L'originalité de Say et de l'école française tient notamment au rôle qu'elle attribue à l'utilité dans la détermination de la valeur. Le rôle attribué à l'entrepreneur est également une caractéristique importante de cette école. Say est considéré aussi comme un précurseur de Walras en raison de sa conception de l'interdépendance des marchés des services producteurs et des biens.
On lui reconnaît également une contribution originale sur le plan méthodologique, qui le différencie du noyau dur, ricardien, de l'école anglaise : tout en se faisant l'avocat d'une approche analytique de l'économie, il critique la méthode abstraite et déductive de Ricardo, à qui il reproche de ne pas suffisamment confronter ses résultats aux faits.
Bien entendu, aujourd'hui, le nom de Say reste avant tout associé à la loi des débouchés, selon laquelle la production (l'offre) de marchandises définit simultanément une demande équivalente de marchandises, et à sa conséquence, l'impossibilité de crises généralisées de surproduction. Cette loi a été stigmatisée, en particulier, par Keynes qui voyait dans la loi de Say le « postulatum d'Euclide » permettant à la théorie classique (dans laquelle il incluait l'analyse néoclassique) de nier l'existence d'un chômage involontaire.
[...] Elle enseigne, précise-t-il, « comment se forment, se distribuent et se consomment les richesses qui satisfont aux besoins des sociétés » (Traité, p. et elle est indépendante de la politique proprement dite, qui est la science de l'organisation de la société. Il propose ainsi une vision selon laquelle « les richesses sont essentiellement indépendantes de l'organisation politique ». Il est convaincu que « Nos connaissances en économie politique peuvent être complètes, c'est-à-dire que nous pouvons parvenir à découvrir toutes les lois qui régissent les richesses » (ibid., p. [...]
[...] Ces autres besoins « peuvent se multiplier indéfiniment, et les produits capables de les satisfaire peuvent se multiplier de même et s'échanger entre eux » (ibid., i p. 146). III/LES GRANDS THÈMES DE L'ÉCONOMIE DE SAY A°)La référence à l'utilité L'utilité fonde la valeur d'échange des biens : « La valeur que les hommes attachent aux choses a son premier fondement dans l'usage qu'ils peuvent en faire » (Traité, I p. 50). Mais bien sûr, précise l'auteur, cette estimation resterait arbitraire et vague si elle ne dépendait que de l'individu qui possède le bien estimé. [...]
[...] Il y séjourne deux années. De retour à Paris en 1787, il entre dans une compagnie d'assurance dirigée par le financier et futur ministre des Finances Etienne Clavière, qui lui fera découvrir la Richesse des nations de Smith. À cette époque, il s'intéresse à la littérature et il écrit même des pièces de théâtre. Il s'intéresse également aux idées révolutionnaires, qu'il contribue à répandre en collaborant à plusieurs publications, dont le Courrier de Provence de Mirabeau, et en participant à la fondation (en 1794) d'une revue : La décade philosophique, littéraire et politique. [...]
[...] Mais, comme le note Sowel (1991), la controverse soulevée par la loi de Say « n'entraîna pas simplement des oppositions entre propositions théoriques, mais aussi des conflits concernant des propositions empiriques, des confrontations politiques [ . ] ». Le XIXe siècle fut en effet bien peu conforme aux prédictions optimistes de Say. À l'issue des guerres napoléoniennes, l'Angleterre connut une grave dépression, la France puis l'Amérique furent elles aussi confrontées à de graves crises. La révolution industrielle fut trop souvent synonyme de chômage et de misère pour laisser espérer la réalisation spontanée d'un équilibre économique harmonieux. [...]
[...] Mais, bien sûr, il reste alors à déterminer les rapports d'échange. La mesure de la valeur et sa détermination apparaissent ainsi comme deux questions séparées, alors que la théorie de la valeur-travail les réunit en supposant que le travail dépensé dans la production des marchandises détermine leurs rapports d'échange. En récusant la théorie de la valeur-travail, Say donne un rôle accru au jeu de l'offre et de la demande. Chez Ricardo, l'offre et la demande peuvent seulement influer sur le prix courant (ou de marché), qui fluctue autour du prix naturel déterminé par le coût des marchandises en travail. [...]
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