Le terme NAIRU est un acronyme pour « Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment » soit, en français, le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation. Ce concept économique fut mis en place au début des années 1980 par le keynésien James Tobin, d'après les travaux de Modigliani et Papademos publiés en 1975 et en réaction avec le taux de chômage naturel (NRU) développé par Milton Friedman et l'école libérale de Chicago.
Modigliani et Papademos avaient en effet trouvé par leurs études l'existence d'une impossibilité à faire descendre le taux de chômage en dessous d'un certain niveau sans avoir pour conséquence une accélération de l'inflation. Ce taux de chômage fut ainsi appelé « non-inflating rate of unemployment » (NIRU) puis NAIRU. Par ailleurs, selon cette observation, lorsque le taux de chômage est égal au NAIRU, l'inflation n'est pas accélérée et lorsqu'il lui est supérieur, l'inflation ralentit.
[...] Le concept de NAIRU dépasse donc l'analyse de Philips en ce qu'il envisage la variation de l'inflation et non plus l'inflation elle-même. Le NAIRU : un indicateur économique Suivant cette définition donnée du NAIRU, on s'aperçoit que cette donnée constitue un indicateur intéressant pour caractériser les différentes économies mondiales. Le NAIRU est en effet une valeur chiffrable qui, dès sa création, a été utilisée par les banques centrales et les organisations économiques internationales en tant qu'outil d'évaluation. Il est, de plus, variable : la relation existant entre inflation et taux de chômage envisagé par cette analyse n'est pas stable et varie selon différents critères explicités plus loin. [...]
[...] Ce taux de chômage fut ainsi appelé non-inflating rate of unemployment (NIRU) puis NAIRU. Par ailleurs, selon cette observation, lorsque le taux de chômage est égal au NAIRU, l'inflation n'est pas accélérée et lorsqu'il lui est supérieur, l'inflation ralentit. Cette observation découle directement de l'analyse faite par Philips. La courbe établie par cet économiste montre en effet la relation directe existant entre le taux de chômage et le taux de croissance des prix (inflation) ou des salaires. Selon l'étude de Philips, le taux de chômage joue en effet sur l'augmentation des salaires : lorsque le taux de chômage est faible (marché du travail tendu), les salariés sont en position de force, leur pouvoir de négociation grandit, et les salaires augmentent, créant ainsi à la fois une demande plus forte et une augmentation des coûts des productions aboutissant à une accélération de l'inflation. [...]
[...] Ainsi, plus le NAIRU est faible plus une inflation stable pourra aller de pair avec un taux de chômage faible. C'est selon ce raisonnement que l'OCDE et le FMI utilisent cet indicateur comme outil de comparaison des différentes économies mondiales. Les chiffres publiés par l'OCDE indiquent ainsi qu'en 2007 le NAIRU pour l'Allemagne était de pour la France de contre pour le Royaume-Uni pour les Etats-Unis et pour le Japon. Les écarts entre ces valeurs traduisent donc des différences aussi bien conjoncturelles que structurelles entre les économies. [...]
[...] Blinder, The Internet & the New Economy, The Brookings Institution, Policy Brief June 2000. C.D. Echaudemaison, Dictionnaire d'Economie et de Sciences Sociales, Paris, Nathan W. Niskanen, On the Death of the Philips Curve, San Francisco, Cato Journal Vol Fall 2002. [...]
[...] Dans la lignée de la courbe de Philips, il pose en effet la question de l'arbitrage entre inflation et taux de chômage, déterminante pour la fixation d'une politique de court et moyen terme. La stagflation des années 1970 et 1980 a cependant montré que chômage fort et inflation n'étaient pas incompatibles. L'analyse liée au concept de NAIRU s'est alors avérée utile, car, sur le long terme, elle montre que la variation du taux de chômage a des causes structurelles importantes et qu'il revient aux pouvoirs publics d'effectuer des réformes pour faire baisser la valeur du NAIRU. [...]
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