Amartya Sen, né en Inde en 1933, a longtemps enseigné en Angleterre, puis aux Etats-Unis avant de revenir en 1998 au Trinity College de Cambridge. Economiste de renommée mondiale et consultant auprès de nombreuses organisations internationales, il a reçu le prix Nobel d'économie en 1998. L'apport majeur de A.Sen en économie est qu'il a permis de repenser la pauvreté dans des termes non plus seulement monétaires, comme c'était le cas dans le paradigme utilitariste, mais également en termes de libertés d'être et de faire à travers les notions de "capabilités" et de "fonctionnements".
Nous pouvons ainsi, après la lecture de ces extraits de l'ouvrage de A.Sen, définir ces deux termes, centraux dans la théorie développée par l'auteur.
Le terme "fonctionnement" ou plus correctement "mode de fonctionnement" désigne l'ensemble des façons d'être ou d'agir des individus.
Une "capabilité" représente quant à elle, l'ensemble des fonctionnements accessibles à une personne, qu'elle les exerce ou non.
[...] Cette approche en terme de capabilité constitue une nouvelle avancée par rapport aux analyses traditionnelles évoquées plus haut : alors que celles- ci portent leur attention sur les moyens et les instruments susceptibles d'aider à la réalisation du bien-être, l'approche en termes de capabilités met l'accent sur les possibilités qu'ont les êtres humains de décider et de choisir effectivement : Le point de vue de la capabilité assure une reconnaissance plus complète de la diversité des facteurs qui peuvent enrichir ou appauvrir une vie »(p.71). Cette nouvelle approche a de lourdes conséquences. Elle amène, en effet, à repenser la pauvreté et ses instruments de mesure. Pour l'auteur, en effet, les indicateurs de pauvreté, tels qu'ils sont élaborés par les économistes sur la base du niveau de revenu, ne disent rien ou peu de la réalité du bien-être des individus. Ils ne considèrent pas les variations de la perception de la pauvreté d'une société à l'autre. En outre, A. [...]
[...] Ce qui fait le prix de la démarche d'A. Sen, c'est sa capacité à naviguer dans les sphères théoriques, sans jamais perdre de vue la réalité du monde en matière de pauvreté et d'inégalités. Une caractéristique qui n'est sans doute pas sans rapport avec son origine et son expérience de l'Inde. On le constate notamment dans sa critique de l'utilitarisme: il est dangereux, dit-il, de mesurer l'optimum social à travers la satisfaction des désirs, car les plus démunis ont tellement pris l'habitude de leur malheur que, le plus souvent, ils ne désirent plus grand-chose. [...]
[...] Enfin, si la pauvreté et les inégalités ne sont perçues ici uniquement qu'en termes d'indicateur économique et social, l'élaboration de ceux-ci peut largement contribuer à réduire les inégalités. En effet, les politiques publiques et les ONG peuvent, en partant de l'analyse d'A. Sen, combattre les différentes causes des inégalités et ne plus se réfugier derrière une explication simpliste de la pauvreté par de bas revenus. [...]
[...] De toutes les théories sociales, c'est celle de J. Rawls, la priorité du juste sur les idées du bien (p.68) qui retient le plus l'attention d'A. Sen. A ses yeux, il a eu un indéniable mérite : celui d'avoir renouvelé le débat sur l'égalité en introduisant le principe de l'égalité des chances. Mais comme ses principaux contradicteurs, J. Rawls commet aux yeux de l'auteur une erreur grossière. Pas plus lui que les autres ne prennent en compte les différences existant entre les individus, dues aux spécificités physiques, de sexe, d'âge, aux aptitudes mentales . [...]
[...] Il faut plutôt rattacher le phénomène à des problèmes de soins médicaux, de manque d'attention à la santé, de généralisation de la criminalité urbaine, et à d'autres facteurs de ce genre qui affectent les capabilités de base du résident de Harlem Inversement, dans les pays riches, des populations disposant d'un niveau de revenu supérieur à celui des couches moyennes peuvent souffrir de malnutrition. Plus généralement, explique A. Sen, une privation relative dans espace des revenus peut entraîner une privation absolue dans celui des capabilités. L'auteur pense notamment à la possibilité de se montrer en public sans honte : dans un pays riche, cela nécessite un niveau de revenu proportionnellement supérieur à ce qui est nécessaire dans un pays pauvre (p.167). [...]
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