Qu'est-ce que le néolibéralisme ? C'est à cette question que les philosophes Pierre Dardot et Christian Laval s'attaquent dans leur essai, paru en 2009, « La nouvelle raison du monde - Essai sur la civilisation néolibérale ». Après avoir retracé l'historique du libéralisme, ils montrent comment le néolibéralisme s'est construit en réaction à la crise du libéralisme classique dans la première moitié du 20e siècle.
Ils mettent alors au jour ses spécificités et son rôle dans les transformations du monde depuis les années 1980, autant d'éléments dont la compréhension est indispensable pour déployer une critique cohérente et non caricaturale de la société néolibérale et de la prégnance de l'économie sur nos vies. Le présent document est composé de deux parties : la première consiste en une prise de notes sur des thèmes et des auteurs parfois méconnus ou caricaturés dans l'histoire de la pensée libérale et de ses critiques ; la seconde, plus conséquente, résume la thèse des auteurs sur les particularités du néolibéralisme contemporain.
[...] Karl Polanyi Pour Polanyi, l'Etat libéral a mené, au 19e siècle actions opposées : Le mouvement : il a contribué à instituer le marché Le contre-mouvement : il a mis en place, petit à petit, des protections face aux conséquences du marché Il y ajoute les actions de fonctionnement du marché, qui visent à faire régner la concurrence (cf. lois antitrust). La Grande Transformation est la mort, dans les années 1930 et après une ultime tentative de restauration, du capitalisme libéral du 19e siècle : partout, des protections sont mises en place pour soustraire au marché le travail, la monnaie et la nature. L'histoire du libéralisme est marquée par un clivage entre la théorie des droits naturels et l'utilitarisme benthamien. Si l'on radicalise la pensée de Bentham, l'interventionnisme étatique se justifie. [...]
[...] Il vise d'abord à créer des situations de mise en concurrence censées avantager les plus aptes et les plus forts, et à adapter les individus à la compétition, considérée comme source de tous les bienfaits. Le néolibéralisme consiste également en l'application au secteur public des méthodes du secteur privé, dans l'optique de l'efficience : l'Etat est considéré comme une entreprise, dont les services doivent être mis en concurrence (pour concrétiser l'utopie hayekienne d'« une société de droit privé Les fonctionnaires sont considérés comme des homo oeonomicus suivant avant tout leur intérêt, sans conscience professionnelle et devant donc être surveillés, incités, etc. [...]
[...] ( Se produit par là un certain relâchement des liens de l'union politique voire une perte du sens de la communauté, qui interdit d'identifier progrès économique et perfectionnement de la nature humaine. Adam Smith postule, quant à lui, un équilibre entre les sentiments moraux et le désir de bien-être. ( L'essence de la croyance au progrès qui anime le libéralisme des origines réside dans une certaine forme de dissociation entre l'illimitation potentielle du développement des forces de production et le perfectionnement de la nature humaine, que cette dissociation donne lieu à une théorie de la décadence (Ferguson) ou qu'elle soit idéologiquement compensée par une téléologie de type providentialiste (Smith). [...]
[...] Ne voir dans la situation présente des sociétés que la jouissance sans entraves, c'est oublier la face sombre de la normativité néolibérale : la surveillance de plus en plus dense de l'espace public et privé, la traçabilité de plus en plus précise des mouvements des individus dans les réseaux, l'évaluation de plus en plus sourcilleuse et mesquine de l'activité des individus, l'action de plus en plus prégnante des systèmes fusionnés d'information et de publicité et, peut-être surtout, les formes de plus en plus insidieuses d'autocontrôle des sujets eux-mêmes. C'est en somme oublier le caractère d'ensemble du gouvernement des néosujets qui articule, par la diversité de ses vecteurs, l'exposition obscène de la jouissance, l'injonction entrepreneuriale de la performance et la réticulation de la surveillance générale. [...]
[...] Tend-on donc vers une convergence entre ordolibéralisme et néolibéralisme de type austro-américain ? Von Mises, Hayek et Kirzner Les néoclassiques ont décrit un modèle statique. Dans la réalité, l'information est imparfaite (notamment du fait de la division du travail). Ce qui compte, c'est donc le processus de marché, et non pas l'équilibre théorique. Ce processus de marché repose sur l'entrepreneuriat : les individus ne maximisent pas leur utilité sur la base de données préexistante, mais adaptent leur comportement, innovent tels des entrepreneurs, au fur et à mesure qu'ils découvrent des données. [...]
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