Le phénomène d'aléa moral est identifié pour la première fois dans l'article "Uncertainty and the Welfare Economics of Medical Care" de Kenneth J. Arrow (1921 - ...) paru dans la revue American Economic Review en 1963.
Il s'appuie sur l'exemple du marché de l'assurance pour montrer que lorsqu'un agent est déchargé d'une partie des conséquences négatives causées par un sinistre, il a tendance à augmenter sa prise de risque.
[...] Le contrat sera donc avantageux pour l'agent. C'est une manière de pallier le manque d'information par l'envoi d'un signal positif au principal. En France, la législation prévoit un système de “bonus/malus” conforme à ce principe. Une initiative intéressante a été entreprise récemment en France (sur les modèles d'autres pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne) concernant l'emploi. Auparavant, il existait deux agences distinctes : l'ANPE chargée de trouver un nouvel emploi aux chômeurs et l'ASSEDIC dont le rôle était de donner aux chômeurs leurs indemnités de chômage. [...]
[...] Ainsi l'agent a un intéressement à ce que l'efficacité collective se trouve améliorée car il subit personnellement chaque inefficacité. Dans le cas de l'assurance, il ne faut pas que l'assureur s'engage à rembourser les dommages à 100% ; il doit maintenir une partie du risque sur l'agent pour qu'il fournisse des efforts. Cela se traduit par l'instauration d'un remboursement partiel qui ne soit pas trop avantageux. Pour pallier l'impossibilité d'obtenir une information présente à propos de l'agent pour anticiper des probabilités futures, le principal peut également adapter le contrat en fonction du passé de l'agent. [...]
[...] II - Intérêt du concept Le concept d'aléa moral permet de comprendre de nombreuses situations d'inefficacité. Notamment dans le domaine de la santé : un médecin, pour se prémunir contre le risque d'une erreur médicale, aura tendance à prescrire davantage d'examens que ceux dont le patient a réellement besoin. En effet, ce n'est pas lui qui supportera le coût de ces examens mais le patient lui-même, une assurance privée, ou pire, l'Etat, c'est à dire la collectivité, dans le cadre d'une assurance maladie publique. [...]
[...] L'agent connaît le niveau d'effort qu'il est prêt à mettre en oeuvre, alors que le principal n'a aucun moyen de connaître cette information (à moins qu'il mène des investigations poussées mais cela n'a pas de sens car le coût engendré par une telle mesure serait très élevé). Il y a une incohérence dans le contrat dans la mesure où le bénéficiaire doit d'engager à fournir des efforts pour éviter les dommages. Or, l'assureur n'a aucun moyen de contrôler le sérieux de l'agent dans les efforts qu'il s'est engagé à fournir. Il ne peut ni contraindre l'agent à respecter le contrat qu'il a signé, ni fournir la preuve que le contrat a été trahi pour rompre le contrat. [...]
[...] Mais une telle pratique donne un signal aux banques leur signifiant qu'elles peuvent continuer à prendre des risques. Chaque crise semble ainsi porter en elle le germe de la suivante. Ce problème correspond à une incohérence temporelle : il est optimal avant que la crise ne survienne d'annoncer que l'Etat n'interviendra pas afin d'encourager à ne pas prendre de risque. Il est en revanche optimal d'aider les banques après que la crise soit survenue pour éviter que la crise ne s'aggrave dramatiquement. [...]
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