne sont pas 2 à s'y refuser, pour que l'accord ne puisse pas se faire. [...]
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