Modèle proposé par l'économiste anglais Roy Harrod en 1939 dans un article publié dans l'Economic Journal et intitulé « An essay in dynamic theory », où il cherche à dégager les conditions d'une CROISSANCE équilibrée, c'est-à-dire avec plein emploi des ressources, dans une économie capita¬liste (« de marché »).
Harrod reprend, pour l'essentiel, les analyses de KEYNES et se propose d'en dégager les conséquences « sur le long terme », c'est-à-dire dans une perspec¬tive de croissance et d'accumulation. Il mon¬tre alors que les dysfonctionnements du capitalisme sur lesquels Keynes avait attiré l'attention deviennent encore plus flagrants dès qu'on envisage son évolution sur plusieurs périodes. Ainsi, même s'il y a plein emploi à un moment donné, la logique du sys¬tème veut que les conditions de son maintien soient rompues en permanence, ou qu'elles ne soient remplies que de façon tout à fait exceptionnelle.
D'où, en filigrane, l'idée de la nécessaire intervention de l'État pour rétablir ces conditions, du moins en partie.
[...] Mais même si les paramètres de comportement adaptent les problèmes demeurent. Ainsi, si le taux garanti s/v est strictement inférieur au taux de croissance de la population le chômage peut ne pas augmenter si le taux d'épargne s s'accroît et, avec lui, l'investissement (on suppose être sur le sentier d'équilibre). Si tel est le cas, alors il y a hausse du revenu national, ce qui rend le maintien de la croissance équilibrée encore plus problématique (indépendamment du fait qu'elle a lieu «sur le fil du rasoir puisqu'un revenu plus élevé implique une épargne plus forte et nécessite donc un investissement qui le soit aussi. [...]
[...] Ainsi, même s'il y a plein emploi à un moment donné, la logique du système veut que les conditions de son maintien soient rompues en permanence, ou qu'elles ne soient remplies que de façon tout à fait exceptionnelle. D'où, en filigrane, l'idée de la nécessaire intervention de l'État pour rétablir ces conditions, du moins en partie. La notion de sentier d'équilibre Harrod part de l'idée qu'on trouve chez Keynes, à quelques nuances près, selon laquelle l'épargne S est proportionnelle au revenu Y ; soit : , la propension à épargner s est strictement comprise entre 0 et 1. [...]
[...] Harrod suppose en outre que l'investissement I est proportionnel aux variations du revenu (principe de l'ACCÉLÉRATEUR), donc que : , avec v > 0. Pour qu'il y ait ÉQUILIBRE, il faut que l'épargne et l'investissement désirés (Ex ANTE) soient égaux ; cette condition s'écrit ici : , ou de façon équivalente : L'équilibre nécessite donc que le taux de croissance du revenu national soit égal au rapport rapport que Harrod appelle taux de croissance garanti. Or, il n'y a aucune raison a priori pour que l'égalité soit vérifiée dans une économie où les variations du revenu national résultent des choix individuels (aux motifs divers et fluctuants), alors que le rapport s/v est une donnée structurelle a priori, du système. [...]
[...] Ainsi, laissée à elle-même, l'économie capitaliste,ou de marché tend à la stagnation, au sous-emploi des ressources ; d'où le message implicite au modèle de Harrod : l'État doit intervenir pour éviter que s'enclenche la spirale déflationniste, ou pour en limiter les effets. On retrouve des conclusions proches de celles de Harrod dans le modèle de DOMAR, qui insiste sur la contradiction qu'il y a d'échapper au chômage par l'investissement, alors que celui-ci joue contre le plein emploi (mise en oeuvre de capacités de production excédentaires). C'est d'ailleurs pourquoi on parle souvent du modèle Harrod-Domar qu'on oppose au modèle de SoLow qui, lui, postule le plein emploi des ressources. [...]
[...] Comme celle-ci est supposée évoluer au même rythme que le revenu national, le maintien du plein emploi nécessite donc que: Or, pour qu'il y ait équilibre sur le marché des biens le taux de croissance du revenu national doit être égal au taux de croissance garanti, s/v [égalité Ainsi, la croissance équilibrée avec plein emploi des hommes nécessite que les égalités et soient toutes deux vérifiées, et donc que : La relation porte exclusivement sur des paramètres du modèle, c'est-à- dire sur des variables EXOGÈNES, prédéterminées. Il n'y a donc aucune raison pour que ces paramètres vérifient cette relation. [...]
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