Laurent Cordonnier, économiste keynésien, a écrit ce petit livre pour plusieurs raisons. D'abord, il entend expliquer de manière simple les théories néoclassiques sur le chômage. Conscient de l'aspect rédhibitoire que peut avoir la mathématisation des théories, il s'attache à mettre en mot des raisonnements qui s'appuient généralement sur les mathématiques et sur un vocabulaire particulier. Ayant rendu les théories néoclassiques plus claires, il veut montrer les incohérences masquées par l'apparente rigueur scientifique. En disséquant les arguments et mécanismes mis en œuvre, il espère montrer que ces théories ne sont pas tenables (apparente logique mais retournement de certaines situations, idée sous-jacente de la culpabilité du salarié dans le chômage).
[...] Là encore, cette conclusion dépend de la validité de l'hypothèse de base, celle qui considère que l'effet de substitution l'emporte sur l'effet revenu. (Lorsque le salaire augmente, le travailleur aura tendance à arbitrer en faveur de plus de consommation, c'est l'effet revenu. Cependant, l'heure de loisir lui revient plus cher, il préfèrera donc au final travailler plus). Elle traduit aussi l'hypothèse des rendements décroissants du travail pour qui le niveau d'embauche qui rend les profits maximums diminue lorsque le salaire augmente. [...]
[...] Partant du principe que les smicards sont les travailleurs qui ont la plus faible productivité. Si le salaire minimum est maintenu au-dessus de leur productivité marginale, cela décourage le patron à embaucher un travailleur supplémentaire. Or, cette hypothèse ne semble pas très réaliste. D'une part parce que la productivité marginale du travailleur n'a pas un impact si grand sur la décision du patron, d'autre part parce qu'on laisse de côté la question des débouchés. Si le patron hésite à employer, c'est avant tout parce qu'il n'anticipe pas une demande solvable pour cette production supplémentaire. [...]
[...] De la même manière que dans la théorie du Job search (théorie pour laquelle le chômage est le prix que les salariés acceptent de payer pour trouver des emplois dont la rémunération est supérieure aux offres les moins alléchantes), on laisse de côté la réalité du chômage (niveau de revenu très bas, même avec des aides) pour se concentrer sur la figure d'un salarié atteint de tous les vices. Il est ainsi présenté comme peureux : l'aversion au risque le pousse à passer un contrat avec son employeur stipulant que son niveau de salaire sera toujours le même, quelle que soit la conjoncture. Lorsque la conjoncture est mauvaise, le niveau de salaire est alors maintenu artificiellement au-dessus du taux d'équilibre du marché ce qui entraine du chômage. [...]
[...] Mais aussi roublard, paresseux et primesautier. À chaque fois, ces défauts obligent l'employeur à mettre en place certaines stratégies visant à pallier les dommages qui en résultent (augmentation du salaire pour être sûr de la qualité de ses employés). À nouveau, il y a déséquilibre entre le salaire d'équilibre et le salaire versé, ce qui provoque du chômage. Ces théories oublient surtout que le travail n'est pas une marchandise comme les autres et que le marché du travail ne semble pas apte à mettre en place une situation de plein-emploi. [...]
[...] Cependant, Laurent Cordonnier montre que certaines assertions néoclassiques ne trouvent pas d'application empirique et sont contredites jusque dans les rangs des auteurs du courant. L'existence du marché du travail est un élément de base. C'est à travers lui que l'offre et la demande de travail s'égalise et que le prix d'équilibre permettant le plein-emploi peut être défini. Ce marché s'ajustant automatiquement, le chômage ne peut donc venir que d'une perturbation extérieure. Cependant, l'existence d'un marché du travail ne trouve pas d'application dans les faits et surtout, l'autoajustement de ce marché n'a aucune raison d'entraîner un équilibre général. [...]
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