L'érosion de l'Ordre Social traditionnel de la Société d'Ancien Régime (qui reposait sur la Monarchie de Droit divin et la conception organiciste de la Société) au XVII è Siècle a engendré une réflexion importante au cours du XVII è et XVIII è Siècles sur les fondements de la coexistence pacifique des Hommes et la stabilité d'une Société . Adam Smith a été l'un des grands intellectuels des Lumières par l'apport de ses travaux. La « Théorie des sentiments moraux » (TMS) a avancé une réponse alternative aux théoriciens du Contrat Social en usant du concept fondamental de la sympathie. Mais le philosophe écossais du XVIII è Siècle n'a jamais séparé sa réflexion philosophique des enjeux économiques. Autrement dit, la notion de sympathie a eu également une incidence sur les débats économiques de l'époque.
On peut donc se demander de quelle manière le concept de sympathie smithien a constitué un nouveau paradigme pour redéfinir l'Ordre Social mais aussi la pensée économique ?
Pour tenter de répondre à la question, nous allons définir le concept de la sympathie dans un premier temps. Nous essayerons de mettre en évidence les influences de cette notion de philosophie morale sur le renouveau de la pensée politique et économique dans un second temps.
[...] Si on est seul, on ne sait rien, on ne sait pas si on fait du Bien ou du Mal. La Société est donc notre miroir (intérieur et extérieur). Le sentiment moral, autrement dit la façon dont on ressent le monde extérieur, se comprend qu'à partir du moment où nous concevons l'Homme comme un être social. Le miroir de la Société nous construit nous-mêmes, y compris dans notre jugement moral. Cette base sentimentaliste est essentielle, mais elle n'est pas suffisante[4]. [...]
[...] Sorbière, Neuchâtel Hobbes Thomas, Le citoyen ou les fondements du politique - De Cive, trad. S. Sorbière, Paris, Garnier-Flammarion Smith Adam, Lectures on jurisprudence, Oxford, Oxford University Press Pierre Rosanvallon effectue cette problématisation de la réflexion des intellectuels des Lumières sur la redéfinition de la régulation sociale et politique dans une Société Moderne. (Rosanvallon Pierre, Le libéralisme économique Histoire de l'idée de Marché, Paris, Point-Seuil, 1989). La philosophie morale traditionnelle se distingue en deux courants de pensée. La philosophie rationaliste (regroupant les fondateurs de la philosophie du Droit Naturel tels que Hobbes, Locke) théorise le passage d'un État de Nature guerrier et sans lois à un État de paix grâce à un Contrat Social que chaque individu s'engage à respecter. [...]
[...] L'émotion communiquée ne revient pas systématiquement avec la même intensité et la même forme en raison de l'imperfection de la sympathie et de l'intervention du jugement moral. Le jugement moral est lié à la convenance ou lié au mérite. Le jugement de convenance juge si la réaction passionnelle de sympathie du spectateur est égale à celle qu'attendrait l'acteur. Pour adopter une attitude conforme aux attentes sociales, le spectateur peut effectuer deux types d'effort relevant du principe de vertu: les vertus respectables consistant à rester humble ou triste devant une émotion négative, et les vertus aimables consistant à partager la même émotion positive que l'acteur. [...]
[...] Le pauvre consacre toute sa vie à l'accumulation d'argent, en pensant qu'il deviendra l'égal du riche et qu'il sera ainsi heureux. L'attrait pour la richesse est d'autant plus grand que le lien social s'effrite dans les sociétés modernes naissantes. Dans les sociétés traditionnelles, le lien social est en effet fort, car les individus sont tenus par le respect des conventions informelles au risque d'une désapprobation de l'entourage. Or, l'avènement de règles formelles de droit dispense plus aisément les individus de lien social et sympathique selon Adam Smith[9]. On connaît de moins en moins ses semblables. [...]
[...] Par conséquent, on ne sait pas véritablement ce que l'autre individu ressent. L'exemple le plus extrême est la sympathie envers une personne morte, alors que nous sommes incapables de savoir ce qu'il ressent puisque nous n'avons pas vécus l'expérience. Mais on sympathise comme même avec lui en s'imaginant ressentir son émotion. De l'imperfection de la sympathie va naître la différence d'intensité des émotions ressenties, et donc du jugement social possible. On peut ainsi se mettre à la place d'un citoyen honnête tout comme d'un citoyen malhonnête. [...]
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