Modèle de CROISSANCE proposé par Robert Solow dans un article publié en 1956 dans The Quarterly Journal of Economics et intitulé « A contribution to the theory of economic growth » ; il est considéré comme le modèle de croissance NÉO-CLASSIQUE de référence.
Solow écrit, dès le début de son article : « Il y a une seule marchandise, le produit pris dans son ensemble [...]. On peut donc parler sans ambiguïté du revenu réel de la commu¬nauté. » On est donc dans un monde à un seul bien (si on omet le travail), souvent appelé le « blé », et à un seul agent, la « commu¬nauté », ce qui explique pourquoi le modèle de Solow est présenté dans les ouvra¬ges de MACROÉCONOMIE. Solow suppose que, à chaque instant, la « communauté » investit une partie fixe, notée s, du produit (la partie restante étant consommée) et que toute la main-d'oeuvre disponible est employée (« full employment is perpetually maintained »).
[...] Pour montrer qu'il y a convergence vers un état stationnaire, Solow suppose que les techniques de production disponibles sont représentées par la FONCTION DE PRODUCTION NÉO-CLASSIQUE, ce qui implique notamment que le travail et le capital sont substituables, et que les RENDEMENTS D'ÉCHELLE sont constants. Tout n'est ensuite qu'une question de traitement mathématique. Malheureusement, les présentations usuelles du modèle de Solow accordent une attention toute particulière à ces hypothèses d'ordre technique, alors qu'elles ne sont que secondaires, si on les compare à celles qui précisent la nature de la société ou de économie que le modèle étudie. [...]
[...] C'est cette condition que Keynes condamne avec virulence trente ans auparavant. Intérêt et portée du modèle de Solow Il existe donc une grande confusion sur la nature du modèle de Solow, et sur ce qu'il démontre. Pourquoi ? On ne voit pas d'autre explication que les préjugés, la croyance profondément enracinée que la flexibilité implique le plein emploi. En effet, si on dit : Solow a démontré que si une "communauté" consomme une partie constante de sa production et combine la partie suivante avec du travail, dans des proportions variables, alors la production et la consommation vont progressivement croître à un rythme constant, qui est celui auquel augmente le travail disponible ce qui donne une idée sommaire, mais juste, de la nature du modèle de Solow, alors on se trouve devant une proposition d'un intérêt plutôt limité ; il n'y a pas de quoi lui consacrer des heures et des heures de cours. [...]
[...] Pour ajouter à la confusion, la plupart des présentations formalisées introduisent des prix dans le modèle de Solow, bien qu'ils n'y jouent aucun rôle. Le truc consiste alors à appeler salaire réel en t la productivité marginale, en du travail et taux d'intérêt réel en t la productivité marginale, en du capital . Comme l'égalité productivité marginale d'un input = prix (réel) de cet input, est typique de la CONCURRENCE PARFAITE, on dira alors que le modèle de Solow décrit l'évolution d'une économie en concurrence parfaite , ce qui est d'ailleurs en totale contradiction avec le discours usuel selon lequel celle-ci suppose un grand nombre d'agents (alors qu'ici il n'y en a qu'un seul . [...]
[...] Ce qui ne fait que conforter une idée largement répandue. Parfois, le modèle de Solow est utilisé pour illustrer la théorie dite de la convergence : quelle que soit leur situation initiale, tous les pays tendraient à devenir semblables, à la longue les plus arriérés qui ont un capital par tête initial faible, rattrapant les plus avancés, en accumulant du capital. On peut toutefois douter de l'intérêt d'une telle démonstration, vu le caractère rudimentaire du modèle, un seul bien, une fonction de production à deux variables qui représente l'ensemble des techniques disponibles. [...]
[...] Lorsqu'on ajuste les données concernant le PIB, le capital et le travail, en utilisant une fonction homogène de degré elle prend la forme d'un résidu un reste inexpliqué (par les variables du modèle), appelé résidu de Solow et généralement attribué au progrès technique et aux innovations de tout ordre (l'un et les autres étant considérés comme des facteurs exogènes, extraéconomiques, du moins avant que la théorie de la croissance endogène ne devienne à la mode). Sur un tout autre registre, on peut se poser la question, clairement normative, du taux d'épargne s (paramètre du modèle) qui permet de parvenir à la consommation par tête la plus élevée possible sur le long terme» (c'est-à-dire, à l'état stationnaire). Ce genre de questions est de celles que peut se poser un planificateur, qui cherche à assurer le niveau de vie le plus élevé possible à la population. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture