Note de synthèse d'un article de Hubert Brochier
(Problèmes économiques n°2382) : elle fait le point sur l'apport de l'individualisme économique dans différentes théories de l'analyse économique, puis met en évidence le dépassement de cette méthode, en évoquant les avancées de la recherche actuelle en épistémologie de l'Economie.
[...] L'individualisme méthodologique est-il applicable à la science économique ? Introduction Dans une Ecole comme Sciences Po, sont-ce tous les apprenants et enseignants, qui par leurs motivations ou personnalités particulières déterminent l'esprit de cette formation ? Ou est-ce la Fondation Nationale des Sciences Politiques qui a un passé donc une identité historique, qui détermine les objectifs, références, voire manières de penser de ses membres ? Cette question peut se poser au sujet de nombreux regroupements d'individus. Traditionnellement, elle oppose la thèse de l'individualisme méthodologique, initiée en sociologie par Max Weber, selon laquelle on peut expliquer de façon satisfaisante les phénomènes sociaux en montrant qu'ils sont la conséquence des comportements individuels à la thèse du Holisme qui soutient que les phénomènes sociaux ne peuvent s'expliquer qu'en invoquant le comportement ou les propriétés d'entités irréductiblement supra individuelles telles que la culture ou les institutions Hubert Brochier (dans Problèmes économiques, juin 1994) ouvre son analyse du statut de l'individualisme méthodologique en soulevant une problématique évidente : cette thèse considère tout emploi de concepts collectifs en tant qu'acteurs comme un recours à la fiction dans l'analyse économique (donc l'erreur) ; or il est indéniable que ces concepts collectifs existent, et qu'ils ont un rôle, une évolution et un statut propre, donc une certaine autonomie : ils ont par conséquent inévitablement une dynamique collective. [...]
[...] On concilie donc holisme et individualisme puisqu'on retourne aux propriétés des composants pour expliquer leur collectivité et donc leur action à l'échelle globale. Nouveaux apports Aujourd'hui cette conception de l'individu en tant que membre d'un corps social est la base de l'individualisme méthodologique complexe. Dan Sperber (voir référence note 1 page l'a beaucoup enrichi par des recherches sur le cognitivisme. Il considère non plus l'individu (qui n'a plus de statut en tant que tel) mais les composantes infra individuelles de celui-ci : c'est-à-dire les mécanismes complexes de l'influence de l'apprentissage, de la vie en société etc . [...]
[...] 1(Voir en bas de page) Nous pouvons donc conclure que si le débat entre individualisme méthodologique et holisme est aujourd'hui dépassé dans l'analyse économique, l'épistémologie et les méthodes de celles-ci sont loin d'être fixées, comme en témoignent les recherches qui affinent toujours plus les définitions du comportement humain, objet d'étude de l'Economie et des sciences sociales. extraits de Individualisme méthodologique et cognitivisme de Dan Sperber dans : Cognition Sociales, R.Boudon, F.Chazel & A.Bouvier, PUF (1997) p Je note P la proposition raisonnement individualiste et Q la proposition existence de concepts collectifs nonP et nonQ désignent leur négation respective Je note i l'intérêt individuel et C le concept collectif qui résulte de l'opération (ici la somme) 2 c désigne le concept collectif qui n'existe pas strictement seul, il est nécessairement accompagné d'une composante, ici x mis pour les normes et lois, qui associées à c forment l'institution I H désigne la perspective historique (voir explication ci-dessous) et T l'agent historique collectif c'est-à-dire la manière de percevoir le concept collectif formé par les i c'est-à-dire c qui ici est inévitablement lié à l'Histoire 1 Je note Z but des intérêts individuels portés par plusieurs individus de même objectif, et nonZ sa négation Ici i et i' sont des intérêts individuels semblables mais incompatibles (d'où le signe négatif pour l'un), portés par des individus de même objectif, concurrents (exemple du syndicat). [...]
[...] Comment alors maintenir une explication qui ne prend QUE i en compte ? Quel statut donner à l'institution I et comment expliquer son apparition ? L'auteur évoque encore un autre concept collectif qui adopte lui aussi une dynamique propre : l'agent historique collectif Nous pouvons modéliser sa formation par : i+i+i+i = c et c+H = T 3 Là encore la dimension T dépasse les stricts intérêts de puisque T se place dans la perspective de l'Histoire, qui inévitablement échappe à l'échelle individuelle de qui pourtant en est une composante. [...]
[...] Limite : balancement entre Holisme et individualisme. Réponse d'Agassi, dans la lignée de Popper : l'individualisme institutionnalisé L'institution qui régit la collectivité n'est pas extérieure à la volonté de l'individu parce que celui-ci participe à sa réalisation (démocratie). Limite : l'idée à l'origine de la première convention, c'est à dire d'où vient le premier droit régissant tout contrat est extérieure à l'individu. Réponse des économistes des conventions (Flavereau, Orléan et Dupuy) : l'individu est incomplet au départ, il comble cette incomplétude par la réalisation d'une institution, qui par conséquent est issue de lui, mais en même temps le dépasse : cela correspond à l'équation établie : i+i+i+i = c et c + x = I (avec x la composante correspondant à l'incomplétude). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture