Une baisse des prix est-elle toujours positive pour une économie ?

Résumé du document

Les associations de consommateurs réclament bien souvent une baisse des prix et elles trouvent parfois écho auprès du gouvernement : demande de réduction des marges des distributeurs, mise en avant des médicaments génériques… A première vue une baisse des prix à la consommation est bénéfique dans la mesure où elle peut augmenter le pouvoir d'achat des ménages. En effet, la baisse du prix d'un bien particulier entraîne une augmentation de la demande de ce bien par effet de substitution. S'il s'agit de biens de consommation courante, la part de ces biens dans le budget des ménages va pouvoir baisser pour laisser une place jusque-là inexistante à la consommation de biens supérieurs. Si ce sont les prix de biens supérieurs qui baissent, ils seront dorénavant accessibles pour de nouveaux consommateurs. Dans un cas comme dans l'autre, on voit ici que la baisse de certains prix peut favoriser une relance de la demande en augmentant le pouvoir d'achat des consommateurs et ainsi relancer la croissance d'une économie.

Extraits

[...] La baisse des prix seule ne signifie pas déflation, mais une baisse générale des prix est pour tous les économistes un spectre qui mène à la récession économique. Tout d'abord, l'initiative même d'une baisse des prix peut paraître aberrante au regard d'une économie de marché concurrentielle. La libre fixation des prix est érigée en principe de ces économies donc il ne parait pas rationnel d'aller à l'encontre d'un équilibrage naturel. Toute politique volontaire de baisse des prix risque d'entraîner une hausse très forte dès la libération des prix. [...]

[...] Dans ce cas elles perdent leur capacité d'endettement et comme il devient de plus en plus coûteux d'emprunter, elles sont forcées alors de se tourner vers l'autofinancement. Mais pour être capable d'assumer l'autofinancement, il faut au préalable épargner beaucoup avant d'investir. Si elles choisissent tout de même d'emprunter pour investir, la hausse du coût réel de l'emprunt fait que de moins en moins de projets sont rentables. Le coût de l'investissement devient tel que les entreprises vont y renoncer. Enfin, si la baisse des prix incite à une baisse de la consommation, les entreprises en anticipant la baisse de la demande vont réduire leur production. [...]

[...] De plus, une baisse du prix peut attirer de nouveaux consommateurs dans un marché saturé. La baisse de prix se pose alors comme une solution pour relancer des productions en difficulté. Dans de nombreux cas, une période de croissance est associée à une baisse des prix. Dans les économies dynamiques et concurrentielles, les gains de productivité permettent de faire baisser les prix sans pour autant entamer la profitabilité des entreprises. L'innovation permet d'améliorer l'offre en produisant plus ou mieux pour le même coût. [...]

[...] Or le consommateur est aussi un travailleur, la victime indirecte de la baisse des prix : A quoi servirait aux consommateurs de bénéficier de prix cassés s'ils sont ensuite mis au chômage? (Attali) Si certains économistes voient d'un mauvais œil la baisse des prix alors que les consommateurs la plébiscitent, il faut reconnaître qu'elle peut être positive pour l'économie lorsqu'elle correspond à un ajustement naturel ou lorsqu'elle est limitée. On constate en revanche qu'elle peut être très négative si des erreurs dans les politiques et stratégies économiques la transforment en déflation. [...]

[...] Un autre effet de la baisse des prix va favoriser un ralentissement des dépenses : le fardeau de la dette. Avec la baisse des prix, les taux d'intérêts réels vont augmenter si bien qu'avec l'effet de massue, l'endettement devient insupportable. Les agents économiques vont vouloir se désendetter avant de consommer. Deuxièmement, la baisse des prix va réduire l'investissement et par conséquent les perspectives de croissance. Dans un premier temps, si les prix baissent non pas grâce à un gain de productivité, mais à cause d'une mesure forcée ou pour rester concurrentiel, la marge des entreprises va baisser. [...]