protectionnisme, solution, danger, économie, économistes
« Le protectionnisme mérite un examen sérieux et non la caricature de quelques économistes obtus, attachés au libre-échange comme à un sacro-saint principe » déclara Emmanuel Todd, récemment. Emanuel Todd est un démographe, historien et politologue français qui depuis plusieurs années défend l'idée d'un protectionnisme européen comme solution d'avenir, et tente de lui enlever son image de moyen de production dangereux et obsolète.
Depuis la crise de 2008, le libéralisme est critiqué de manière virulente tout comme le libre échange qui en est une application directe. Par conséquent, un courant de sympathie se crée pour le protectionnisme qui aurait pour but théorique de réindustrialiser la France, de lui rendre ses emplois perdus. Cela explique que la croissance de la popularité du protectionnisme soit liée à la croissance du chômage.
Le protectionnisme est un ensemble de politiques, économiques consistant à protéger la production nationale contre la concurrence étrangère. Longtemps le protectionnisme ne s'est appliqué que de manière tarifaire (c'est à dire par des droits de douanes ou des taxes), cependant se développe depuis de nombreuses années maintenant une autre forme de protectionnisme : le protectionnisme non tarifaire, c'est à dire l'instauration de normes, de quotas, lois, essentiellement des mesures administratives.
Le protectionnisme est aujourd'hui popularisé par de nombreux économistes de tous bords idéologiques, et vivement défendu contre la critique libérale qui voit en lui une menace et des relents de totalitarisme.
[...] Cependant le protectionnisme peut constituer une solution conjoncturelle. Le protectionnisme ne porte plus aujourd'hui l'aura négative qui l'a suivie pendant la seconde partie du XXème siècle. Aujourd'hui de nombreux économistes et hommes politiques semblent reconsidérer ce moyen de produire comme étant pertinent. Cela peut s'expliquer par la critique récurrente que subit la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, en effet celle-ci a agi comme ligne de conduite de nombreux hommes politiques pendant de nombreuses années, mais depuis certains économistes ont montrés que cette théorie servait plus à justifier une situation déjà établie (celle de la Grande Bretagne) afin de pouvoir continuer à exploiter des pays comme le Portugal (dans l'exemple ricardien) qui fut maintenue en situation de sous-développement par la Grande Bretagne pendant presque deux siècles. [...]
[...] Paul Krugman a défendu récemment le protectionnisme qu'il considère comme une solution moins mauvaise que le maintien de libre échange dans les conditions actuelles. En effet, avec la crise la plupart des Etats se replient sur eux-mêmes et en l'absence de coopération le protectionnisme est plus justifié que le libre échange, car il est légitime que les Etats cherchent à maximiser les retombées de leurs politiques de relance en érigeant des barrières douanières. Tout comme Keynes, cependant, il se garde bien de tomber dans un système entièrement protectionniste. [...]
[...] Cette clause favorise l'émergence du libre échange et permet à chaque nation d'améliorer sa compétitivité de manière exponentielle. Dans cette perspective est signé le traité Cobden-Chevalier en 1860 entre la France et l'Angleterre. Ce traité prévoit la suppression des barrières douanières entre ces deux pays pour les matières premières et la majorité des produits alimentaires. Ce traité voulu par Napoléon III est vu comme un coup d'État par la plupart des Français qui restent traditionnellement attachés au protectionnisme. Illustration du virage protectionniste, ce traité ne sera pas reconduit en 1882. [...]
[...] Ou encore, lors de l'ouverture du mur de Berlin en 1989, la Trabant constitue le symbole de la faillite de la république démocratique allemande et de l'échec d'une politique protectionniste. En effet la Trabant est la seule voiture fabriquée en RDA, mais correspond du point de vue technique à une voiture occidentale des années 50, ce retard technologique d'une quarantaine d'années ne pardonne pas. La production s'effondre, les consommateurs se ruent sur les Volkswagen, moins chères et bien plus avancées. On constate ainsi une brèche dans la théorie protectionniste, et l'on peut s'appuyer sur le constat de l'Espagne bullioniste du XVIIème siècle. [...]
[...] En 1830, est mis en place en Allemagne, le Zollverein qui consiste en une Union douanière de la majeure partie des États allemands afin de renforcer son marché intérieur et ses entreprises après les partes financières dues aux différentes guerres. Le Zollverein a permis à l'industrie et au commerce allemand de connaître un très fort essor durant la première moitié du 19ème siècle. En France, l'influence mercantiliste encore très forte fait naitre le colbertisme qui favorise le protectionnisme éducateur par la création de manufactures royales, ainsi que des subventions à l'exportation. Dans l'ensemble, le 19ème siècle est très protectionniste même si nous verrons plus tard qu'il y eut un petit intermède libre échangiste de 1846 à 1879 environ. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture