- Quelles sont les institutions de base, nécessaires et suffisantes à l'établissement d'une économie capitaliste ?
- A quelles conditions une configuration de ces institutions engendre-t-elle un processus d'ajustement économique doté d'une certaine stabilité dynamique ?
- Comment expliquer que se renouvellent périodiquement des crises au sein même de ces régimes de croissance qui avaient antérieurement rencontré le succès ?
- Sous l'impact de quelles forces les institutions du capitalisme se transforment-elles : par la sélection, par l'efficacité, comme le supposent la plupart des théories économiques, ou du fait du rôle déterminant du politique ?
- Pourquoi les crises du capitalisme se succèdent-elles et ne sont-elles pourtant pas la répétition à l'identique des mêmes enchaînements ?
- Peut-on analyser simultanément un mode de régulation et ses formes de crise ?
Le marché est une institution qui suppose accord sur la qualité, l'organisation des échanges, les conditions d'accès au marché, le mode de règlement des transactions. C'est donc une construction sociale et non le résultat d'un état de nature, spontanément engendré par l'habitus que les théoriciens prêtent à l'homo oeconomicus.
[...] Les agents agissent ainsi avec une connaissance partielle et une rationalité institutionnellement située. Cette conception n'est pas sans relation avec la rationalité limitée, mais la composante institutionnelle l'emporte sur les aspects proprement cognitifs liés à la difficulté d'une action rationnelle face à l'incertitude. [ Rationalité limitée : concept introduit, en 1957, par Herbert Simon (Prix Nobel en 1978) pour définir une forme de rationalité limitée par deux contraintes : l'imperfection de l'information (le décideur ne connaît ni la totalité des choix alternatifs qui s'offrent à lui, ni la totalité des conséquences des différentes possibilités d'action) et les capacités de calcul du cerveau humain (la complexité des processus mentaux impliquée par un véritable calcul d'optimisation dépasse largement les capacités de traitement de l'information du décideur, lequel, de surcroît, manque de temps). [...]
[...] Par exemple, les fluctuations de l'activité sont de moindre ampleur, du fait de l'inertie qui prévaut dans les services. Ce mode de régulation s'inscrirait dans la continuité du passage de la régulation à l'ancienne (dominée par le secteur agricole) vers la régulation concurrentielle (impulsée par l'industrie) puis monopoliste (caractérisée par une articulation originale entre industrie et service). - La multiplication des innovations financières et l'ouverture aux flux de capitaux internationaux de nombre d'économies, développées comme en voie de développement, ont suscité une hypothèse alternative, à savoir la financiarisation du mode de régulation (Aglietta). [...]
[...] Lorsqu'on étend l'analyse du niveau national à celui de l'ensemble de l'économie mondiale, ce qui était précédemment analysé comme un choc exogène devient en fait l'expression de l'interdépendance entre pays, créée par l'internationalisation du commerce, de la production, de l'investissement et de la finance. L'essor des exportations apparaît comme le moyen de prolonger les potentialités du régime de productivité fondées sur les rendements croissants. De plus, avec l'enrichissement, la demande de différenciation constitue un second facteur d'essor des échanges internationaux. Tant que prédomine la boucle fordienne, l'impact du salaire réel sur la demande est modérément positif. Mais il existe un seuil d'ouverture internationale à partir duquel se renverse l'impact d'une augmentation exogène du salaire réel : de positif, il devient négatif. [...]
[...] Chaque société a les crises de sa structure. (Labrousse, de l'Ecole des Annales) Fidèle à la filiation marxiste, la théorie de la régulation considère que le profil cyclique de la conjoncture résulte des caractéristiques même des formes institutionnelles que sont la concurrence et le rapport salarial : tendance à la suraccumulation pendant l'expansion, puis retournement et ajustement des déséquilibres ainsi apparus durant la phase de récession, de dépression ou de crise. La croissance n'est pas le résultat garanti de l'application du progrès technique, mais l'expression de la cohérence d'un ensemble de formes institutionnelles. [...]
[...] D'un autre côté, d'autres marchandises sont certes valorisées par leur marché mais leur offre n'est pas conditionnée par la même logique économique pure. C'est le cas de la nature, de la monnaie et du travail. Leur existence est la condition d'une économie marchande mais ces marchandises fictives ne peuvent elles-mêmes être produites selon une logique marchande. Les épisodes historiques au cours desquels le marché a envahi la nature se sont conclus par des catastrophes écologiques, la concurrence des monnaies a le plus souvent débouché sur ces crises majeures. [...]
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