Michel Aglietta, dans un livre prenant la forme de 10 questions-réponses très pédagogiques, revient sur l'origine de la crise financière de 2007-2008, les défis devant lesquels se trouve la zone euro, et finalement, l'alternative qui se présente: éclatement ou fédération. En effet, à la fin de l'année 2011, la crise financière en Europe est dans une situation telle que son modèle social est remis en cause.
Selon l'auteur, la crise actuelle est avant tout une crise de la balance des paiements, due à une polarisation excessive des structures productives, qui a fait diverger les pays excédentaires et déficitaires. Cette crise a été aggravée et a interagi avec un système financier privé hors de contrôle. A partir d'octobre 2008, l'intervention des Etats pour sauver les banques dans l'urgence a alors reporté cette crise sur les finances publiques.
[...] Pourtant, les Etats, pour restaurer leurs finances publiques, ont besoin de cette croissance. La leçon récente tirée de la crise des années 1930 les a donc poussés à intervenir (après une inertie d'un an depuis le début de la crise en août 2007) par un plan de sauvetage en urgence. Les Etats ont substitué de la dette publique aux dettes privées, en recapitalisant les banques (voire en les nationalisant - l'Irlande, Royaume-Uni, ou par le programme TARP du Trésor par la Fed qui injecte du capital dans les banques), et ont offert des garanties aux banques pour les inciter à prêter. [...]
[...] Ce que démontre M. Aglietta, c'est que cette fragilité structurelle avait déjà fait son apparition dans la crise du système monétaire européen à l'été 1992. Les monnaies européennes étaient liées dans le SME au deutsche Mark, avec un taux de change aux marges de fluctuation étroites A l'époque, les pays ne pouvaient déjà pas absorber les chocs subis dans ce système de change fixe au vu de leur hétérogénéité économique. La dévaluation de la lire dès septembre 1992 s'est alors propagée au livre sterling et au franc. [...]
[...] D'où une divergence importante entre Europe du Nord (agglomération des activités les plus productives) et Europe du Sud (désertifications des pays les moins industrialisés). La disparité de la compétitivité des économies de la zone euro, suite à l'intégration, a induit une polarisation des structures industrielles là où ces dernières étaient déjà développées, et a accentué les inégalités. De même, l'économie de la connaissance, qui exige des coûts fixes élevés et des coûts marginaux décroissants, se polarise naturellement dans les zones développées pour utiliser les rendements croissants de cette concentration d'activités. [...]
[...] Deux alternatives s'offrent à la Grèce: 2. Un défaut organisé à l'intérieur de la zone euro L'auteur insiste sur les politiques actuelles inutiles de la "troïka" (Commission, FMI, BCE) imposées à la Grèce: les plans d'austérité entraînent une baisse des salaires du secteur public une augmentation des impôts, des privatisations massives, d'où une baisse du PIB de en 2011 et l'augmentation de la dette publique. Les créances publiques (109 milliards d'euros en novembre 2011) restent dues, et l'aide supplémentaire serait encore à rembourser. [...]
[...] Aux Etats-Unis et au Japon, les dettes publiques sont tout aussi élevées, mais les taux d'intérêt sont bas puisque la banque centrale peut soutenir les Etats en cas de retrait des investisseurs. La BCE devrait donc intégrer la régulation, avec des pouvoirs d'injonction quant à la politique macroprudentielle des Etats membres, et des instruments pour contrôler l'endettement privé Une nouvelle gouvernance politique en Europe. Il s'agit d'envisager une action coordonnée des Etats, avec une programmation pluriannuelle des budgets. Cette action passerait notamment par un dialogue avec la BCE pour concevoir un réel policy mix. Aujourd'hui, les semestres européens sont une innovation à approfondir pour partager in fine la souveraineté budgétaire. [...]
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